lundi 14 mars 2016

CI : Attentat de Grand Bassam

Non au terrorisme ! Non à l'impérialisme ! Non à la psychose sécuritaire ! Non à la division religieuse et ethnique ! Oui à la liberté !


Le CIO-CI condamne avec la dernière énergie l'attentat de Grand Bassam, le dernier d'une déjà trop longue série d'attentats terroristes commis en Afrique et dans le monde au nom du « djihad ». Le peuple ivoirien doit garder la tête froide et refuser de tomber dans le jeu de la division qui nous est imposé par les forces réactionnaires religieuses ou non : notamment, nous devons refuser le discours antimusulman, en affirmant avec force que le terrorisme islamiste n'a rien à voir avec les aspirations ni avec les intérêts des populations musulmanes du monde entier. Les seules personnes qui tirent un bénéfice de ce genre de choses sont les marchands d'armes et les compagnies de sécurité ainsi que les politiciens de droite et les apprentis dictateurs de tout poil.

Seule une lutte unie contre le terrorisme, le racisme et contre le fondamentalisme religieux, et contre l'impérialisme, nous permettra de nous libérer de ce genre d'actes absurdes. Nous devons démontrer aux terroristes que leurs méthodes et leurs discours ne sont pas et ne seront jamais acceptés par la population ivoirienne, du Nord comme du Sud. Ils doivent être isolés politiquement. La première étape pour atteindre ce but est d'appeler à une grande marche nationale contre le terrorisme, contre l'impérialisme et pour la liberté. Nous convions toutes les forces de gauche et les syndicats à prendre contact avec nous en ce sens.

CIO-CI

D'où viennent les islamistes ?

Le terrorisme islamiste n'est pas le fait de quelques fous décérébrés. Il est en réalité le fruit d'un discours idéologique bien étoffé, partant du constat que partout dans le monde, l'Occident impose sa loi, ses valeurs et sa culture en même temps qu'il impose ses entreprises par la force des armes et qu'il pille les richesses des pays sous sa domination. C'est particulièrement le cas dans les pays musulmans qui ont le plus souffert de la domination de l'impérialisme ces dernières décennies.

Le fondamentalisme islamiste est, dans les faits, une création de l'impérialisme occidental : en Palestine, le Hamas a été soutenu par l'État capitaliste israélien pour diviser les Palestiniens qui jusque là étaient principalement guidés par Yasser Arafat et l'Organisation de libération de la Palestine (nationalistes de gauche). En Afghanistan de même, les talibans ont été armés et encadrés par les États-Unis afin de contrer l'avancée soviétique. Partout, le nationalisme arabe de gauche (bien que limité par son caractère petit-bourgeois et l'influence stalinienne) a été remplacé par l'islamisme d'extrême-droite réactionnaire.

En Afrique aussi, de nombreuses populations se sentent marginalisées et escroquées par l'impérialisme occidental qui, depuis la colonisation, ne fait que piller leurs pays. Rappelons d'ailleurs que les premières révolutions musulmanes en Afrique (qui ont donné naissance aux États du Fouta Djallon, du Massina, de Sokoto, du Borno, sans compter la rébellion de Sékou Touré en  Côte d'Ivoire) étaient des mouvements populaires de masse contre le colonialisme et l'esclavagisme. C'est dans cette tradition que veulent s'inscrire les djihadistes modernes. Cependant, la société a beaucoup évolué depuis le 18e et le 19e siècle !

Les djihadistes pensent lutter contre les valeurs imposées par l'Occident, identifié comme une source de corruption, en nous faisant revenir à des valeurs qu'ils jugent plus « pures » : la soumission totale de la femme devant l'homme, l'interdiction de l'alcool, des appareils de divertissement moderne (radio, télévision…), des livres autres que le Coran, l'application de sanctions extrêmement dures à l'encontre des voleurs et des infidèles (mutilations, fouet, etc.)… C'est un modèle de société extrêmement réducteur qu'ils nous proposent pour nous purger des valeurs et de la culture soi-disant apportées de l'extérieur. Et toutes les personnes qui ne sont pas immédiatement d'accord avec eux sont des traitres, des ennemis à abattre ! 

