samedi 1 septembre 2018

CI : Le Code du travail bafoué chaque jour !

Huit heures de travail, huit heures de loisir, huit heures de repos !



Avec toutes ces histoires de croissance à 10 %, on en oublie certains fondamentaux. Nous voulons parler de la journée des huit heures, inscrite dans la loi en Côte d'Ivoire mais nulle part respectée.


mardi 28 août 2018

Théorie : Au vu de l'expérience des régimes « communistes »…

Toute révolution débouche-t-elle forcément sur une dictature ?



Pas du tout. Ce n'est pas parce qu'une révolution prolétarienne dans un pays a dégénéré que toutes les révolutions prolétariennes à venir sont appelées à dégénérer elles aussi.

La révolution russe d'octobre 1917 avait été portée par des comités populaires, les conseils ouvriers ou « soviets », des organes populaires dans les quartiers, les villages, les casernes et les zones industrielles dont les dirigeants étaient élus ; ils étaient reliés entre eux par un exécutif regroupant 500 délégués des conseils de tout le pays, élus lors d'un congrès dont les participants étaient eux-mêmes élus au suffrage universel. Les compétences de ces conseils locaux étaient on ne peut plus étendues et touchaient tant à l'économie qu'à la sécurité, avec une participation active de tout un chacun.

Malheureusement, la révolution s'est très rapidement militarisée, d'abord parce que les ennemis du peuple, qui voulaient rétablir l'ancien régime, se sont ligués pour créer toute une série de rébellions à l'ouest, au sud, à l'est, au nord en recrutant des jeunes aristocrates et bourgeois, des paysans ignorants et des mercenaires (la fameuse « Légion tchécoslovaque »). D'autre part, parce que tous les régimes capitalistes du monde : la France, l'Angleterre, l'Allemagne, le Japon, la Chine, la Turquie, les États-Unis, etc. sont eux aussi intervenus en Russie pour rétablir ce qu'ils estimaient être les dirigeants légitimes (selon eux). Il a donc fallu se battre et introduire des mesures de discipline très strictes.

Dans ce contexte de crise militaire, de famine et de pénurie, il devenait difficile d'entretenir une démocratie populaire fonctionnelle. Les opposants, qui sabotaient activement la révolution, ont dû être mis au pas, les critiques du régime ont été contraintes de se taire. Pour les besoins de la révolution, on a laissé les soldats et miliciens effectuer des réquisitions et des exécutions, ce qui a forcément engendré de nombreuses dérives. Par ailleurs, il était difficile de parler de pouvoir démocratique quand la plupart des militants les mieux formés étaient morts au front et quand les grandes villes s'étaient vidées de leur population, retournée au village pour trouver de quoi manger.

Si toutes ces mesures de « communisme de guerre » ont finalement permis de gagner la guerre civile et à la révolution de se maintenir, ce sont elles qui on aussi semé les germes du régime totalitaire en Russie « soviétique ». En d'autres circonstances, le régime de démocratie prolétarienne aurait pu plus facilement se maintenir.

Évidemment, cela n'empêche pas que du point de vue de nos dirigeants capitalistes, tout système dans lequel la voix du peuple compte plus que la leur sera toujours décrié comme la pire des dictatures, aussi démocratique ce régime soit-il !



Les révolutions « communistes » à base paysanne en Chine et ailleurs dans le monde

La Chine a été le premier régime se réclamant du communisme et né d'une révolution après la révolution russe, quelques 30 ans plus tard. Tout au long des années 1920, 1930 et 1940, les staliniens qui dirigeaient la Russie et l'Internationale communiste (« KomIntern ») sabotaient les révolutions partout dans le monde afin de maintenir leur alliance avec l'impérialisme et l'état de siège en Russie qui garantissait la continuité de leur régime militaire et bureaucratique en Russie. C'est ainsi qu'à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les militants communistes armés qui avaient activement participé à l'insurrection contre les nazis se sont vus ordonner de démobiliser pour laisser les capitalistes (de Gaulle, etc.) prendre le pouvoir en Occident après la « Libération ».

En Chine, par contre, Mao ne l'entendait pas de cette oreille. Mao se souvenait de la politique désastreuse qui avait été imposée par Staline aux dirigeants communistes chinois en 1927 et qui les avait menés tout droit à l'échec et à une mort cruelle. Lorsque les cadres staliniens ont tenté de dicter la même politique de compromission à Mao, celui-ci a compris qu'ils n'étaient pas sincères. C'est ainsi qu'il a pu prendre le pouvoir et assurer le triomphe de la révolution chinoise.

Malheureusement, la révolution chinoise n'était pas une révolution prolétarienne, mais une révolte paysanne armée dirigée par un cadre d'intellectuels. Cette structure militaire a fait en sorte qu'au moment de la victoire, ce n'est pas un régime « soviétique » (démocratique prolétarien) qui a été mis en place, mais un régime entièrement identique au régime stalinien : un État centralisé bureaucratique à la tête d'une économie planifiée non capitaliste. Si la Chine et l'URSS étaient unies face aux capitalistes qui brulaient de récupérer le contrôle sur l'économie de ces pays (et leurs propriétés !), les élites à la tête de ces deux pays luttaient entre elles pour l'influence sur les militants communistes dans le monde et pour le prestige sur l'arène internationale. C'est ainsi qu'au Zimbabwé, la lutte de libération nationale a été menée par une armée pro-chinoise (Mugabé) et une armée pro-russe qui luttaient l'une contre l'autre en même temps que contre le régime des colons !

De même, aucun des États dits « communistes » qui ont été créés tout au long du 20e siècle ne l'a été par une authentique révolution prolétarienne. Cuba, le Vietnam, la Yougoslavie, la Corée du Nord… ont connu des révolutions qui étaient purement militaires, avec une participation de masse de la paysannerie mais une faible participation du prolétariat, et dirigées par des intellectuels nationalistes petits-bourgeois. Les dirigeants de ces régimes se sont empressés de copier l'exemple qui avait été donné par la Russie et la Chine pour instaurer une véritable « dictature des cadres ». En Pologne, en Tchécoslovaquie, en Roumanie, en Hongrie… les régimes « communistes » ont été mis sur pied directement par Staline qui a imposé ses propres hommes à la tête de ces pays après les avoir conquis militairement. De même concernant les régimes « communistes » en Afrique : Mali, Guinée, Bénin, Angola, Mozambique, Éthiopie, etc. C'est pourquoi nous qualifions ces États d'« États prolétariens déformés ».

On retiendra que la révolution russe est la seule révolution de l'histoire qui a pu triompher par la voie prolétarienne démocratique.


