jeudi 5 mai 2016

Nigeria : Réunion du Comité national du Mouvement socialiste démocratique (2)

Le Comité national du DSM débat de la crise au Nigeria et dans le monde


Suite et fin de notre rapport de la réunion du Comité national (CN) du Mouvement socialiste démocratique (DSM, section du CIO au Nigeria) qui s'est déroulée du 16 avril au 17 avril, et à laquelle ont participé près de 60 camarades représentant 13 sections du DSM au niveau national, en plus de plusieurs travailleurs du port de Lagos en lutte contre les licenciements. (La première partie du rapport se trouve ici)


DEUXIÈME SESSION (samedi après-midi)

Situation internationale

Le camarade Abbey Trotsky, dans son introduction sur la situation internationale, a révélé l'ampleur de l'échec du capitalisme partout dans le monde, ainsi que la trahison de la part de partis réformistes dans toute une série de pays. Dans plusieurs pays, cette situation a suscité une nouvelle conscience politique qui s'oriente de plus en plus vers l'alternative socialiste. Aux États-Unis, nous avons connu la réélection de notre camarade Kshama Sawant au conseil de la ville de Seattle ; en Irlande, trois de nos camarades ont été élus au parlement national. On a aussi le phénomène Sanders aux États-Unis, de même que l'arrivée surprise de Jeremy Corbyn à la tête du Parti travailliste britannique. Cela montre bien que la trahison des dirigeants de Syriza en Grèce n'a pas découragé les couches de la population au Royaume-Uni, en Amérique et en Espagne de soutenir de nouvelles forces de gauche qui sont perçues comme luttant contre l'austérité et le règne des milliardaires.

Le monde gémit sous les pieds dévastateurs du capitalisme mondial. Sur tous les continents sans exception, la population est tiraillée par de véritables requins qui s'accaparent l'ensemble des richesses nationales ou mondiales et qui soumettent l'humanité à une souffrance et à une misère sans fin.

Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, toute l'ampleur de la crise du capitalisme est illustrée par les guerres horribles qui ont défiguré cette région, dont l'épicentre est la Syrie, et dont les tentacules prennent la forme de groupes djihadistes tels que l'État islamique et ses succursales. Cette catastrophe a engendré une crise des réfugiés sans précédent en Europe et particulièrement en Allemagne, le pays le plus concerné par cet afflux de réfugiés.

D'un autre côté, partout dans le monde, la classe prolétaire est en train de résister, comme on le voit avec les nombreux mouvements qui ont éclaté dans tous les pays du monde.

En réalité, les crises et les guerres démontrent l'incapacité et l'échec du capitalisme à proposer des solutions permanentes à la montagne de problèmes qui s'accumule sur l'humanité. Plutôt que de proposer une solution à tous ces problèmes, le capitalisme ne fait que déplacer les problèmes, nous plongeant encore plus dans la crise. Tout cela a pour résultat que maintenant, de très nombreuses personnes parmi le prolétariat – et même parmi la haute bourgeoisie – ont déjà tiré la conclusion que le capitalisme est en train de vivre ses derniers instants.

L'Europe n'a toujours pas récupéré de la récession économique qui a affligé le monde en 2007-2008. Des pays très importants comme la France, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, sans même parler de la Grèce, sont plongés dans la crise économique et connaissent des taux records de chômage.

Même aux États-Unis, où il semble y avoir eu une reprise économique au moins de façade, avec notamment une baisse sensible du chômage, la réalité est que la crise a engendré plus d'inégalités et que la situation continue à s'aggraver pour les masses.

La Chine avait joué un rôle très important en 2007-2008 en permettant à l'économie mondiale de continuer à tourner et en entretenant les voraces appétits capitalistes notamment dans les pays néocoloniaux. Mais à présent, c'est la Chine elle-même qui est en train de sombrer dans le marasme, sans espoir d'obtenir la moindre aide extérieure. L'intervention massive, d'une ampleur inégalée dans l'histoire, de l'État chinois dans son économie avait été possible du fait qu'une partie très importante de l'économie du pays reste sous le contrôle de l'État, en plus de l'immensité du pays.

