Le manque de méthode des partis bourgeois révélé au grand jour
– Camarade Zova
Deux coalitions de partis de
l’opposition ivoirienne (AFD et EDS) ont récemment projeté des
manifestations pour réclamer une recomposition de la Commission
électorale indépendante (CEI) et le retrait du projet de Sénat en
exigeant notamment que le président actuel de la CEI soit remplacé
pour sa partialité supposée ou avérée lors des précédentes
élections.
Même si dans un premier temps l’on
doit condamner l’interdiction et la répression de ces marches, qui
remet en cause les droits démocratiques élémentaires, il faut dans
un second temps reconnaitre que l’échec de la tenue de ces
rassemblements traduit le manque de stratégie et l’utilisation de
méthodes peu démocratiques au sein de ces partis.
En effet, ni l’AFD ni l’EDS, avant
de lancer leurs mots d’ordre, n’ont eu recours à leur base pour
une discussion préalable sur la date et le lieu de ces
manifestations : on s’est contenté de l’informer par voie
de presse ou de SMS. Aussi, les responsables de ces partis ont arrêté
en cercle fermé ce qui devrait constituer la revendication
principale de ces marches. Pas un effort n’a été fait non plus
pour mobiliser la population en-dehors de leurs militants.
Or, on le sait tous, le jeudi est un
jour ouvrable dans le calendrier national. Combien d’Ivoiriens
pouvaient-ils renoncer à leurs occupations ce jour pour répondre à
un appel de leur direction ? Pas beaucoup, dans un pays où
l’accès au logement, aux soins de santé et aux repas quotidiens
relève de la lutte individuelle de chaque petit ménage. Il est
évident qu’il est risqué de manquer un jour de travail au motif
d’honorer un engagement politique.
S’agissant du mot d’ordre lui-même,
force est de constater que nos partis d’opposition semblent n’avoir
tiré aucune leçon de leurs échecs passés. On se souvient qu’en
2016, lors de la révision constitutionnelle proposée par le
gouvernement, ces leaders de l’opposition avaient réussi une forte
mobilisation de leurs militants et d’autres citoyens qui en avaient
marre du régime actuel, avec les émeutes liées à l’augmentation
du prix de l’électricité qui avaient précédé au mois de
juillet de cette même année. Par ailleurs, il y avait à cette
époque une bonne masse de l’électorat du parti au pouvoir qui
était désillusionnée après six ans de gestion et de promesses non
tenues. Mais rien n’a été obtenu – le régime a continué comme
si de rien n’était.
De notre point de vue, ces mêmes
conditions sont encore plus présentes en 2018, où le deuxième
mandat de Ouattara tire à sa fin avec la colère grandissante des
travailleurs et des gens de la rue, la fameuse couverture maladie
universelle au point mort, des logements sociaux non encore livrés,
la hausse du prix de l’essence, les mutineries de 2017, la grande
grève des fonctionnaires, etc. Où était l’opposition politique
pendant ce temps ? Tous ces thèmes nous semblent tout de même
beaucoup plus susceptibles de rassembler les foules que la
contestation de la CEI et du Sénat.
Une véritable lutte doit se donner les
moyens pour aboutir à des avancées concrètes. Tous les militants
pourraient être employés à partager des tracts, faire l’agitation
aux carrefours et aux arrêts de bus, organiser des petits meetings
dans les écoles, dans les marchés, etc., avec des marches éclatées
dans chaque quartier au même moment, organisées démocratiquement
dans les parlements, et surtout, faire grève pour frapper nos
dirigeants et leurs parrains étrangers là où ça leur fait le plus
mal – dans leur portefeuille.
Mais, comme on ne cesse de le répéter,
les responsables de ces partis qui ne sont « socialistes »
que le jour où ça les arrange, ne sont en réalité préoccupés
que par des postes électifs et le contrôle de certaines
institutions, juste pour leur propre bien-être – une petite place
à la mangeoire, quoi ! S’ils font du bruit, ce n’est pas
dans le but d’obtenir quelque chose, mais uniquement pour se faire
remarquer, pour qu’on parle d’eux. Tirons-en les conséquences.
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