lundi 21 novembre 2016

États-Unis : Vers quatre ans de chaos et de luttes

Pour une résistance de masse, créons un nouveau parti du peuple, par le peuple !


Mercredi 9 novembre, beaucoup de gens ont été choqué d'apprendre, dès leur réveil, la nouvelle de l’élection de Donald Trump, un des plus grands bouleversements politiques de mémoire vivante aux États-Unis et ailleurs dans le monde. Cette élection vient clore tout un cycle électoral où la population états-unienne s'est dressée contre l’aristocratie politique et les effets destructeurs de la mondialisation et du néolibéralisme. Cela s’est exprimé tant à gauche – avec la campagne de Bernie Sanders qui a galvanisé des millions de personnes avec son appel à une « révolution politique contre la classe des milliardaires » – qu'à droite, bien que de façon déformée, avec la campagne de Donald Trump.


– Déclaration du groupe Alternative socialiste, section du CIO aux États-Unis



Trump ne s’est pas seulement présenté comme le défenseur autoproclamé des « hommes et des femmes oubliés » dans les quartiers ouvriers. Il a également mené une campagne ouvertement chauviniste et sectaire, à un point jamais égalé dans l'histoire récente de la part d'un candidat d'un des deux principaux partis du pays. Trump a créé un climat politique qui a encouragé les nationalistes et suprématistes blancs (Ku Klux Klan et compagnie) à sortir de leurs cachettes pour tenter d’atteindre les travailleurs et les jeunes blancs mécontents. Il s’agit là d’un tour très dangereux dans la situation politique de notre pays.

Cependant, nous rejetons totalement l’idée, mise en avant sans relâche par les commentateurs libéraux qui cherchent à détourner l’attention de l’échec cuisant du Parti démocrate, comme quoi ce résultat aurait démontré que la majorité de la classe ouvrière blanche partage le racisme et la xénophobie de Donald Trump. En réalité, Hillary Clinton a bel et bien remporté le scrutin, avec une étroite avance. Trump n’a obtenu que 47,5 % des voix exprimées, mais a pu être élu par le système de scrutin indirect dans lequel les « grands électeurs » jouent un rôle crucial. Pendant ce temps, des dizaines de millions de personnes parmi les plus pauvres et les plus opprimés n’ont pas voté.

Le vote pour Trump était avant tout un vote de rejet de Clinton et de la classe dirigeante ; il s’agissait d’un vote pour le « changement » contre une représentante affirmée du statu quo. Trump s'en est pris au « système politique figé », aux entreprises qui délocalisent les emplois à l'étranger… de nombreuses personnes se sont retrouvées dans ce discours. Ce qui faisait cruellement défaut dans ces élections était une voix de gauche pour défendre une réelle alternative tout en luttant contre l'attraction du populisme de droite.

Notre groupe, Alternative socialiste, section du CIO aux États-Unis, se trouve du côté des millions de femmes dégoutées par l’élection d’un misogyne et qui considèrent ce fait comme un pas en arrière ; du côté des Latinos qui craignent que les déportations massives de travailleurs sans papiers atteignent des niveaux records ; du côté des musulmans et des Noirs qui craignent que le discours haineux de Trump n’encourage plus de violence et la croissance de forces d’extrême-droite.

Nous avons immédiatement appelé à la tenue de manifestations dans toutes les villes du pays pour exprimer la nécessité d'une solidarité entre les travailleurs et les opprimés afin de nous préparer à résister ensemble aux attaques de la droite. Nous sommes submergés depuis hier de demandes d’informations sur notre organisation. Nous devons commencer dès aujourd'hui à construire une véritable alternative politique qui représente réellement la majorité du peuple, contre les deux partis dominés par les grands conglomérats financiers et contre la droite. C'est la seule manière dont nous pouvons nous assurer de ne pas connaitre le même désastre en 2020.

