dimanche 20 septembre 2015

Monde : crise des réfugiés en Europe

Défendons le droit d'asile !
Unissons-nous contre l'austérité et pour un monde meilleur pour tout le monde !


Des millions et des millions de personnes ont été chassées de chez elles, contraintes de fuir et de vivre dans des conditions dégradantes face à la brutalité des forces de l'État et des milices sectaires, mettant leurs vies en danger alors qu'elles ne cherchent que la sécurité ; voici la réalité des guerres qui sont les conséquences d’une dizaine d’années d'interventions étrangères et impérialistes dans le Proche-Orient et des défaites qu’ont connu les révolutions de 2011. Les vagues de réfugiés qui abandonnent leurs maisons et leurs vies d'avant sont le résultat de tout ceci. La majorité des dirigeants du monde sous-estiment la crise humanitaire d'un tel nombre de réfugiés. Près de 6 millions et demi de Syriens sont réfugiés en Syrie même ; 4 autres millions sont réfugiés à l’étranger. De plus, il y a des réfugiés en provenance d'Iraq, de Libye, du Yémen, d'Afghanistan, de Somalie et d'autres zones de guerre.

Des centaines de milliers de personnes sont arrivées en Europe à la recherche d’un refuge et d’un avenir, affrontant souvent des voyages dangereux, confrontés à la brutalité des États et à l'exploitation des passeurs. Alors que la situation empire chaque jour, de plus en plus de réfugiés sont morts cette année en essayant de survivre aux gouvernements, particulièrement ceux d’Union européenne. Et cela engendre une réaction. 

– Robert Bechert, Comité pour une Internationale ouvrière

Un nombre croissant d'Européens sont indignés par le désastre humain au Moyen-Orient, dans la Méditerranée et en Europe du Sud. Cette colère, spécialement envers le nombre de morts, a forcé quelques gouvernements à prendre des mesures pour aider certains réfugiés fuyant la guerre dans leurs pays. Mais cette concession limitée n'est pas la conséquence d'un changement de la mentalité des élites capitalistes. Sans la colère populaire envers le mauvais traitement des réfugiés, rien de tout cela n'aurait changé.
 
Pendant des mois, les gouvernements européens ont résisté fermement à l’idée d’accueillir les réfugiés. Plus tôt cette année, la mission de secours Mare Nostrum de l'Union européenne a été remplacée par l'opération Triton, bien plus limitée. Le principe en est de rendre le passage en mer plus difficile pour les réfugiés et pour les candidats à l’immigration. 

Selon le gouvernement du Royaume-Uni, Mare Nostrum était un « facteur incitant », qui encourageait les gens à tenter d'atteindre l'Europe ; dès lors, le parlement britannique a estimé en octobre dernier que « ces mesures d'urgence devraient être arrêtées à la première occasion ». En d'autres mots, l’idée de ces politiciens était d'augmenter le risque de couler et de réduire la chance d’obtenir des secours, afin de laisser les réfugiés hors de l'Europe. Bien sûr, cela ne s'est pas produit. En avril 2014, 42 migrants se sont noyés alors que Mare Nostrum était encore en fonctionnement ; mais en avril de, le nombre de migrants morts dans les eaux de la Méditerrannée s’est élevé à 1308.
 
Mais le gouvernement britannique n’était pas le seul à exprimer ouvertement cet avis. Le gouvernement allemand, qui bénéficie aujourd'hui d’un certain soutien dans l'opinion pour son approche différente, a entièrement soutenu la fin de Mare Nostrum parce que, comme le ministre allemand de l'Intérieur l'avait alors affirmé, « Mare Nostrum était une intervention d'urgence qui constituait un pont vers l'Europe ». Berlin voulait détruire ce « pont »  pour les réfugiés.
 
À présent, le gouvernement allemand semble être le plus généreux dans son accueil aux réfugiés syriens. Mais cela n'est que temporaire. En réalité, ce gouvernement est tout aussi hypocrite que les autres gouvernements capitalistes. Alors qu'il permet l'arrivée de réfugiés depuis la Hongrie, Berlin a simultanément demandé à Rome d'imposer des vérifications aux frontières à Brennero sur la frontière entre l’Italie et l’Autriche, dans une tentative de limiter le nombre de migrants arrivant de ce côté. Il est désormais clair que tant l'Allemagne que l'Autriche vont chercher à organiser quelque chose de similaire sur les frontières des pays de l'Est.
 
