mercredi 26 novembre 2014

Burkina : un mois après la chute de Blaise

De nombreuses questions restent posées


Bientôt un mois depuis que Blaise Compaoré est tombé au Burkina, chassé par une révolte populaire sans précédent dans l'histoire de ce pays. Ce mouvement a mis un terme à 27 ans de dictature sanguinaire et fait perdre à l'impérialisme un de ses plus surs soutiens dans la sous-région. Avec la mise en place d'un gouvernement de transition à charge d'organiser les élections d'ici un an, on a vu les différentes forces se positionner et beaucoup de choses se clarifier.

Cependant, beaucoup de points d'interrogation demeurent, et notamment la question de quelle alternative construire aujourd'hui, dans le Burkina d'après-Blaise. Il convient également d'attirer l'attention sur certains dangers qui risquent de se poser pour le mouvement populaire, et de discuter de l'orientation et des formes d'organisation à adopter pour continuer la lutte, en plus de la question de ce que signifierait une « prise du pouvoir » pour les révolutionnaires que nous sommes.

Dossier par Jules Konan (CIO-CI), en partenariat avec nos reporters au Burkina Faso

Avant-propos :

Dans cet article, nous allons beaucoup nous servir des déclarations des dirigeants du Balai citoyen après la victoire de la première phase de la révolution burkinabée. Ces déclarations serviront de base à la discussion et à l'argumentation développées dans cet article, afin de mettre en avant les points que nous jugeons positifs, et de critiquer les points que nous jugeons négatifs. Cela, afin de contribuer à la discussion quant au progrès de la révolution burkinabée. Que les partisans du Balai ne se formalisent donc pas de ces « critiques » : nous sommes tout autant qu'eux convaincus que le Balai citoyen est une des meilleures organisations de lutte qui existent en ce moment au Burkina Faso, et nous avons beaucoup d'estime pour ses dirigeants. Ce texte vise à servir d'ouverture au débat que nous aimerions mener avec les militants des diverses forces de l'opposition burkinabée, pas seulement avec le Balai d'ailleurs.


Petit bilan un mois après la chute de Blaise

Après la chute de Blaise, l'armée qui avait assumé brièvement le pouvoir à la demande populaire, a rapidement organisé un comité à charge d'élire un président de la transition. Les membres de ce comité étaient issus des partis, des syndicats, de la société civile, des chefferies traditionnelles, etc. Les critères de sélection incluaient des termes tels que « être de bonne moralité », « être reconnu professionnellement », « ne pas avoir soutenu publiquement le projet de modification de l'article 37 », « ne pas être candidat pour la présidence d'après-transition », etc. Le choix s'est naturellement porté sur Kafando – un diplomate de haut vol, diplômé de plusieurs grandes écoles et universités européennes, ambassadeur du Burkina auprès de l'ONU depuis 16 ans, très bien introduit donc auprès de la “communauté internationale”. Une personne qui a toujours été dévoué au régime “blaisiste”, anti-sankariste et anti-communiste notoire. Bref, un candidat bourgeois pour reprendre les rênes de l'État bourgeois et rassurer l'impérialisme. Nul doute qu'une belle promotion lui sera réservée par les patrons à la fin de sa mission.

En même temps, la même soi-disant “communauté internationale” a une fois de plus affiché son hypocrisie. Comme le disait Sams'K Le Jah du Balai citoyen dans son interview parue le 12 novembre sur le site lefaso.net, celle-ci n'a pas levé le petit doigt pendant toutes ces années où Blaise s'amusait à chipoter la Constitution ; la seule “intervention” a été l'appel du pied discret de François Hollande qui promettait à Blaise un parachute doré dans l'une ou l'autre institution internationale au cas où il laisserait tomber ; et voilà que tout à coup, la même “communauté internationale” débarque sur tous les fronts pour s'écrier qu'il est inadmissible qu'un militaire (même plébiscité par le peuple) puisse diriger le pays, qu'il faut absolument un « pouvoir civil ». On est où là ? Enfin, il y a une petite amélioration par rapport à la Tunisie, lorsque Sarkozy proposait à Ben Ali son soutien militaire pour mater la révolution qui s'annonçait !