Des révolutions qui mènent à des coups d'État, des dictatures, des guerres ou à… rien du tout

On a vu ces dernières années toute une série de révoltes populaires de masse qui ont tenté et sont même parfois parvenues à faire chuter des dictatures : Tunisie, Égypte, Syrie, Libye, Burkina, Gambie, etc.

Malheureusement, dans certains de ces pays, tout est clairement pire qu'avant. Dans ceux où un semblant de démocratie a été obtenu, la population est toujours confrontées aux mêmes facteurs qui avaient provoqué la révolution pour commencer : la misère, le chômage, le sous-développement. 

Le point commun de toutes ces révolutions est qu'elles n'étaient pas guidées par des dirigeants, par un parti révolutionnaire prolétarien, déterminé, conscient de son rôle historique et prêt à aller jusqu'au bout. Dans ce cas, il est inévitable que l'énergie des masses populaires se disperse, à cause du manque de vision, de la fatigue ou tout simplement parce qu'on a l'impression d'avoir obtenu ce qu'on voulait.

Or, passé le premier moment de panique, la classe dirigeante se réorganise pour maintenir sa domination et mater la population révoltée (Égypte). Le vide politique ouvre aussi un espace dans lequel viennent s'introduire toute une série d'aventuriers ou des forces obscures, dont les milices sectaires et autres groupes de mercenaires étrangers (Syrie), quand il ne s'agit pas d'une intervention militaire impérialiste ouverte (Libye) ou de l'éclatement de tensions régionales qui finissent par diviser le pays (Ukraine). 

En clair : c'est la contrerévolution qui est à l'origine de la guerre et de la dictature, pas la révolution !

Même dans le cas où on n'a pas une contrerévolution déclarée (Tunisie et ailleurs), le fait que le pouvoir reste au final entre les mains de politiciens bourgeois « démocratiques » fait que très peu de réformes sociales sont obtenues, et que les quelques acquis de la révolution sont rapidement annulés, au nom du « réalisme économique » (c'est-à-dire, réaliste d'un point de vue bourgeois). Alors on a alors l'impression que « faire la révolution » ne sert à rien. Mais c'est parce que les masses n'ont pas encore atteint un niveau de conscience et d'organisation suffisant pour arracher le pouvoir des mains de ces soi-disant « amis du peuple » et avancer de manière décisive vers le socialisme.

Il nous faut donc retenir de l'histoire que la seule révolution qui est parvenue à ouvrir la voie à un nouveau système économique a été la révolution prolétarienne démocratique dirigée par un parti révolutionnaire déterminé et conscient de son rôle, en Russie. Mais que cette révolution a dégénéré en une dictature, non pas parce que c'était son destin, mais parce qu'il s'agissait d'un pays sous-développé et isolé sur les plans militaire et économique.

Nous tirons les leçons de l'histoire de toutes ces révolutions. Nous comprenons que la révolution se heurte inévitablement à la contrerévolution. 
Nous comprenons aussi qu'il nous faut un parti de dirigeants révolutionnaires pour encadrer l'énergie des masses jusqu'à la victoire finale contre le capitalisme. Nous comprenons aussi que la lutte doit être menée et coordonnée au niveau international pour assurer une révolution mondiale et couper court à toute « intervention » impérialiste.

C'est pourquoi nous construisons le groupe Militant, en tant que section en Côte d'Ivoire du CIO.

lundi 27 août 2018

CI : Non au déguerpissement abusif à Bonoumin !

La population n'a pas à payer les erreurs de l'administration


Ce sont à présent les habitants de Cocody Bonoumin qui sont menacés de déguerpissement. Leurs logements seraient construites illégalement sur les emprises. Or plusieurs de ces habitants disposent d'un titre foncier, leurs maisons sont construites en dur, il ne s'agit pas d'un quartier précaire. Et comme d'habitude, aucune mesure d'accompagnement sérieuse n'est envisagée.
Pourtant, selon certaines sources, le plan de lotissement de ce quartier prévoyait un canal de drainage des eaux, jamais réalisé, alors que tous les financements et factures de ce projet ont déjà été bouclés ! C'est donc pour cette raison que l'État a tout un coup décidé d'évacuer les habitants innocents.
Comme toujours, on voit que le citoyen impuissant est dépassé par le règne de l'argent. Des personnes véreuses détournent des milliards et le citoyen souffre, écrasé par une machine impitoyable, sans que personne ne se soucie de son sort.
Comment planifier notre existence si les investissements de toute une vie peuvent être rayés de la carte du jour au lendemain, parce que quelqu'un dans un bureau en a décidé ainsi ?!
Nous exigeons qu'une enquête ouverte soit menée avec les représentants des quartiers concernés autour de solutions alternatives au déguerpissement et notamment le projet de canal de drainage jamais réalisé. Au cas où la seule solution s'avèrerait effectivement être le déguerpissement, il faut des dédommagements qui correspondent effectivement à la hauteur de la valeur des biens ainsi perdus.
De manière générale aussi, nous dénonçons la non-tenue des promesses du régime concernant la construction de logements à Abidjan, le manque de planification urbanistique et la non-viabilisation des nouveaux quartiers construits.
Nous nous tenons prêts à militer aux côtés des habitants de ces quartiers pour toute action de protestation contre les déguerpissements à Bonoumin et à Abidjan en général.

Chine : Aggravation de la crise et résistance de masse


L’article qui suit est un compte-rendu de l’introduction à la discussion consacrée à la Chine lors de l’école d'été 2018 du Comité pour une Internationale ouvrière. Cette introduction nous a été donnée par notre camarade Pasha, du groupe Action socialiste, section du CIO à Hong Kong.

mercredi 22 août 2018

Afrique du Sud : Expropriation des terres sans compensation


La fin des inégalités ?


– article par notre camarade Weizmann Hamilton, BEN du Parti ouvrier et socialiste d'Afrique du Sud (WASP), section sud-africaine du CIO

Le sommet sur le foncier de l'ANC (Congrès national africain, le parti au pouvoir en Afrique du Sud) de mai 2018 a décidé de soumettre à son BEN une proposition d'amendement à la Loi d'expropriation devant permettre l'expropriation de terres sans aucune compensation (ESC). La Cour constitutionnelle se verra alors demander de valider sa conformité à l'article 25 de la constitution sur la propriété. Julius Malema, le dirigeant des Combattants pour la liberté économique (EFF), a promis à l'ANC qu'il pourra compter sur ses 6 % de voix à l'Assemblée nationale pour compléter les 62 % de l'ANC afin d'assurer la majorité des deux tiers requise pour amender la constitution.

mardi 21 août 2018

CI : Lida Kouassi et son discours qui profite au RDR


Le problème du RDR n'est pas l'origine de ses candidats, mais la nature de son programme !