Quelques jours avant que les réfugiés en Hongrie aient reçu le droit d'arriver dans la région de Bavière (sud-est de l’Allemagne, à la frontière avec l’Autriche et la Tchéquie), a été ouvert le premier centre  « d'arrêt » et « de réception et de déportation », dont le but est de rapidement déporter les chercheurs d'asile vers une liste de pays que Berlin estime « sécurisés ». Le gouvernement régional bavarois veut que le Kosovo soit rajouté à la liste des « pays surs » – un pays qui est pourtant considéré comme un des plus corrompus d'Europe, où « il est impossible de trouver du travail sans avoir de bons contacts ».
 
  
Les revirements dans l’opinion publique
 
Alors que le revirement de l'opinion publique a eu un énorme impact sur ce que Merkel a fait, le gouvernement allemand a vu dans tout ceci une opportunité de réparer son image internationale, écornée à la suite du traitement brutal qu’a subi la Grèce, tout en contribuant au problème du vieillissement de la population allemande.
 
Déjà au début du mois d’aout, le président de la Fédération allemande de l'industrie (BDI) a appelé que plus de demandeurs d’asile soient acceptés en Allemagne. Ceci est la résultante de la baisse de la population allemande, qui est en train de devenir en moyenne plus vieille. En 2003, la population allemande a atteint le chiffre de 82,5 millions d’habitants, avant de redescendre à 80,3 millions de personnes en 2011. Depuis lors, elle a remonté à 81,1 millions l'année dernière, mais cela n'a pas été sur la base d’une immigration vers l'Allemagne ; le nombre de personnes détenteur de la nationalité allemande et vivant en Allemagne est toujours en chute libre, descendant à 73,6 millions l'année dernière alors qu’il était de 75,4 millions en 2004.
 
C’est ce contexte qui pousse un grand nombre de patrons allemands à vouloir plus d’immigrants, surtout des personnes expérimentées et des travailleurs professionnels. Le ministre allemand du Travail a été absolument clair : « Nous allons également tirer profit de tout cela, car nous avons besoin de l'immigration ». C'est ainsi que, lorsque Merkel a annoncé des mesures pour déporter rapidement les demandeurs d’asile arrivant depuis les Balkans, elle a aussi expliqué que « les gens de ces États qui peuvent prouver leur expérience de travail ou leur formation pourront travailler en Allemagne ». Il existe des rapports qui prouvent qu'un nombre important de ceux qui sont autorisés à entrer en Allemagne sont des personnes formées professionnellement. Le chroniqueur à l’économie de la BBC a rapporté que les hommes d'affaire britanniques se plaignent du fait que « Merkel est en train de recruter les demandeurs d'asile les plus utiles économiquement ».

Malgré ces spéculations économiques, pour la plupart des réfugiés, le gouvernement allemand apparait bien plus accueillant que les autres gouvernements qui refusent de prendre quelques (ou très peu de) réfugiés en provenance du Moyen-Orient.
 
Cependant, le traitement des réfugiés dans les pays capitalistes a toujours été fonction des intérêts de la classe dirigeante ou en réponse à la pression de l'opinion publique ou de mouvements de masse. Les puissances occidentales ont ratifié la convention sur les réfugiés de l'ONU en 1951 afin d'essayer de contrecarrer les répercussions politiques négatives de leur politique de limitation stricte des réfugiés de la période d’avant la Seconde Guerre mondiale qui fuyaient le nazisme et d’organiser une propagande contre les restrictions en vigueur dans les États staliniens.
 
Mais aujourd'hui la classe dirigeante ne peut pas simplement revenir à la situation d'avant 1939 lorsque, par exemple, presque tous les pays à la conférence d'Évian de 1938 qui avait été convoquée par le président américain Roosevelt, ont échoué à proposer la moindre avancée dans l'offre d'asile pour les réfugiés juifs qui quittaient l'Allemagne nazie. Cette expérience passée est la raison pour laquelle l'obligation de défendre et d’étendre le droit d'asile pour les victimes de la guerre et des persécutions est devenue tellement importante. De plus, en Allemagne et en Autriche vit le souvenir du nombre énorme de réfugiés qui sont venus après la Seconde Guerre mondiale (8 millions en Allemagne de l'Ouest et 4 millions en Allemagne de l'Est). C’est pourquoi les conditions terribles et critiques de certains réfugiés a poussé des millions de personnes à exiger qu'on leur apporte une aide immédiate ; ce qui a contraint l’Europe occidentale à assouplir sa politique en matière d’accueil des réfugiés.
 