Ensuite, on a vu les soi-disant (ex-)“opposants” politiques et de la société civile s'engager dans un véritable cirque, d'abord le lendemain de la prise du pouvoir par l'armée en cherchant à s'imposer à la RTB avant de laisser tomber ; puis le lundi 17 novembre en s'entre-déchirant en public comme des charognards pour savoir à qui reviendraient les divers postes de l'administration depuis qu'un grand coup de balai a été donné au sein de la machine d'État. Tous ces gens qui n'avaient aucunement participé au mouvement, dont les discours timorés n'ont jamais osé formellement appeler Blaise à dégager, préférant se plaindre de “déficiences démocratiques” ou que sais-je, qui n'ont jamais représenté quoi que ce soit d'autre qu'eux-mêmes, se jettent maintenant sur la mangeoire étatique enfin libérée. Le lion parti, les hyènes sont à la fête !

Pendant ce temps, l'armée s'accroche au pouvoir en la personne du lieutenant-colonel Zida qui s'impose en tant que Premier ministre, malgré les protestations des “amis de la démocratie”. Le gouvernement de transition compte d'ailleurs plusieurs militaires, même si ceux-ci ont depuis décidé de s'habiller en “civil”. Beaucoup de ces militaires sont eux aussi d'anciens soutiens de Blaise. On n'a d'ailleurs évité que de justesse la nomination de Sagnon au gouvernement !

Alors, si l'on parle de lutte contre la corruption et de nettoyage de l'administration, il ne fait aucun doute que les “réformes” dores et déjà annoncées dans l'économie viseront à renforcer la politique néolibérale menée par l'ancien chef. Et que tout cela ne présage rien de bon pour la “continuité de l'État”. Restons vigilants !



Un retour à la « normalité » pour une « vraie émergence » ?

Dans une interview parue le 13 novembre sur le site burkina24.com, Smockey déclarait ceci : « Je rêve d’un pays qui retrouve la normalité après 27 ans de dictature et de règne sans partage, que le pays puisse enfin avoir des institutions qui fonctionnent normalement et que le citoyen lambda puisse enfin rêver d’un possible développement et d’une vraie émergence, au contraire de ce qu’on nous a vendu pendant des années alors que la triste réalité était la pauvreté d’un grand nombre. »

Nous apprécions ce rêve de Smockey et je pense que tous seront d'accord avec l'idée d'une « vraie émergence ». Cependant, il faut bien se rendre compte que dans les conditions du Burkina Faso actuel, ce rêve restera un rêve. D'ailleurs, les rêves sont parfois trompeurs !

Lorsque Smockey parle de « retrouver la normalité après 27 ans de dictature », de quelle « normalité » parle-t-il ? De celle qui était en vigueur avant ces 27 ans de dictature ? Ou bien parle-t-on des quatre courtes années de régime révolutionnaire sankariste ? – difficile de présenter cela comme la « normalité ». Est-ce alors que l'on parle des 24 années de régime militaire et d'instabilité politique qui ont précédé ? En fait, c'est malheureux à dire, mais c'est pourtant bien ça qui est la « normalité » pour un pays capitaliste néocolonial et sous-développé comme le Burkina Faso / Haute-Volta.

D'ailleurs, même le modèle démocratique qui nous est régulièrement présenté comme étant la « normalité » pour les pays capitalistes avancés (France, États-Unis, etc.) est lui aussi remis en cause aujourd'hui depuis des années et en particulier avec l'arrivée de la “Grande Récession” qui ravage l'économie mondiale depuis 2007. Aujourd'hui aux États-Unis comme en France, on tue des manifestants, on arrête des syndicalistes, on voit une recrudescence des régionalismes, du racisme, de l'ethnicisme, la vie politique est confisquée par une poignée de partis politiques déconnectés du peuple et des masses, les scandales de corruption se multiplient, et les ressources de l'État sont dilapidées au profit des grandes banques et des grandes entreprises, tandis que la population est appelée à « patienter » et à se serrer la ceinture. Dans le monde actuel, c'est bien malheureux, mais la « normalité » tend justement de plus en plus à être la mise en place de régimes dictatoriaux autoritaires comme on le voit en Russie, en Chine… ou en Côte d'Ivoire.