Tout comme cela s'était produit en France après l'élection de Sarkozy,
des milliers de personnes sont descendues dans la rue le jour même pour
protester contre l'élection du nouveau président :
« Pas mon président »

Un choc pour la classe dirigeante

Il faut souligner que si le résultat de ces élections a constitué un choc, ce n'est pas seulement pour des dizaines de millions de progressistes parmi les travailleurs, les femmes, les immigrés, les personnes de couleur et les LGBT. L'élite dirigeante des États-Unis a été tout autant surprise, bien que pour des raisons différentes.

La majorité des capitalistes considèrent que Trump est incapable de régner. Il est certainement vrai que l’attitude d’intimidation de Trump, un personnage qui n'hésite pas à humilier publiquement ses adversaires et qui réagit à chaque léger différend par des messages véhéments sur Twitter, a plus à voir avec un comportement de dictateur. Même George Bush n’était pas aussi fièrement ignorant des affaires internationales. La classe dirigeante craint que la présidence de Trump ne soit potentiellement très dommageable aux intérêts de l’impérialisme états-unien et ce, au moment même où son autorité mondiale est en déclin, surtout au Moyen-Orient et en Asie, et qu’il est contesté par la Russie et, tout particulièrement, par un impérialisme chinois de plus en plus affirmé.

La classe dirigeante s’oppose fermement à Trump parce qu'il rejette l'ensemble des accords de libre-échange et des doctrines économiques capitalistes dominantes des quarante dernières années. La vérité est que la mondialisation est à l'arrêt : elle connait en ce moment un revers partiel. Le vote pour Trump partage certains traits avec le vote pour le Brexit au Royaume-Uni (lors du référendum pour quitter l’Union européenne). Ici comme là, on a vu s'exprimer un rejet massif de la mondialisation et du néolibéralisme par une grande partie de la classe ouvrière.

La classe dirigeante craint également que le racisme, la xénophobie et la misogynie de Trump ne provoquent des bouleversements sociaux aux États-Unis. Sur ce point, elle a entièrement raison. 

Plus important, l’aspect qui est sans doute le plus horrifiant pour la classe dirigeante (parmi laquelle on retrouve les dirigeants d’entreprise, la caste politicienne et les médias de masse qui les servent) est qu'il lui apparait désormais que la stratégie sur laquelle elle se reposait pour dominer la politique de ce pays par le système des deux partis semble bel et bien battue en brèche. À chaque élection, le processus des primaires avait été employé pour éliminer les candidats inacceptables pour les intérêts capitalistes. L’électorat n’avait alors plus le choix qu’entre deux candidats approuvés par la classe dirigeante. Quand bien même l'élite capitaliste en aurait préféré l’un à l’autre, elle pouvait vivre avec l'un comme l'autre. La population ordinaire n'avait qu'à choisir le « moindre mal », sachant que les autres candidats des petits partis n'avaient aucune chance de l’emporter.

Mais tout cela a changé en 2016. Tout d’abord, Bernie Sanders a récolté 220 millions de dollars (130 milliards de francs CFA) sans prendre un sou auprès des grandes entreprises, avant de manquer de peu la victoire contre Hillary Clinton au cours des primaires démocrates frauduleuses. Trump a également été largement évité par la « classe des donateurs » républicains. Il a même été rejeté par les deux derniers présidents républicains (Bush père et fils) ainsi que par le dernier candidat républicain (Romney).

Qui s'en souvient ? Il y a à peine un an, on annonçait encore que Jeb Bush
(le petit frère de l'autre) serait le candidat républicain face à Hillary.
Mais Trump (et les électeurs) ont chamboulé tous les petits calculs
de l'aristocratie politique

Les deux candidats les plus détestés

Il est stupéfiant que suite aux primaires, le choix qu’il restait était entre deux candidats les plus impopulaires de l’histoire récente. Les sondages de sortie des urnes ont montré que 61 % des électeurs avaient une opinion défavorable de Trump et que 54 % se disaient opposés à Clinton.