À présent, le monde néocolonial, qu'on considérait il y a peu comme autant de « marchés émergents », le grand espoir de l'économie mondiale, est en devenu le marché « submergé ». Beaucoup de ces pays connaissent des troubles de grande ampleur, conséquence directe du ralentissement de l'économie en Chine et de la baisse soudaine des cours du pétrole.

L'Amérique latine souffre du ralentissement de l'économie chinoise comme tout le reste du monde néocolonial. Le Brésil, qui était le plus grand espoir des pays « BRICS », connait maintenant sa plus grave récession économique depuis les années '1930. Le chômage est monté en flèche : plus d'un million de personnes ont perdu leur travail en moins d'un an. Cette situation est aussi un produit de la crise en Chine. Les derniers sondages ont révélé que Dilma Roussef est le président le moins apprécié de toute l'histoire du Brésil depuis la fin de la dictature militaire en 1985.

En Afrique aussi, l'échec du capitalisme à développer le continent de manière équilibrée peut se voir dans la tendance générale des bourgeois locaux à investir uniquement dans la finance, l'immobilier ou des produits qui peuvent se vendre immédiatement sur le marché (comme les denrées alimentaires ou les matériaux de construction) plutôt que de chercher à opérer des investissements sur le long terme qui pourraient les mettre en concurrence avec les monopoles occidentaux. Ces bourgeois locaux jouent en général le rôle d'agents locaux ou d'intermédiaires pour le capital étranger, sans chercher à développer leur propre État-nation.

En ce moment, le gouvernement sud-africain s'apprête à mettre en place une politique d'austérité drastique, à cause de la récession qui menace et de la hausse de la dette étatique, conséquences, à nouveau, du ralentissement de l'économie chinoise. Au Nigeria, c'est la chute des cours du pétrole en plus de la corruption et des détournements de haut vol qui font qu'un grand nombre de fonctionnaires et de pensionnés ne reçoivent plus ni salaire ni pension depuis des mois et des mois. Au Ghana, ce revirement économique a là aussi brisé l'espoir de millions de personnes qui pensaient que la découverte de nouvelles matières premières, comme le pétrole, allait permettre une amélioration déterminante de leur mode de vie.


Le point tournant

Beaucoup de partis politiques bourgeois qui existent depuis des dizaines d'années sont en train de perdre leur base partout dans le monde. C'est là l'expression du dégout ressenti par les prolétaires des différents pays. Cette évolution est la conséquence de l'échec du capitalisme mondial à résoudre les problèmes auxquels est confrontée l'humanité.

Au Royaume-Uni, l'élection surprise de Jeremy Corbyn à la tête du Parti travailliste signifie que ce pays est entré dans une nouvelle période de soubresauts politiques. Il est important de comprendre que ce n'est pas l'élection de Corbyn qui a créé ce sentiment, mais qu'elle n'est justement que l'expression du sentiment bien enraciné de rejet de l'austérité et des dirigeants sociaux-démocrates de droite, qui s'est développé tout au long des dernières années.

Un des plus importants évènements illustrant ce sentiment de rejet des partis traditionnels par les masses est l'élection de trois camarades du CIO au parlement irlandais. Leur élection a très certainement confirmé la justesse de l'orientation politique adoptée par la section irlandaise du CIO. De la même manière, le flux croissant de mécontentement parmi les masses prolétaires aux États-Unis a créé un immense potentiel de croissance des idées socialistes, illustré par l'élection de Kshama Sawant, le soutien à Bernie Sanders, mais également la croissance impressionnante des forces du CIO aux États-Unis. Cependant, même si tout cela semble très prometteur, il est important de ne jamais oublier que l'on ne peut obtenir de nouvelles avancées si on ne prend pas le temps de consolider les avancées déjà obtenues.