Nous écrivions la semaine passée que la libération des prisonniers politiques par le régime devait certainement répondre à un objectif politique de ce même régime plus qu'à de supposées « pressions » qui n'ont jamais véritablement existé. Après la sortie de Mme Gbagbo sur l'Éternel des armées, voici M. Lida Kouassi qui repart dans une polémique. Tout cela confirme donc la double utilité de leur libération : 1) mélanger l'opposition à l'heure où Bédié est devenu opposant ; 2) effrayer la population nordiste pour la forcer à revoter RDR alors qu'elle était de plus en plus découragée du régime en place et de sa politique antisociale (et qui finalement ne contribue aucunement au développement du Nord).

Que dit en substance M. Lida Kouassi ? Qu'il est anormal qu'en pays dida, le RDR présente un candidat dioula. Le monsieur a rectifié sa position quelques jours après pour dire qu'il n'est pas contre le fait qu'un Dioula se présente à Lakota, mais qu'il voulait simplement faire ressortir le fait que le RDR est un parti ethniciste.

Nous observons nous aussi effectivement que l'immense majorité des députés du RDR sont des individus portant des noms à consonance nordiste. Ceci dit, c'est le choix du RDR. Si un Dioula se présente à Agboville, où la population n'est pas majoritairement dioula, et qu'il se trouve une majorité de votants pour élire ce Dioula, où est le problème ? En réalité, le vrai problème du RDR est qu'il continue à imposer dans les circonscriptions des candidats sans aucune consultation avec sa base. Mais il n'est pas le seul parti de notre pays à avoir de telles pratiques.

M. Lida Kouassi compare la situation avec celle qui prévalait au temps d'Houphouët, où le PDCI faisait l'effort de choisir des candidats parmi les ethnies traditionnelles de chaque région. Mais il semble oublier que du temps d'Houphouët, il n'y avait pas de partis d'opposition ni de candidats indépendants ! De plus, la Côte d'Ivoire d'Houphouët était un pays à base beaucoup plus agricole qu'il ne l'est aujourd'hui, où l'autorité des chefs traditionnels comptait bien plus que de nos jours. Houphouët se présentant comme le président des planteurs, il était logique qu'il renforce cette base en cooptant les candidats qui convenaient aux autorités terriennes. Aujourd'hui, la majorité des Ivoiriens vivent en ville, ce sont des prolétaires, ouvriers, employés ou de petits commerçants et artisans. Le brassage interethnique est bien plus important, sans oublier le fait que près d'un tiers de notre population cosmopolite a des racines étrangères.

Si un candidat vous gêne, présentez votre candidat ! Est-ce que c'est obligé de voter quelqu'un ? On pourrait argumenter sur le fait que les élections en Côte d'Ivoire ne sont pas totalement libres. C'est vrai. Mais cependant, cela n'a pas empêché toute une série de candidats indépendants de se faire élire contre l'avis de leurs directions, pendant que le FPI boycottait chaque scrutin électoral et annonçait ensuite avec des chiffres d'abstention farfelus… ce qui ne le rapprochait de toute façon pas du pouvoir.

Car qu'a fait le FPI toutes ces années ? Ce parti a démontré au cours des huit dernières années que sans Laurent Gbagbo, il ne peut rien faire. Toute la stratégie du parti, toutes les palabres entre militants ne tournent qu'autour de la libération de Gbagbo. Certes, des mouvements ont été organisés ici et là pour protester contre la réforme de la constitution, etc. Mais où est le FPI quand il s'agit de lutter contre la hausse du prix de l'électricité, contre les déguerpissements, contre les licenciements abusifs dans les zones industrielles, pour les arriérés de salaire dus aux fonctionnaires, contre les conséquences des inondations, pour la réhabilitation des résidences universitaires, etc. ? Le FPI laisse entendre qu'il ne peut jouer le moindre rôle tant qu'il n'est pas revenu au pouvoir, et cela ne peut se faire qu'une fois Laurent Gbagbo sorti de prison.

Quand le FPI prétend qu'il vaut mieux élire un candidat dida qu'un Dioula à Lakota, quand le FPI affirme que Ouattara est inéligible en raison de sa nationalité douteuse, etc. tout ce que ce parti fait, c'est confirmer qu'il n'a aucun programme et aucune méthode pour faire appliquer son programme – et qu'il n'est certainement pas de gauche.

En tant que socialistes, nous sommes pour que chaque individu participe à la vie politique de là où il se trouve, quelle que soit son ethnie, son âge ou sa nationalité, quel que soit son état de santé physique ou mentale. Chacun doit être libre de présenter s'il le désire – ce sera au peuple de juger. Si le peuple désire voir un vieillard, un enfant ou un fou à la tête du pays, c'est le choix du peuple. Celui qui est convaincu du contraire doit mener campagne avec un programme politique alternatif capable de convaincre les électeurs que l'élire lui serait le meilleur choix. Mais les arguments dont le seul but est de dénigrer un candidat sous prétexte qu'il serait étranger ne valent rien.

Imaginons à présent que le RDR présente un candidat dida à Lakota ? Est-ce que le RDR cessera d'être un parti libéral antisocial pour autant ? Est-ce que cela empêchera ce candidat de soutenir à l'assemblée nationale une politique de déguerpissements, de cadeaux aux multinationales, de privatisations et d'endettement ? Mais alors, c'est qu'il ne s'agit pas d'un député RDR ! C'est que ce candidat aura trompé son monde en se présentant sur la liste du RDR. Ou bien il appliquera le programme du RDR en tant que député dida RDR et la population dida s'en mordra les doigts, tout comme la population dioula se plaint de la politique menée par les députés et les ministres dioulas.

On le voit, quelle que soit la manière de considérer la question, le discours du doyen n'a finalement aucun sens et ne sert qu'à créer une division inutile au sein de la population, tout en évitant de parler du programme du RDR, de peur qu'on ne lui demande son programme à lui… Et tout cela ne fait finalement que profiter au régime.


samedi 18 août 2018

Théorie : Un autre monde est possible

Comment parvenir à la nouvelle société ?


Depuis quelques années, le terme de « révolution » n'est plus un gros mot. Des dictateurs et des dirigeants corrompus sont renversés en Tunisie, en Égypte, au Burkina, en Éthiopie, en Afrique du Sud, au Zimbabwé, etc. tandis qu'on voit des mouvements de masse en Chine, en Espagne, en Iran, au Nigeria, aux États-Unis… Tous ces mouvements créent de l'enthousiasme, la foi que l'on peut faire changer les choses. Mais la question reste : comment, à partir de cette action collective de masse, parvenir à une société dans laquelle les richesses seront partagées et où tout le monde connaitra le bonheur ?