Il est intéressant ici de montrer le très petit nombre de réfugiés syriens légaux qui ont été acceptés par les autocraties d'Arabie saoudite et du Golfe, pays qui ont formé et armé plusieurs groupes djihadistes : tout au plus 33 Syriens dans les États du Golfe (Koweït, Qatar, Bahreïn, Émirats-arabes-unis). Cette année encore, l'Arabie saoudite a accordé à peine 18,4 millions de dollars (10 milliards de francs CFA) à la mission de l'ONU en Syrie, bien moins que le Koweït qui a lui envoyé 304 millions de dollars (175 milliards de francs). Même si quelques critiques en ce sens ont été émises dans les médias occidentaux, personne ne semble y accorder la moindre. La raison en est que les impérialistes occidentaux comprennent bien qu'un afflux de réfugiés pourrait mettre en difficulté les élites dirigeantes locales, ce que les puissances occidentales désirent clairement éviter.
 
Mais en Syrie, où la situation est véritablement catastrophique, surtout avec la montée en puissance de l’État islamique et le nombre croissant de combattants, le nombre de personnes fuyant le pays est passé de 11 000 personnes par jour en 2010, à 42 000 personnes par jour l'année passée. Beaucoup se sont senties piégées dans les pays voisins, enfermées dans des camps de fortune et sans aucun permis de travail.
 
Dans ce contexte, la question immédiate est comment apporter un soulagement aux populations qui fuient la guerre au Moyen-Orient et ailleurs. Dans beaucoup de pays, il existe un fond de sympathie envers ces immigrés ; beaucoup de personnes se demandent ce qu'ils pourraient faire. Beaucoup d'argent, de nourriture et d'autres objets ont été collectés pour les réfugiés.
 
Le mouvement ouvrier doit mener une lutte pour exiger que les réfugiés obtiennent le droit d'asile, tout en aidant et en organisant l'aide et en encourageant les réfugiés à s'organiser eux-mêmes. Mais en même temps il faut un programme concret reprenant ce qui peut être fait pour aider les réfugiés à s’installer et expliquant où trouver les ressources nécessaires à la mise en place de cette aide. À moins que cela ne soit fait, certaines forces tenteront d’instrumentaliser la situation en disant que les réfugiés s’accaparent les ressources de la population qui les accueille. Tandis que bon nombre de réfugiés ont reçu un accueil chaleureux de la part de beaucoup de gens en Allemagne, des groupes d'extrême-droite attaquent les centres d’asile de façon presque quotidienne, et il semble que cela ne soit qu'une question de temps avant que l’on n’ait des morts.
 

Une campagne pour de meilleures conditions pour tous
 
Dans une situation ou il y a déjà un manque de travail décent, de logement, de places dans les écoles et dans les hôpitaux, l’arrivée soudaine de dizaines de milliers d’immigrés va inévitablement causer des tensions parmi la population, à moins que le mouvement ouvrier ne mène une campagne pour de meilleures conditions pour tous.
 
Il y a déjà des signes de ressentiment dans les pays les plus pauvres de l'Union européenne, que ce soit en Europe centrale ou orientale devant le fait qu’une aide est accordée gratuitement aux réfugiés ; il y a aussi des craintes que les réfugiés ne deviennent eux-mêmes une nouvelle source de main-d’œuvre bon marché qui ferait pression sur les salaires perçus par les travailleurs d'Europe centrale et orientale travaillant en Europe occidentale.
 
En Hongrie, le Premier ministre de droite, Viktor Orban, lui-même sous la pression de la montée du parti d'extrême droite Jobbik (« Alliance des jeunes de droite »), a adopté une rhétorique mêlant des discours antiimmigrations avec l'exploitation de la mémoire historique des invasions de l'empire Ottoman (Turquie) il y a plusieurs siècles de cela. Selon Orban, les frontières doivent être renforcées parce que « Nous ne voulons pas d'un grand nombre de Musulmans dans notre pays » ; il demande aussi « N’est-il pas inquiétant en soi de constater que la chrétienté européenne est à peine capable de faire en sorte que l’Europe demeure chrétienne ». 