Durant les primaires, la direction du Parti démocrate a tout fait pour imposer Hillary Clinton, la candidate choisie par la classe dirigeante. Les sondages montraient pourtant que son opposant Bernie Sanders avait beaucoup plus de chances qu'elle de battre Trump. Cela montre qu’une couche importante de l’électorat de Donald Trump était ouverte à un véritable discours défendant les intérêts de la classe prolétaire, opposée à l'aristocratie financière et à sa politique libre-échangiste, tout en défendant l’instauration d’un salaire minimum de 15 $ de l’heure, un enseignement gratuit, un système universel de soins de santé ou encore des investissements massifs dans les infrastructures écologiques. Mais les dirigeants démocrates ont préféré risquer de perdre les élections plutôt que de se retrouvés engagés sur un programme qui répondait véritablement aux intérêts des travailleurs et des pauvres.

Tout aussi honteux, la plupart des dirigeants syndicaux ont accordé tout leur soutien et des millions de dollars à Clinton à l’occasion des primaires, alors qu’une importante couche de syndicalistes et plusieurs syndicats nationaux soutenaient Bernie Sanders. C'est ainsi que des directions syndicales ont contribué à soutenir la candidate de Wall Street contre un candidat favorable à la classe ouvrière.

Hillary Clinton, la candidate du capital, est ensuite entrée en campagne sérieusement endommagée. Si le scandale des e-mails du département d’État a attiré le plus d’attention médiatique, les révélations de Wikileaks ont également confirmé et souligné l’image que Sanders avait dépeinte d'elle pendant les primaires: celle d’une candidate domestiquée par Wall Street qui dit une chose au public et le contraire aux banquiers.

Les apologistes libéraux chercheront à blâmer la classe ouvrière blanche, les partisans de Bernie Sanders ou même les électeurs de Jill Stein pour ce résultat. Mais comme nous l’avons souligné à maintes reprises, cela fait longtemps que le Parti démocrate a cessé de faire semblant de défendre les intérêts de la classe prolétaire. Cela fait des décennies que ce parti met en œuvre ou appuie des mesures néolibérales pour mettre fin à l’aide sociale, soutenir l’incarcération de masse, instaurer l’ALENA (accord de libre-échange nord-américain) sous Bill Clinton ou encore sauver les banques alors que des millions de personnes perdaient leur maison sous Obama.

Après la crise économique de 2008-2009, la gauche a donné un sauf-conduit à Obama. Les démocrates contrôlaient le Congrès et n’ont guère aidé la classe ouvrière alors que se déroulait la pire crise économique depuis les années ‘30. Cela a ouvert la porte au Tea Party pour mobiliser contre les plans de sauvetage de Wall Street et capitaliser sur la colère ressentie contre les politiciens.

Mis sous pression par les 45 % de militants qui ont soutenu Sanders au cours des primaires démocrates, les démocrates ont adopté, lors de leur convention, leur plateforme la plus à gauche depuis 40 ans. Mais Hillary Clinton a par la suite centré toute sa campagne sur le seul message que Trump était un danger existentiel pour la République et que « l’Amérique est déjà grande ». Les donateurs de Clinton ne voulaient en effet pas qu’elle aborde des thématiques telles que celle du salaire minimum ou de la dette des étudiants. Il est vrai qu'Hillary n’avait pas une très grande crédibilité en tant que progressiste ; que pouvait-elle faire alors ? Eh bien ce qu’elle a fait, ça a été de prendre pour colistier Tim Kaine, un partisan farouche du traité transpacifique (TPP) et de la dérégulation bancaire, au lieu de choisir quelqu’un avec une crédibilité de « gauche » comme Elizabeth Warren. Elle a également refusé de promettre de ne pas nommer dans son administration des employés de Goldman Sachs. Ce faisant, elle a totalement désespéré des millions de personnes avides de réels changements.