Pendant toute une période, cette question était étouffée par l'offensive idéologique de droite de la classe dominante. L'effondrement du système stalinien (« communisme ») en Russie et ailleurs a été utilisé par les capitalistes pour nous faire croire que leur système était le seul système valable. Mais la réalité est plus forte que la propagande. Aujourd'hui, même les principaux stratèges du capitalisme peinent à cacher le fait qu'ils n'ont pas la moindre solution. Plans d'ajustement structurel, austérité… nulle part ces mesures n'ont jamais permis la moindre véritable reprise économique une fois que la crise a frappé.


Il faut reprendre le contrôle de l'économie

La solution réside dans la collectivisation démocratique des moyens de production, des secteurs stratégiques de l'économie. On ne pourra jamais obtenir nulle part une démocratie réelle tant que les riches sont ceux qui restent maitres de l'économie. De même, c'est cette mainmise de l'argent sur l'économie qui nous mène à la destructtion aveugle de l'environnement.

Si les secteurs stratégiques de l'économie étaient placés sous le contrôle de la masse, il serait possible de planifier l'activité économique de façon démocratique. On pourrait alors mener sérieusement une véritable guerre contre la pauvreté et amener l'ensemble de l'humanité au niveau de développement que permettent une utilisation rationnelle et équitable des technologies actuelles. L'humanité libérée de la double entrave de l'économie de marché et de la soi-disant « libre concurrence » : c'est cela qu'on appelle le socialisme.

Aujourd'hui, l'énergie créatrice de milliards de gens est gâchée par le chômage et la misère, alors que les besoins n'ont jamais été aussi grands. Hôpitaux, écoles, logements sociaux, transports en commun et autres besoins de base sont détruits par les réductions budgétaires et la gabegie, tandis que des sommes faramineuses dorment sur les comptes des soi-disant investisseurs privés. La seule force sociale capable de ramener la justice sur la Terre est le prolétariat.


Le prolétariat n'a pas disparu

Les capitalistes cherchent à nous enfumer en nous parlant de « consommateurs », de « citoyens », d'« individus »… Or le prolétariat n'est rien d'autre que cette couche de la population qui, dépourvue de ses propres outils de production, est condamnée à vendre la force de ses bras et de son intellect à un patron en échange d'un salaire calculé pour ne correspondre qu'au strict minimum pour la survie. Cette classe sociale n'a en réalité jamais été aussi forte qu'auparavant. Ce sont aujourd'hui des milliards de personnes dans le monde qui sont contraints de se lever chaque jour pour aller travailler pour quelqu'un, sous peine de mourir de faim.

La couche la plus puissante du prolétariat est la classe ouvrière industrielle qui détient entre ses mains la majeure partie des richesses. Ce n'est pas pour rien si les grèves sont toujours plus efficaces que les marches pour faire dégager les dictateurs. Tant qu'on marche, nos patrons ne perdent pas d'argent. Mais si les ouvriers s'arrêtent de travailler et s'organisent, c'est leur gagne-pain qui est touché. Nos patrons ont tellement horreur de cette perspective qu'ils font tout pour discréditer l'idée même de la grève, en traitant les grévistes de « paresseux », d'« irresponsables » qui prennent la nation « en otage » avec leurs syndicats « démodés ». C'est parce qu'ils ont bien plus peur de l'organisation de la classe ouvrière que de tous les meetings et marches de l'opposition.


Parlement bourgeois et parlement de la rue

On voit souvent la population placer ses espoirs en l'un ou l'autre dirigeant bourgeois qui promet de « faire pression » sur le système pour obtenir quelques avancées sociales. C'est vrai qu'il est utile pour les révolutionnaires de participer aux élections pour se faire connaitre, mais les véritables révolutions n'ont jamais lieu dans un bureau.

C'est l'illusion dans le système électoral et dans les « négociations » avec le système qui permet à nos ennemis de s'organiser tandis que la population commence à se lasser et abandonne le combat. Que ça soit en Grèce avec Tsipras ou en Côte d'Ivoire avec Gbagbo, on voit qu'il ne sert à rien de demander pardon au système pour trouver un arrangement. Comme le disait le révolutionnaire argentin Ernesto Che Guevara : « La révolution est comme un vélo : si elle n'avance pas, elle tombe ».

Dans tous les grands mouvements qui entrainent la chute des dictateurs, on voit la population s'organiser de façon spontanée pour prendre son destin en main. Comités de quartier, comités d'autodéfense, comités de lutte syndicale… Ce qu'on appelle « agora » en grec ou « soviet » en russe, c'est ce qu'on appelle « parlement de la rue » en ivoirien. C'est l'assemblée des travailleurs, des jeunes et de la population dans les quartiers et dans les zones industrielles qui permet de coordonner les actions pour le blocage de l'économie. C'est cette auto-organisation de la masse qui ouvre la voie à l'avènement de la nouvelle société socialiste. Une société où tous les dirigeants sont élus directement par la base, révocables à tout moment, ne disposant d'aucun privilèges (purement volontaires), mobilisant la population pour travailler avec les ressources et les outils disponibles afin de développer le pays et satisfaire aux besoins réels du peuple.

Comme le disait le révolutionnaire russe Liev Bronstein dit « Trotsky » : « Plus le prolétariat agit résolument et avec assurance, plus il a la possibilité d'entrainer derrière lui les classes moyennes, plus la classe dominante est isolée, démoralisée et se désagrège, ce qui renforce encore l'influence et l'action des révolutionnaires ». Hélas, trop souvent nos dirigeants de gauche restent timides, écrasés par le poids de la pensée unique libérale qui a été imposée après la chute des régimes « communistes » (staliniens).


Un parti prolétarien de lutte

Pour pouvoir organiser l'action des masses, il faut un organe capable de les guider et de les canaliser, un véritable instrument de combat social. « Sans organisation dirigeante, l'énergie des masses est comme une vapeur qui se disperse sans être enfermée dans un piston. C'est le piston qui fait bouger la voiture. Mais l'énergie qui le fait bouger vient de la vapeur ».

La tâche cruciale aujourd'hui pour tous ceux qui désirent un véritable changement de société est la construction d'un parti révolutionnaire prolétarien, avec un programme socialiste, c'est-à-dire basé sur la propriété collective des moyens de production. Les différents partis révolutionnaires de chaque pays doivent coordonner leur action à une échelle internationale – c'est dans ce but qu'a été mis sur pied le CIO, Comité pour une Internationale ouvrière.

Le parti révolutionnaire est un organe de lutte centralisé mais démocratique. Le contrôle de la base sur l'appareil est la seule garantie contre la corruption et la défaillance des dirigeants.