Cependant, le terrorisme islamiste est utopique à sa racine. Car les méthodes employées sont totalement repoussantes. De plus, le terrorisme islamiste est l'ennemi des travailleurs, des prolétaires et des révolutionnaires partout dans le monde, car il renforce le soutien de la population à l'appareil sécuritaire de l'État bourgeois. Lorsqu'à tout moment des terroristes peuvent surgir pour tirer sur des innocents, les citoyens cherchent une sécurité auprès de la police et de l'armée de l'État… ou de l'armée française ! Mais c'est extrêmement dangereux. Car l'État et l'impérialisme cherchent toujours à profiter de cette situation pour accroitre leur surveillance sur les citoyens, les syndicalistes et les dirigeants des mouvements sociaux. Les forces militantes de la société civile se retrouvent donc prises au piège entre la menace terroriste et l'appareil sécuritaire d'un État qui tend de plus en plus vers la dictature.


Qui profite du terrorisme ?

De nombreuses forces ont aussi intérêt à diviser le peuple en cherchant à pointer du doigt « les musulmans » comme étant responsables de cette crise. Nous devons nous opposer de toutes nos forces aux discours démagogiques de division et de haine, contre tous les pasteurs et nationalistes sudistes qui vont chercher à promouvoir les soi-disant vertus chrétiennes, contre tous ceux qui vont à nouveau chercher à dépeindre la Côte d'Ivoire comme un pays menacé par les étrangers venus du Nord !

Il faut aussi que tout le monde comprenne bien que ce n'est pas en tuant un ou deux Blancs sur une plage que l'on cassera l'emprise de l'impérialisme sur l'économie de notre pays. À ce jour, les multinationales françaises contrôlent 40 % de l'économie ivoirienne. Sans parler des entreprises américaines, néerlandaises, marocaines, turques, chinoises… Si on tue un ou deux cadres ou patrons blancs, le seul effet sera que les Blancs se barricaderont dans leurs quartiers résidentiels et renforceront la sécurité dans leurs hôtels et restaurants. Mais à aucun moment cela ne découragera les grands patrons des multinationales d'investir en Côte d'Ivoire ! Ceux qui gagneront seront les entreprises de sécurité privée, les chefs de la police et de l'armée. Ceux qui perdront seront les petits vendeurs, petits restaurateurs, artisans et artistes qui tirent leur principale source de revenus du tourisme et de la fréquentation d'acheteurs étrangers.

D'ailleurs, loin d'aider la Côte d'Ivoire à se libérer du carcan français, cet attentat ne va faire qu'encourager la France à déployer ses troupes un peu partout dans le pays, avec ou sans mandat de l'ONU pour les couvrir. Tout comme l'armée française a été déployée dans toutes les rues de France suite aux attentats de Paris, il faut s'attendre à voir se renforcer la présence militaire française dans nos rues d'Abidjan. Comme au Mali, comme au Niger, comme au Tchad… Une fois de plus, les Africains vont se voir forcés d'accepter que « les Blancs viennent les sauver ».

Le terrorisme se nourrit du désespoir des masses des pays les plus pauvres de la planète, ceux qui ont le plus souffert de l'impérialisme et de la guerre, les plus marginalisés, les plus aliénés. Beaucoup d'entre leurs militants sont d'ailleurs des candidats au suicide, ce qui montre bien l'étendue de leur désespoir. En Côte d'Ivoire aussi, beaucoup de ressortissants musulmans qui ont été entrainés dans la rébellion au nom de la défense des peuples du Nord, se sentent trahis et ont envie de prendre leur revanche sur les dirigeants du RDR et des FN qui les ont délaissés sitôt arrivés au pouvoir. Et avec la grande quantité d'armes présentes partout sur le territoire… 

La seule manière de lutter contre le terrorisme est de lutter contre l'impérialisme. Cela ne peut se faire qu'en mettant en place une véritable politique de rupture avec le capitalisme, en nationalisant l'ensemble des secteurs stratégiques de notre économie, sous le contrôle des travailleurs et d'instances populaires démocratiquement élues au niveau des villages et des quartiers. 

En attendant, nous devons démontrer au monde entier que le terrorisme réactionnaire n'est pas accepté chez nous, ni en Afrique, ni dans le monde ! Le premier pas dans cette direction est d'appeler à une marche organisée par l'ensemble des syndicats et de la société civile, contre le terrorisme, contre la division, contre l'impérialisme et pour la liberté.

Plus jamais ça !

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