Il n’est donc pas surprenant que Clinton n’ait pas suscité le moindre enthousiasme pour une plus grande participation des électeurs. Ni Trump ni Clinton n’ont obtenu 50 % des voix exprimées. Et, même si Clinton a obtenu une part très légèrement supérieure du vote populaire, elle a tout de même obtenu dix millions de voix qu'Obama en 2008 et six millions de voix de moins qu’Obama en 2008 (pour sa réelection). Les voix de Trump étaient inférieures d’un million à celles du candidat républicain malheureux de 2012 Mitt Romney !

Comme l’a souligné le magazine de gauche Jacobin : « Clinton n’a remporté que 65 % des électeurs latinos, alors qu'Obama avait convaincu 71 % d'entre eux il y a quatre ans. Cette mauvaise prestation, elle l'a réalisée face à un candidat dont le programme comprend la construction d’un mur le long de la frontière sud des États-Unis, un candidat qui a lancé sa campagne en qualifiant les Mexicains de “violeurs” ! Clinton, “la première candidate femme”, n'a remporté que 34 % du vote des femmes blanches non dipômées, et à peine 54 % des votes de l’ensemble des femmes, alors qu'Obama avait obtenu 55 % des votes des femmes en 2012. Alors que, là encore, Clinton était opposée à un candidat qui est apparu dans une vidéo où il parlait de saisir les femmes “par la chatte”. Clinton n’a pas non plus suscité le moindre enthousiasme de la part des électeurs noirs, dont beaucoup n’ont pas participé aux élections. Et elle a perdu dans les quartiers ouvriers blancs, là où Barack Obama l'avait emporté haut la main lors des deux précédentes élections. »

L’establishment démocrate a joué un jeu dangereux au cours de ces élections, et il a perdu. Ce seront les travailleurs, les communautés de couleur et les femmes qui paieront le plus lourd prix de leur échec.

Alors que la communauté noire, les latinos, les femmes… craignent pour leur
avenir sous Trump, Clinton est incapable de susciter le moindre engouement

Bernie Sanders aurait dû se présenter

Nous avons assisté ces dernières années à une profonde polarisation politique aux États-Unis. D'un côté, on voit parmi la jeunesse un intérêt grandissant pour l’idée du socialisme ainsi que le mouvement Black Lives Matter (« Les vies des Noirs comptent ») ; au même moment, la xénophobie et le racisme se développent ouvertement parmi une minorité de la population. Mais la tendance générale dans la société américaine est un décalage vers la gauche, qui s’exprime dans un soutien au mariage homosexuel, à la hausse du salaire minimum et à plus de taxes pour les riches. L'élection de Trump ne change pas cette réalité sous-jacente, même si elle place clairement la droite aux commandes de l'État, avec le contrôle de la présidence, des deux chambres du Congrès et de la majeure partie des administrations d'État.

Une grande partie de la classe ouvrière et de la classe moyenne blanches ont, lors de cette élection, décidé d'exprimer leur rejet total non seulement du Parti démocrate, mais aussi des pontes du Parti républicain. Des dizaines de millions de personnes cherchaient un moyen de s’opposer à l’élite capitaliste, bien que de manière déformée. Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur la hausse du soutien aux idées d’extrême-droite parmi une minorité de la population, mais il est révélateur, par exemple, que les sondages de sortie des urnes aient montré que 70 % des gens trouvent que les immigrés sans papiers « devraient disposer d’un statut juridique », alors que 25 % d'entre eux soutiennent le fait que ces immigrés devraient être déportés.

C’est pourquoi le fait que Bernie Sanders ne se soit pas présenté est une véritable tragédie. Dès le moment où celui-ci a émis l'idée de se lancer dans la course à la présidentielle, en septembre 2014, nous avons exhorté Sanders à se présenter en tant que candidat indépendant. Quand il a décidé de se présenter aux primaires démocrates malgré tout, nous étions en désaccord avec lui, ce qui ne nous a pas empêché d'entrer en discussion avec ses partisans sur la manière de concrétiser son programme et au sujet de la nécessité de créer un nouveau parti.