La révolution ne se fait pas en ligne droite. À certains endroits, elle peut s'arrêter et on voit à l'œuvre le processus inverse : la contrerévolution. En Égypte, le président Sissi a massacré les révolutionnaires pour restaurer la dictature. En Syrie et en Libye, le pays a été plongé dans un véritable bain de sang. Au Zimbabwé ou en Afrique du Sud, les dirigeants impopulaires ont été chassés par leur propre entourage pour éviter le développement de la contestation. Dans plusieurs pays, on voit des dirigeants arriver avec un discours réactionnaire promouvant un faux nationalisme et la division sur base ethnique, religieuse ou tribaliste, tout en utilisant la répression.

Le révolutionnaire russe Vladimir Oulianov dit « Lénine » disait que la révolution se produit lorsque « Ceux d'en bas ne veulent plus être gouvernés comme avant, et que ceux d'en haut ne peuvent plus gouverner comme avant ». Mais il ajoutait aussi qu'un gouvernement ne tombe jamais de lui-même : il faut le faire tomber.


Notre programme politique pour la mobilisation

Aujourd'hui cependant, on constate qu'alors que la situation devient chaque année de plus en plus grave et urgente, la majorité des gens continue à espérer qu'on pourra s'en sortir sans une révolution. C'est pourquoi les socialistes élaborent leur programme de sorte à mobiliser les masses pour des revendications concrètes tout en expliquant à chaque fois en quoi cela nous rapproche de la nouvelle société socialiste.

La masse fait son éducation non pas dans les livres mais à travers la lutte. Elle connait des échecs, ce qui n'est pas grave tant qu'elle en tire les bonnes leçons. Elle se tourne souvent vers des faux leaders qui la font rêver, avant de se rendre compte par après qu'elle a été fourvoyée. Le rôle des socialistes est d'accompagner la classe prolétaire dans sa prise de conscience tout en accélérant cette prise de conscience.

Lorsque nous disons que nous voulons du travail pour tous ou une hausse du salaire minimum, on nous rétorque que nos revendications sont irréalistes. Cependant, le caractère « possible » ou « impossible » de telle ou telle revendication dépend du rapport de forces dans la société, de l'organisation, de la stratégie et de la combattivité du prolétariat. Si nous nous contentons de demander ce que nos patrons peuvent nous donner, alors nous n'obtiendrons qu'un dixième de ce que nous demanderons. Plus l'esprit sera militant, plus nous gagnerons.


jeudi 16 août 2018

Monde : Rapport de l'école d'été 2018 du CIO


Dix ans après la crise de 2007-2008, le capitalisme n'a toujours pas trouvé la solution


L'école d'été du CIO 2018 à Barcelone, à laquelle étaient présents 400 camarades venus de trente pays du monde, s'est ouverte par une discussion extrêmement animée et pleine de confiance sur les troubles et le chaos auxquels est confronté le capitalisme mondial, ainsi que les perspectives pour la lutte de classes et le socialisme. Cette session a été introduite par Peter Taaffe, fondateur du CIO et SG du Parti socialiste d'Angleterre et du pays de Galles, et conclue par Tony Saunois, SG du Secrétariat international du CIO.

CI : Affaire Bendjo

Toujours le même opportunisme


Le maire du Plateau, Noël Akossi Bendjo, récemment « révoqué » par le Conseil des ministres pour faux et usage de faux (une accusation dont on n'a toujours pas vu la moindre preuve), a de son exil parisien officialisé le nouveau slogan : « Redonnons vie à notre terre d'espérance ». Comme quoi le ridicule ne tue pas.
Ce nouveau slogan est semble-t-il celui du PDCI dans le but de fédérer l'opposition derrière lui. Il a été dévoilé lors d'une cérémonie ce dimanche 12 aout, sous les auspices du président Bédié (« un homme exceptionnel, qui toute sa vie a consenti d’immenses sacrifices pour son parti et son pays »), à laquelle ont notamment pris part le FPI et le Cojep. Comme d'habitude, on peinera à trouver la moindre trace d'un programme politique ou d'une revendication concrète.
Le FPI et le Cojep confirment donc ainsi le caractère bourgeois ou petit-bourgeois de leur opposition. Pour eux, toutes les alliances sont permises, tant que ça va dans le sens d'un rapprochement de la mangeoire étatique. « L'ennemi de mon ennemi est mon ami ». Pas besoin de se soucier de savoir qui est monsieur Bendjo, ce qu'il a fait ou n'a pas fait. La seule chose qui compte est qu'il soit pour l'heure opposé à Ouattara. Le reste, on s'en fout.

Quelle lutte contre la corruption ?
La question de la corruption de M. Bendjo mérite pourtant d'être soulevée. Il est évident que l'argument de la corruption est un outil très utile pour tout régime désireux de se débarrasser d'éventuels adversaires. L'ensemble de notre caste dirigeante est par nature corrompue. Il est donc extrêmement facile, en cas de nécessité, de trouver des éléments tendant à démontrer la corruption de telle ou telle personne. Tant les petits trafics de comptabilité sont monnaie courante. On le voit au Nigeria aussi, où la soi-disant guerre contre la corruption menée par M. Buhari a été extrêmement sélective, s'attaquant exclusivement aux cadres de l'ancienne administration Jonathan. Dans les pays développés aussi, il aura fallu en France que M. Sarkozy quitte le pouvoir pour voir le début d'une enquête contre lui.
Il est donc évident que le gouvernement Ouattara agit de façon opportuniste en choisissant exactement ce moment-ci pour « révoquer » M. Bendjo, sans l'ombre du début d'un jugement ; tout comme ce n'est pas un hasard si c'est précisément aujourd'hui qu'il a décidé d'amnistier les dirigeants du FPI. Tout cela répond à des objectifs politiques. La manière dont s'est effectuée la révocation de M. Bendjo est donc à dénoncer.
Mais faut-il pour autant partir soutenir ce monsieur comme s'il était entièrement propre ? Quand deux voleurs se battent, faut-il forcément aller les départager pour savoir qui est le moins voleur des deux ? En tant que socialistes, nous sommes contre la corruption. Une position correcte de la part des dirigeants de l'opposition serait d'exiger que la lumière soit faite sur cette affaire, tout en appelant à un scrutin populaire pour élire un maire intérimaire, tout en présentant leur propre candidat avec un programme convainquant pour la gestion de la commune. En même temps, il faudrait appeler à des mesures énergiques pour débusquer la corruption à tous les niveaux, en encourageant la population à une grande campagne de dénonciations publiques, et en mettant sur pied des tribunaux populaires pour juger chaque personne accusée.