Des camarades sont ensuite intervenus pour critiquer la nouvelle sujétion du Nigeria à l'impérialisme chinois, l'ampleur abjecte de la corruption révélée par les « Panama papers », et la manière dont tous les derniers évènements sont en train d'ouvrir des fissures et des failles au sein de la classe dirigeante. La perspective de voir éclater de nouvelles luttes est présente partout, et pas seulement dans des pays comme le Nigeria ou l'Afrique du Sud qui sont fortement touchés par la crise. Même en Côte d'Ivoire, un pays qui bénéficie de la hausse du prix du cacao et de la baisse du prix du pétrole, des luttes peuvent éclater justement du fait que la nouvelle prospérité économique affichée ne profite pas à la population.

Dans sa conclusion, le camarade Lanree Arogundade est entre autres revenus sur la théorie de Lénine, selon laquelle il faut quatre éléments pour obtenir une révolution socialiste : 1) la classe dirigeante ne parvient plus à diriger comme elle le faisait avant et des déchirements éclatent en son sein ; 2) la classe moyenne est en ébullition ; 3) la classe ouvrière affiche une volonté claire de partir au combat et s'organise pour ce faire ; 4) la classe ouvrière est dirigée par un état-major formé et déterminé sous la forme d'un parti révolutionnaire doté d'une stratégie et d'une tactique correctes. Sur les quatre conditions de Lénine, nous voyons que seule la quatrième manque aujourd'hui au Nigeria et dans de nombreux pays. Il a également expliqué que la révolution mondiale se rapproche de plus en plus, surtout vu l'interdépendance grandissante de tous les pays du monde, et étant donné le caractère internationaliste de notre organisation.



TROISIÈME SESSION

Rapports des sections et de nos campagnes

Le premier rapport organisationnel a été donné par le camarade Chinedu Bosah, sur l'impact de nos activités dans la lutte des médecins et des enseignants pour de meilleurs salaires et dans les luttes contre les licenciements à l'Institut national de recherche sur le cacao, contre les violences et le racket policier, contre la hausse du prix de l'électricité, aux côtés des travailleurs d'entreprises privées (IPWA, La Casera, etc.), etc. tout en informant les camarades de toutes ces victoires obtenues tant sur le plan légal que politique. Il a suggéré que les camarades partagent les rapports de toutes ces luttes sur les réseaux sociaux tout en les encourageant à plus utiliser nos sites internets en tant qu'outil pour atteindre un plus grand public avec nos idées et les résultats de nos actions.

Le deuxième rapport a été donné par le camarade Taiwo Soweto sur la construction du Parti socialiste du Nigeria (SPN). Le camarade a décrit le sabotage conscient opéré par la CEI pour nous empêcher d'enregistrer notre parti officiellement, ainsi que ses tentatives répétées de trouver un « arrangement » en coulisses afin d'éviter un procès judiciaire. Nous avons été chargés d'utiliser le SPN pour intervenir dans toutes les luttes des travailleurs et de la jeunesse. Nous devons aussi utiliser le SPN pour intervenir, partout où c'est possible, dans de futures élections, en propageant notre programme pour une alternative socialiste auprès de la population, que nous parvenions à être reconnus ou non.

Le troisième rapport a été donné par le camarade Michael Lénine, de la section estudiantine de l'université Obafemi Awolow de Ile-Ife (200 km de Lagos), sur les interventions de nos camarades dans les luttes étudiantes partout dans le pays, avec aussi des conférences de presse, des partages de tracts et des collages d'affiches, des ventes de notre journal et l'organisation d'actions de masse parmi les étudiants. Il a suggéré une extension de l'école d'été de notre Campagne pour le droit à l'enseignement ; d'autres mesures ont été adoptées par les camarades concernant des initiatives pratiques visant à unifier l'ensemble des poches de lutte dans le secteur de l'enseignement.

Le camarade Pelad a donné un rapport financier de notre organisation, rappelant la nécessité pour toute organisation révolutionnaire de rendre des comptes en permanence à sa base. Un total de 27.560 naïras (80 000 francs CFA) a été rassemblé par les camarades à l'issue de la réunion, tandis que les promesses de dons se sont élevées à 69.500 naïras (210 000 francs CFA). Cet argent doit servir à soutenir la publication de notre journal ainsi que de nos brochures, en plus de financer notre campagne pour faire enregistrer le Parti socialiste du Nigeria auprès de la CEI.


La réunion s'est terminée par des chants de solidarité.


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