Cette démagogie antiimmigration se répète dans d'autres pays : par exemple, le président tchèque Zeman a déclaré récemment aux immigrés « Personne ne vous a invités ici – si vous n'aimez pas l’accueil que nous vous faisons, allez voir ailleurs ». Mais en Hongrie, on ne se contente pas que des mots contre les immigrés : la force a également été utilisée contre eux, ce qui n’a fait qu’augmenter les voix dans les autres pays qui appellent à ce que les réfugiés soient admis.
 
Dans beaucoup de pays, la découverte de 71 cadavres dans un camion en Autriche et la photo d'un enfant noyé ont suscité un sentiment que quelque chose doit être fait. À Vienne, plus de 20 000 personnes ont marché le 31 aout pour exiger que les réfugiés reçoivent l'asile. Comme en Allemagne, une vague énorme de sympathie et souvent d’aide concrète a accueilli les réfugiés arrivant en Autriche.
 
Ceci est très remarquable dans un pays où l'extrême-droite, le parti antiimmigrant FPÖ (Parti de la liberté d’Autriche), est régulièrement cité dans les derniers sondages d’opinion comme le plus grand parti du pays. L’opinion est aujourd’hui telle en Autriche que le FPÖ se voit contraint de faire tête basse. Ce parti d'extrême-droite attend à présent l’occasion de démontrer que les immigrés posent un problème en termes de logement, de travail, de places dans les écoles… Déjà ce parti clame le slogan « aider nos propres pauvres » (des Autrichiens), dans le cadre de la campagne pour l’échéance importante des élections régionales à Vienne (la capitale) le mois prochain.
 
La sympathie seule ne suffit pas ; elle peut de plus se tarir, surtout dans le cadre de l’arrivée d’une nouvelle crise économique. Il est urgent que l’ensemble de la gauche entame une campagne autour d’un programme concret capable de contrer l’inévitable propagande antiimmigration de la droite. Un tel programme doit apporter des réponses claires aux problèmes du logement, de la nourriture, de la langue, du travail, etc. et ceci, dans un langage qui répondra aux craintes des habitants des pays concernés. Un bon début serait de bloquer l’entrée des entreprises qui exploitent les réfugiés. En Allemagne, l'entreprise qui fournit le plus grand nombre d'habitations aux réfugiés est une entreprise privée, Européan Homecare, qui a été décrite par le journal économique allemand Handelsblatt comme étant une entreprise extrêmement profitable.
 
Il faut un programme socialiste afin de contrer la politique du « diviser pour mieux régner » à l’échelle internationale. Déjà, nous avons vu tout au long de la crise grecque la manière dont les politiciens capitalistes ont exploité le bas niveau de vie en Europe centrale et orientale pour mobiliser leur opinion nationale contre toutes les concessions données à la lutte du peuple grec contre l'austérité. De la même manière, les politiciens de droite vont à présent s’efforcer de mobiliser les populations européennes contre les réfugiés afin de détourner la colère contre le capitalisme, alors que l’économie stagne et menace d’une nouvelle récession. Tout cela ne fera qu’ajouter au climat de tension au sein de l’Union européenne.
 
En agissant maintenant, nous pouvons obtenir des améliorations immédiates. On peut obtenir des réformes par la lutte de masse (ou la menace de lutte). Après 1945, le capitalisme s’est vu contraint d’accorder de très importantes réformes en Europe, parce qu'il se trouvait sous la pression gigantesque du soutien énormément accru pour les idées socialistes en guise de réponse à la guerre et au fachisme. La peur d'une révolution a forcé les classes dirigeantes à effectuer un très grand nombre de concessions.
 
Manifestation de soutien aux réfugiés, à Londres

Prendre en compte les besoins de la population locale comme ceux des réfugiés
 
Le mouvement des travailleurs doit mettre en avant des exigences concrètes afin de lier ensemble les besoins de la population locale et ceux des réfugiés. 