La corruption n'est que l'arbre qui cache la forêt
D'ailleurs, la corruption n'est qu'une facette de l'ampleur du problème. Quand monsieur Bictogo profite de ses relations pour obtenir des marchés juteux avec l'État, cela est parfaitement légal. Mais c'est pourtant une forme de corruption. Quand monsieur Ouattara se sert de la crise ivoirienne pour aider ses proches à réaliser des opérations de spéculation fructueuses sur le cacao, cela est répréhensible, mais c'est à nouveau parfaitement légal.
M. Bendjo a fait partie pendant des années de conseils d'administration de grandes structures financières et industrielles (NSIA, BIAO, SIR…) et autres partenariats avec des structures de l'impérialisme (FMI, Banque mondiale, Forum économique mondial…), participant activement à l'exploitation de la population ivoirienne.
M. Bendjo est un cadre du capitalisme, il fait partie intégrante de cette caste de parasites qui s'engraissent de notre sueur et de notre sang, tout en bradant le patrimoine national. Cela est évidemment légal aux yeux du système. Mais ce n'est pas quelque chose que nous cautionnons. Le FPI et le Cojep, eux, cautionnent. Ces partis ne sont donc pas du côté du prolétariat. Ce sont des partis bourgeois.
Nous sommes pour un système de gouvernement dans lequel les dirigeants ne recevront pas plus que le salaire moyen d'un travailleur qualifié. Nous ne trouvons pas cela normal que des leaders du Front « populaires » comme Lida Kouassi Moïse se plaignent qu'on leur ait volé huit véhicules après leur arrestation, quand la majorité de la population est contrainte de marcher, faute de moyens de transport public corrects. Pour nous, les dirigeants qui prétendent « consentir à d’immenses sacrifices pour leur parti et leur pays » doivent connaitre le même sort que le peuple qu'ils prétendent gouverner, et non pas se construire des palais dans leur village ou aller se faire soigner à Paris à chaque fois qu'ils ont un peu mal aux dents.

Le Plateau – une commune en déliquescence sous monsieur Bendjo
De plus, soutenir M. Bendjo reviendrait à cautionner sa politique de gestion de la commune du Plateau depuis près de 20 ans. Or que constatons-nous ? Le Plateau, présenté partout comme la fierté d'Abidjan, le centre des affaires de la Côte d'Ivoire – donc de l'Afrique de l'Ouest, est en réalité un calvaire la journée, une ville fantôme la nuit. Il fut un temps où c'était un véritable centre urbain rempli de cafés, de cinémas, de centres commerciaux dynamiques, où la population se retrouvait pour passer la soirée. Aujourd'hui, c'est à peine si on trouve un trottoir pour s'y promener. En même temps, il est quasiment impossible d'y accéder sans être véhiculé, puisque le même maire a déguerpi les gares de wôrô-wôrô et de gbakas.
Des gens comme M. Bendjo ont pourtant l'habitude de visiter de véritables centres urbains en Europe. On ne dirait pas. Notre vision du Plateau est celle d'un quartier purement piétonnier, entouré de grands parking souterrains gratuits en bord de lagune (qui seront à terme reliés entre eux pour permettre une circulation entièrement souterraine), avec un système d'ascenseurs et d'escaliers automatiques permettant de passer facilement de haut en bas. Les rues, débarrassées des voitures, seront équipées de larges trottoirs avec des minibus gratuits qui suivront des lignes fixes à échéances régulières (maximum 5 minutes), reliant entre eux tous les points stratégiques de la commune ainsi que la gare Sotra et la gare lagunaire. Des logements sociaux seront aménagés pour repeupler cette commune en perdition. On créera de grands espaces gastronomiques à prix modique où les fonctionnaires et autres travailleurs pourront manger et se détendre. Les différents bâtiments seront reliés entre eux à plusieurs niveaux (passerelles au niveau des étages) pour faciliter le transit et permettre la création de nouveaux espaces commerciaux et de loisir. Les tours à l'abandon (comme le Pyramide) seront réquisitionnées pour être réhabilitées par l'État. Différentes structures seront mises en place pour l'accueil des touristes. Les déchets seront ramassés chaque jour par des brosses automatiques, comme cela se fait dans les grandes villes modernes. Tout cela, dans le cadre plus global d'une économie socialiste.
Une véritable opposition politique, surtout une opposition se disant « populaire », « patriotique » ou « socialiste », aurait sauté sur l'occasion pour dénoncer la gestion profondément bourgeoise et antisociale du Plateau par M. Bendjo et la régression de cette commune entre ses mains depuis toutes ces années, tout en proposant sa propre alternative. Au lieu de cela, on voit ces gens se précipiter chez lui pour le soutenir, et applaudir son soi-disant slogan de « Redonner la vie à notre terre d'espérance » – en faisant quoi, on se le demande ? S'il s'agissait de nous faire rire, au moins, c'est réussi.
Être leader, cela signifie avoir une vision. Mais les opposants qui prétendent vouloir nous diriger dans deux ans n'ont rien à proposer : pour eux, seul compte le positionnement afin de pouvoir s'accrocher à la mangeoire.

lundi 13 août 2018

Nigeria : la jeunesse

Une bombe à retardement dans la crise sociétale


– rapport de nos camarades du Mouvement démocratique socialiste, CIO-Nigeria

Ce 1er janvier, le Nigeria comptait 20.210 bébés de plus. Le Nigeria était le troisième pays du monde qui a eu le plus d'enfants nés le 1er janvier cette année, derrière l'Inde et la Chine. Selon un rapport des Nations-Unies datant de l'an passé, on estime que d'ici 2050, le Nigeria sera devenu le troisième pays du monde par son nombre d'habitants, et un des six pays du monde qui compteront plus de 300 millions d'habitants. Ce pays, dont la population est aujourd'hui d'un peu moins de 200 millions, contribuera en grande partie aux 1,3 milliards d'habitants qui viendront d'ici là s'ajouter à la population africaine totale. Dans certaines circonstances, la population d'un pays est censée être une force ; cependant, dans le cas d'un pays comme le Nigeria, cette croissance démographique, qui dépasse de loin le rythme des investissements dans l'infrastructure et le taux de développement général du pays, annonce de grandes difficultés pour l'avenir.

samedi 11 août 2018

CI : Amnistie présidentielle – zéro réconciliation


Il faut un jugement populaire, zéro justice



Le président Ouattara, avec sa politique profondément antisociale, avait pratiquement réussi à créer l'unité parmi les Ivoiriens : du Nord au Sud, tout le monde est fatigué de son régime RHDP. Beaucoup de gens pensent naïvement que la libération des prisonniers politiques ce lundi 6 aout va contribuer à la réconciliation nationale : en réalité il n'en est rien.

Alors que le PDCI se positionnait clairement pour constituer un front d'opposition « patriotique » avec le FPI version « soft » pour une victoire écrasante en 2020, voilà qu'ADO décide de balancer une bombe dans le paysage politique ivoirien en libérant Simone Gbagbo. Qui s'est empressée de remercier l'« Éternel des Armées » et Abou Dramane Sangaré, point. Il faut être bien innocent pour croire que la dame aura le moindre mot de remerciement envers le régime actuel. Il y a également peu de chance de voir Simone se ranger derrière Bédié avec Affi – tout porte donc à croire que la libération des prisonniers est une manœuvre du pouvoir pour diviser l'opposition.