Nous avons averti à de nombreuses reprises du fait qu'il serait dangereux d'accorder le moindre soutien à Hillary. L'histoire a malheureusement confirmé notre point de vue. Si Sanders s'était présenté comme candidat indépendant, comme nous l’avions demandé ainsi que beaucoup d’autres militants, sa simple présence aurait radicalement changé le caractère de la course présidentielle. Il aurait presque certainement franchi tous les obstacles pour s'imposer dans les débats présidentiels. À présent, il nous faut convenir de la formation immédiate d’un nouveau parti populaire pouvant compter sur les millions de votes que Sanders aurait pu et dû recevoir. Car c'est une très importante occasion qui a été manquée.

Notre groupe Alternative socialiste a soutenu Jill Stein, la candidate du Parti écologiste, qui a reçu un peu plus d’un million de voix en défendant une plateforme essentiellement centrée sur les intérêts de la population laborieuse. Même si sa campagne comportait beaucoup de limites, en dépit de celles-ci, le nombre de votes qu’elle a reçus démontre, de manière restreinte, l’énorme potentiel qui existe pour le développement d’une alternative de gauche de masse.

Bernie Sanders s'est comporté en « militant loyal » en s'inclinant devant
la candidate Hillary suite à une primaire truquée dès le départ, au lieu de se
présenter et de… gagner. Un incroyable manque de conséquence.

Une présidence de chaos et de luttes

L’élection de Donald Trump est une catastrophe qui aura de nombreuses répercussions négatives. Mais il s’agit aussi d’une phase dans le processus actuel de bouleversement politique et social aux États-Unis. Le capitalisme et ses institutions sont discrédités comme peut-être jamais auparavant. Ce facteur s'est fait sentir jusqu’à la toute fin de la campagne électorale, avec le FBI qui s’est interposé dans le processus politique et Trump qui a accusé sans relâche le système politique d'être « figé ».

Il y aura forcément un sentiment de désespoir généralisé parmi une certaine frange de la gauche, de même que l'impression que toutes les tentatives de faire avancer la société sont inutiles. Il est pour nous indispensable de disperser une telle atmosphère. Comme Bernie Sanders l’a souligné à maintes reprises, les véritables changements ne peuvent provenir que de la base, des mouvements de masse, sur les lieux de travail et dans la rue.

La victoire de Trump représente le « fouet de la contrerévolution ». Le chaos et les provocations pousseront des millions de personne à l’action dans la défense de leurs droits. C’est pourquoi toutes les personnes qui se sont radicalisées au cours de la dernière période doivent redoubler d’efforts pour construire un véritable mouvement de masse pour le changement, en toute indépendance du contrôle exercé par les grandes entreprises. Les mouvements sociaux de ces dernières années, comme Black Lives Matter, démontrent le potentiel existant.

Il nous faut également bien garder en tête que Trump va inévitablement décevoir ses partisans. Le fait de « construire un mur » ne créera pas des millions d'emplois pour remplacer ceux qui ont été perdus du fait de l’automatisation et des accords commerciaux. Et bien qu’il parle d’investir dans « l’infrastructure du XXIe siècle », il s’est également engagé à opérer des réductions d’impôt massives pour les milliardaires tels que lui. Un mouvement de masse contre Trump devra faire directement appel à la classe ouvrière blanche en expliquant comment nous pouvons créer un avenir où tous les jeunes disposeront d’un avenir décent plutôt que d’approfondir la division raciale dans une tentative futile de recréer le « rêve américain ». Et cet avenir ne peut être atteint qu’au moyen d'une politique socialiste.

Notre groupe continue à porter le flambau de la « Révolution politique contre
la classe des milliardaires » initiée par Sanders



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