Prenons par exemple le logement (en tenant compte du fait que notre argumentation ci-dessous vaut également en ce qui concerne l'emploi, les places dans les écoles, etc.) : On a de gros problèmes pour loger les réfugiés, alors que de nombreux pays d'Europe connaissent déjà une véritable crise du logement.

Pourtant, l'année passée, le journal britannique The Guardian a rapporté qu'il y a 11 millions de maisons vides en Europe. À Vienne, on trouve en ce moment 80 000 maisons vides. De plus, dans beaucoup de villes, il y a des espaces de bureaux vides qui pourraient servir à apporter rapidement une aide d'urgence. Même si ces bureaux ne se trouvent pas forcément aux endroits les plus appropriés, ils pourraient immédiatement servir de logements aux réfugiés. 

Au Royaume-Uni, pendant la Seconde Guerre mondiale, l'État avait utilisé des propriétés vides pour reloger temporairement les familles dont le domicile avait été bombardé. Des actions similaires doivent être entreprises à présent pour loger tant les sans-abri « nationaux » que les réfugiés. En Grèce, en Italie et dans d'autres pays, il faut mettre en place des centres de réinstallation d’urgence. Ces mesures ne doivent pas être financées par les gens qui souffrent déjà de l'austérité, mais bien par les entreprises et capitalistes qui profitent de la crise au Moyen-Orient, ainsi que par les élites du Moyen-Orient elles-mêmes. La nationalisation de ces entreprises et des richesses des élites arabes devrait permettre de dégager beaucoup de ressources qui pourraient être utilisées immédiatement.
 
Mais la crise du logement n'est pas simplement celle de populations qui grandissent. De nos jours au Royaume-Uni, le manque croissant de logements, s'il est en partie le résultat d'un accroissement de la population et de flux migratoires internes, provient surtout du fait que la construction de bâtiments, et en particulier de logements publics, est pour ainsi dire à l’arrêt dans le pays depuis des décennies. 

En 1953, sous un gouvernement conservateur, on construisait 245 000 logements publics au Royaume-Uni. Mais ensuite, dans le cadre des mesures d’austérité néolibérales, les gouvernements conservateurs et travaillistes qui se sont succédé ont coupé dans les budgets de construction, réduisant à à peine 130 le nombre de logements publics construits en 2004. Même si on a connu un certain mieux depuis, le nombre de logements publics construits en 2013 n’était que de 2080, soit moins de 1 % de ce que l’on faisait en 1953 ! Pourtant, aujourd’hui, on entend dire au Royaume-Uni que le pays est trop peuplé pour loger tous ces réfugiés. 

La réponse du mouvement ouvrier devrait être : « Oui, il y a une crise du logement, mais elle est surtout le résultat de la politique du gouvernement ; il nous faut un nouveau plan de construction de logements sociaux ». Si l’on combine cette approche à la nationalisation des propriétés des entreprises immobilières et des grands propriétaires, cela nous permettrait de planifier une politique socialiste capable de loger décemment tout un chacun.
 
C’est aux classes dirigeantes des pays impérialistes et du Moyen-Orient que doit revenir la facture pour le logement des réfugiés et pour la reconstruction du Moyen-Orient. C’est à eux à payer, car c’est leur système et leur politique qui sont responsables de la crise actuelle – que ce soit en conséquence des interventions impérialistes en Iraq et en Libye ou du financement de groupes djihadistes par l'Arabie saoudite et les États du Golfe. La crise des réfugiés n'est pas une simple tragédie ; il ne s'agit pas d'une catastrophe inévitable. Ces millions de réfugiés ne fuient pas une catastrophe naturelle, mais les conséquences de la guerre et de la contrerévolution.
 
Les réfugiés ne sont pas responsables des pénuries artificiellement créées par
le capitalisme. Exemple de logement vide au Royaume-Uni :
« Ces maisons ne sont ni à vendre, ni à louer, veuillez ne pas entrer »

Les pays impérialistes portent la plus grande responsabilité 
 
Ce sont les classes dirigeantes des pays impérialistes qui portent la plus grande responsabilité de la situation actuelle. Historiquement, ce sont les impérialismes anglais et français qui ont redécoupé les frontières du Moyen-Orient et qui y ont créé la plupart des États modernes. Puis, de concert avec l'impérialisme américain, ils ont travaillé à maintenir leur contrôle sur leurs alliés locaux. Les plus grands bénéficiaires de cette situation sont les compagnies pétrolières et les usines d’armement. En 2014, l'Arabie saoudite était le plus grand importateur d'armes au monde, à hauteur de 6,4 milliards de dollars (3700 milliards de francs CFA), soit 10 % des dépenses en armement mondiales.
 