Avec la libération des cadres du FPI les plus radicaux, on annonce aussi le retour d'exil d'autres éléments patriotiques radicaux comme Damana Pickass, mais également la libération d'anciens chefs du commando invisible pro-MPCI. Bédié a aussi remis de l'huile sur le feu en remerciant « la communauté internationale » qui a permis la libération des « prisonniers politiques » – un terme qu'il s'était pourtant refusé d'employer tout au long de ces sept dernières années.

D'un autre côté, une certaine partie de la population nordiste, déçue d'ADO ces dernières années, pourrait à présent revenir du côté du RDR et son discours ethniciste, de peur de voir les loups nationalistes dans la nature raviver certaines anciennes rancœurs.

Finalement, tout ce qu'on gagne est plus de chaos politique et d'incertitudes (en plus du retour maudit de la religion dans la politique, grâce à madame Gbagbo). La véritable victime de cette amnistie est une fois de plus la justice.

Cette amnistie générale donne vraiment le message suivant : SI UNE NOUVELLE GUERRE CIVILE ÉTAIT À REFAIRE, PERSONNE NE SERA CONDAMNÉ.

Mais comment parvenir à une véritable justice, quand seuls les accusés d'un seul camp ont été mis en prison, tandis que les autres sont au pouvoir ? Il est clair aux yeux de tous que la justice ivoirienne est partiale et que les quelques procès organisés sur notre sol ont été bâclés. Même le verdict de condamnation de Simone Gbagbo n'a pas satisfait qui que ce soit parmi ceux qui sont convaincus de son rôle présumé dans la crise, parce que tout a été fait pour qu'aucun élément compromettant ne ressorte de la procédure – aucune lumière n'a été faite sur la moindre affaire.

Beaucoup de nos compatriotes estiment qu'un pouvoir PDCI serait plus impartial dans l'administration de la justice, mais cela reste à prouver. Chacun sait que Bédié a toujours été le roi des petits arrangements politiques. De plus, si le PDCI devait revenir au pouvoir avec le soutien du FPI, certainement que de nouveau, un seul camp serait visé.

On pourrait supposer que la CPI, en tant qu'agence étrangère, pourrait jouer le rôle d'arbitre neutre. Mais cette institution s'est beaucoup compromise au cours de ces dernières années en ne jugeant que des responsables africains. De plus, elle a déjà démontré son impuissance complète avec les soi-disant procès de Kenyatta puis de Bemba – il semble de plus en plus probable aujourd'hui que Laurent Gbagbo et Blé Goudé seront eux aussi remis en liberté sans que quoi que ce soit puisse être prouvé contre eux. Et là aussi, seuls les responsables d'un seul camp seront jugés. Le régime a d'ailleurs clairement fait comprendre que le recours à la CPI n'avait été qu'une mesure temporaire, le temps que la soi-disant justice ivoirienne retrouve ses marques.

Quelle est selon nous la seule manière de faire la lumière sur toute la crise et de donner un véritable jugement qui recevra l'assentiment de l'ensemble de la population de Côte d'Ivoire ? Il faut convoquer un jury populaire de masse. Que le peuple rende son propre jugement ! Chaque quartier et sous-quartier de chaque ville du pays, chaque village et campement doit envoyer ses propres représentants, élus parmi les différentes communautés ethniques, pour se retrouver au stade Houphouët-Boigny et délibérer au cas par cas de chaque crime commis. Cette assemblée se penchera sur le cas de chaque acteur majeur de la crise ivoirienne : Gbagbo, Ouattara, Soro, Blé, Wattao… tous défileront devant le peuple pour rendre compte de leurs actes. De même, dans chaque canton et quartier, un comité multiethnique élu démocratiquement par les citoyens aura pour charge de juger les acteurs locaux de la crise, toutes les personnes ayant notoirement profité de la crise pour commettre des actes répréhensibles.

C'est le peuple qui a payé le prix de la crise, c'est au peuple qu'il revient de juger ses tortionnaires. Cessons de nous référer à nos soi-disant élites ou à des étrangers qui ne maitrisent pas nos coutumes et nos manières de faire. Prenons notre destin en mains et réconcilions-nous à la base de la société.

mercredi 8 août 2018

CI : Amnistie présidentielle

Une victoire, vraiment ?


La plupart des gens de gauche et des démocrates se réjouissent aujourd'hui de l'annonce de la libération prochaine de Simone Ehivet Gbagbo, qui pourrait de plus être interprétée comme un signe de la libération prochaine de Laurent Koudou Gbagbo et de Charles Blé Goudé.

Cependant, sans aller plus loin dans l'analyse, nous aimerions pour l'heure nuancer l'actuelle réjouissance par deux observations :

1) Pour les nombreuses familles des victimes de la crise ivoirienne qui avaient à un moment espéré pouvoir faire la lumière sur toutes les atrocités qui se sont passées dans le pays, la perspective de voir une condamnation des véritables responsables s'éloigne de plus en plus ; le régime ne vient-il pas justement de prouver son impuissance et la vacuité du jugement rendu par les tribunaux d'Abidjan ?

2) Cette libération ne représente aucunement une victoire pour les démocrates ivoiriens. En effet, elle n'est pas le fruit d'une lutte à grande échelle menée par la population ni d'une pression populaire sur un régime acculé – rien à voir avec la situation en Éthiopie, au Zimbabwé ou en Afrique du Sud, par exemple, où les masses ont pu cette année imposer des changements de régime et des ouvertures démocratiques assez importantes. Curieusement, la décision de libérer Simone Gbagbo semble (??) avoir été imposée par l'Union européenne. Dans ce cadre, le fait que l'annonce de sa libération survienne justement le jour de notre soi-disant fête d'« indépendance » est pour le moins paradoxal ! Pourquoi ce volte-face subit ? Qu'est-ce que cela cache ? C'est la question que nous nous posons.

Ne nous réjouissons pas trop tôt, donc.

Néanmoins, malgré les nombreuses divergences politiques et idéologiques que nous pouvons avoir avec madame Gbagbo, nous lui souhaitons d'heureuses retrouvailles avec les siens, un bon rétablissement après toutes les horreurs qu'elle a subies, et un prompt retour dans la lutte.

Une analyse plus ample suivra dans les prochains jours.

– camarade Konan

CI : Quelle bonne fête même ?

Comment obtenir une vraie indépendance ?