Mais ce n'est pas d'un marché capitaliste « ordinaire » que les grandes entreprises ont profité. Il y a un an, l’ambassadrice européenne en Iraq, Jana Hybášková, a informé le comité du parlement européen sur les Affaires étrangères que certains pays européens (non cités) achetaient du pétrole en l'Iraq et finançaient l’État islamique. Elle a refusé de citer des noms. Comme d'habitude pour le capitalisme, le profit passe avant les droits de l’homme et les droits démocratiques.
 
Cependant, lorsque les intérêts de l'impérialisme sont menacés, il intervient, souvent soudainement, en mettant en avant des enjeux soi-disant démocratiques qui leur servent de caution. Tant qu’ils n’agissent pas en sens contraire aux intérêts de l’impérialisme, les despotes locaux peuvent rester aussi longtemps au pouvoir qu’ils le veulent. Ainsi, Saddam Hussein ne s’est jamais opposé à l’Occident ; il a même reçu énormément de soutien pour sa guerre de 1980-88 contre l'Iran. Jusqu'à ce qu'il envahisse le Koweït en 1990…
 
Plus que n’importe qui, les impérialismes anglais et américain portent la responsabilité immédiate de la crise actuelle au Moyen-Orient. L'invasion américano-britannique de 2003 en Iraq a déclenché une réaction en chaine qui, en l'absence d'un mouvement des travailleurs iraqiens eux-mêmes, a engendré une division sectaire, la violence et la guerre civile. Tout en luttant pour le droit d’asile, il nous faut exiger des programmes d’urgence financés par les riches et par ceux qui profitent de l'exploitation du Moyen-Orient.
 
Nous voyons aujourd’hui certains éléments au sein des nations impérialistes qui cherchent à exploiter la crise des réfugiés comme une excuse pour justifier une nouvelle intervention dans la région. Prétextant vouloir résoudre la crise, la France a annoncé qu'elle va commencer à bombarder la Syrie, alors que le gouvernement britannique a commencé lui aussi des attaques de drones, et considère demander l’appui du parlement pour plus de bombardements. Mais ceci n'endiguera pas le flot de réfugiés syriens : on ne fera que causer encore plus de morts. Ces frappes ne feront aucune différence stratégique dans une situation qui a désormais échappé au contrôle direct de l'impérialisme occidental. Le but de Paris et de Londres est de préparer l’opinion publique à la possibilité d’une nouvelle intervention, plus large encore, et de chercher à reprendre un certain « contrôle » sur les évènements.
 
En tant que socialistes, nous sommes clairs sur le fait que seule une action unie de la classe des travailleurs et des pauvres du Moyen-Orient peut mettre un terme à la guerre civile, désarmer les forces sectaires, renverser les tyrans, gagner des droits démocratiques et briser la chaine de l'impérialisme et du capitalisme. Nous avons eu dans les révolutions qui ont commencé en 2011 en Afrique du Nord et au Moyen-Orient un aperçu de la force qu’ont les travailleurs lorsqu’ils réclament le changement. 

Il est tragique de constater que beaucoup de ces opportunités de 2011 ont étés gâchées, parce que ces mouvements de masse n'avaient pas de programme clair sur la façon d’atteindre leur but. Afin d’éviter que ceci se passe à nouveau, il faut s’atteler à la construction de mouvements prolétariens indépendants armés d’un programme et d’une stratégie socialistes. De tels mouvements pourraient mettre un terme aux divisions sectaires, à la guerre, à la répression et à la pauvreté, en luttant pour un monde libéré de l’exploitation capitaliste, dans lequel l’utilisation des ressources du monde entier sera planifiée démocratiquement dans l’intérêt des masses de l'humanité et pas des classes dirigeantes.

De plus en plus de gens dans le monde sont victimes de la guerre et de la misère
engendrées par le capitalisme. Les signes de l'urgence d'une lutte internationale
pour un autre système.





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