Comme chaque année, les Ivoiriens sont partagés sur la pertinence de notre fête d'indépendance. En effet, tout le monde sait que la politique et l'économie de notre pays est en grande partie déterminée par des intérêts étrangers. Comment sortir de cette situation, donc ?
Tout d'abord, il faut bien définir et relativiser le concept d'indépendance.
Par exemple, une grande partie du développement de la Chine de ces dernières années est à imputer à l'installation de nombreuses firmes occidentales dans ce pays. Cependant, on voit aujourd'hui de grands groupes chinois dépasser les frontières de leur pays et s'installer à l'étranger. Le gouvernement chinois semble aussi mener une politique conforme à ses propres intérêts, même s'il est obligé de composer avec le fait que son économie dépend toujours en grande partie de l'Occident et notamment des États-Unis. En Europe aussi, il n'y a pas un pays dont l'économie ne soit en grande partie dépendant de pays étrangers, que ce soit pour les exportations / importations mais aussi pour le financement des entreprises. En réalité, on peut dire que tous les pays du monde dépendent d'une manière ou d'une autre les uns des autres.
Mais cela ne rend pas entièrement compte de la réalité spécifique que connait notre pays. La Côte d'Ivoire en tant que pays est une création de la France. Ses frontières ont été tracées par la France, ses villes ont été créées par la France, même sa soi-disant indépendance a en réalité été imposée par la France à Houphouët, qui n'en voulait pas. Aujourd'hui, 40 % du PIB national appartient à des entreprises françaises, et un grand nombre des cadres des grandes entreprises et des conseilles du gouvernement sont des Français.
Cependant, cette situation a énormément changé ces dernières années, paradoxalement, depuis l'arrivée au pouvoir d'Alassane Ouattara. On voit de plus en plus d'investisseurs étrangers de tous horizons venir investir dans le pays, originaires du Maroc, de Turquie, du Liban, d'Iran, du Qatar, d'Israël, de Chine, d'Inde, de Singapour, d'Allemagne, de Belgique, d'Espagne, du Canada, des États-Unis… Au point où la fédération des entreprises françaises (Medef), lors de sa visite d'avril 2016, a cru bon d'appeler les patrons français à se remobiliser pour réinvestir la Côte d'Ivoire. La France a d'ailleurs récemment perdu sa place de premier partenaire commercial européen de l'Afrique, au profit de l'Allemagne.
Cette plus grande diversification des investissements étrangers ne serait-elle pas un signe d'une plus grande indépendance de notre pays ? Pas tout à fait, car malgré cette soudaine hausse du nombre de pays partenaires, le patronat ivoirien reste sous-développé et intimement lié à l'étranger. D'abord parce que même dans ces nouvelles structures étrangères, la plupart des cadres sont des étrangers, pour la plupart des Blancs.
Ensuite parce que notre bourgeoisie nationale est pour une grande partie entièrement tournée vers l'étranger de par son éducation et sa culture. Tous ces gens qui naissent dans des cliniques privées de Cocody ou Marcory, fréquentent à Mermoz ou à Blaise Pascal, font leur université en France, en Angleterre ou aux États-Unis, s'habillent à l'européenne, connaissent mieux Sarcelles que Yopougon, s'intéressent plus à la vie des rappeurs américains qu'aux stars du coupé-décalé, tombent malades dès qu'ils vont au village, parlent couramment anglais mais zéro baoulé, dioula ou bété. Un grand nombre d'entre eux ont des parents ou grands-parents métisses, certains sont des descendants directs de grands esclavagistes du passé.
Sa jeunesse se caractérise d'ailleurs par un rare niveau de bêtise, d'inculture, de paresse, d'ennui et d'imbécilité – il suffit de voir le nombre de répétiteurs qui défilent dans ces résidences surveillées – alors que la jeunesse de nos quartiers populaires brille par ses nombreux talents, sa créativité et sa joie de vivre.
Il est extrêmement rare de voir cette bourgeoise prendre la moindre initiative pour développer le pays. Son gagne-pain consiste bien plus à se trouver une place près d'une mangeoire, à la tête de ministères ou de multinationales étrangères, pour prélever sa « commission » partout où elle le peut, que de chercher à créer quoi que ce soit. Il s'agit d'une classe purement parasitaire.
On le voit, il ne faut pas compter sur ces gens-là pour développer le pays et le mener sur la voie d'une indépendance vraie.

Les Blancs eux-mêmes ne se sentent pas indépendants

Mais là encore, la question ne se trouve pas vraiment à ce niveau. Aujourd'hui, on voit aux États-Unis qu'une part de plus en plus importante de la population et une majorité de la jeunesse est convaincue du fait que son pays n'est pas indépendant. Qui aurait donc contraint les États-Unis à la domination ? Dans toute une série de pays d'Europe aussi, on voit des mouvements parler de lutte pour l'indépendance de leur pays. D'où cela vient-il ?
Dès qu'on parle d'indépendance, on touche en fait à la question de la démocratie. Qui décide dans le pays ? Le fait qu'aujourd'hui, même dans les pays occidentaux les plus puissants et censément les plus démocratiques au monde, la population ait l'impression que sa voix ne compte pas et que tous les schémas électoraux sont déjà décidés d'avance à sa place par un petit groupe, nous montre bien que le problème fondamental n'est pas la nationalité de nos dirigeants.
La réalité est que partout sur Terre, les grandes décisions économiques et politiques sont prises par les riches et les puissants qui contrôlent l'économie des États. Les grandes banques, les grands établissements financiers, non seulement financent les États et les gouvernements, qui dépendent entièrement d'eux, mais aussi les grandes entreprises qui luttent pour le contrôle des marchés et des ressources sur la planète. Quand bien même donc on arracherait aux patrons étrangers en Côte d'Ivoire tous leurs avoirs pour les redistribuer à des patrons à 100 % ivoiriens, rien ne changerait. La masse de la population continuerait à payer son loyer et son riz trop cher, pendant que les salaires resteraient bas et qu'un petit cercle de riches déciderait de la politique de notre gouvernement à la place du peuple. Peut-on vraiment parler d'une véritable indépendance dans ce cas ?
Il n'y a pas d'indépendance politique sans indépendance économique. La seule manière dont le peuple pourrait s'assurer que sa voix soit entendue, est que ce même peuple reprenne en mains l'ensemble des secteurs stratégiques de l'économie (y compris les banques et les grandes entreprises de transport, de communications, de fabrication, les grandes propriétés immobilières et terriennes, etc.) pour les gérer de façon collective et démocratique. Cela serait un premier pas radical vers l'établissement d'une société sans classes dans notre pays, d'une « république des pauvres », dans laquelle tous les cadres de l'administration, des entreprises et du gouvernement ne recevront pas plus que le salaire moyen d'un travailleur. Ce n'est que de cette manière qu'on pourra assurer l'élection de gouvernements véritablement démocratiques qui représenteront véritablement l'aspiration des masses, en accord avec notre culture et notre façon de voir.