Il est temps aujourd'hui (surtout en Afrique) que l'on se rende enfin compte que la « normalité » démocratique tant vantée, avec l'alternance des pouvoirs, la limitation des mandats, la liberté de parole, etc. n'était en réalité que le fruit de la situation « anormale » qu'a connue l'Occident dans les années '60 et '70, sur base d'une croissance économique jamais vue dans l'histoire, de l'existence d'organisations très puissantes de la classe des travailleurs (syndicats et partis socialistes – au moment où ceux-ci représentaient encore quelque chose), et dans le contexte de la Guerre froide où l'URSS, malgré tous ses défauts et ses limitations qui l'ont finalement menée à sa perte, offrait un modèle alternatif d'une société dépourvue des fléaux capitalistes tels que le chômage ou le manque de logements, phénomènes devenus si banals dans nos sociétés capitalistes que plus personne ne se pose la question de leur provenance.

C'est cette situation anormale en régime capitaliste qui a forcé les patrons de l'Europe et de l'Amérique à faire des concessions majeures à leurs populations en termes de libertés et de niveau de vie – autant d'« acquis » qui non seulement ne sont pas venus d'eux-mêmes, mais au prix de dures luttes (au sortir de la Seconde Guerre mondiale mais encore après en Belgique en 1960, en France en 1968…), et que la classe dirigeante occidentale veut maintenant récupérer en mettant ses propres pays à feu et à sang.

Bref, le capitalisme aujourd'hui n'a aucun intérêt à voir triompher la démocratie. A-t-on vu les États-Unis accorder le moindre soutien aux manifestants de Hong Kong ? Si l'impérialisme occidental a tellement insisté sur le fait qu'il voulait voir un “civil” à la tête du Faso, c'est parce qu'il veut être sûr d'y voir un de ses agents, financé par lui, contrôlable, et permutable à tout moment, plutôt qu'un militaire qui serait par nature beaucoup plus difficilement déboulonnable au cas où celui-ci déciderait de prêter une oreille trop attentive à la voix populaire.

Leur premier réflexe sera de mettre en place des institutions devant servir à racheter et contrôler les dirigeants de l'opposition et des divers organes de la société civile, tout en assurant la présence d'une machine de répression forte capable de couper court à toute velléité d'émancipation populaire qui sorte “du cadre des négociations”, assorti de médias qui ne manqueront pas de critiquer ces “impatients” ou “égoïstes”, “trop gourmands”, “irresponsables” qui, en “réclamant trop”, risqueraient de dissuader les “partenaires étrangers” d'“investir” dans le pays.

L'émergence que le capitalisme nous prépare au Burkina, comme en Côte d'Ivoire, c'est une “émergence” à l'indienne ou à la chinoise, une émergence de la bourgeoisie locale en partenariat “gagnant-gagnant” avec l'impérialisme, sur le dos de la population réduite à la misère et à un état proche de l'esclavage, une émergence des inégalités extrêmes propres au capitalisme à son stade de putréfaction actuelle.

Heureusement donc que les cibals et leurs alliés préviennent déjà que « la lutte continue » et qu'ils désirent renforcer et structurer les divers mouvements afin d'assurer la mise en place d'une « veille citoyenne ».

De quelle « normalité » parlons-nous ?!

L'armée

Un grand débat s'est engagé autour de la pertinence de l'appel qui aurait été fait par le Balai citoyen et le CAR (Comité anti-référendum) à prendre le pouvoir. Smockey et Sams'K Le Jah se sont déjà longuement expliqués à ce sujet. D'après ce qu'il ressort de leurs interviews, leur principal souci au moment des journées du 30 et du 31 octobre était de voir Blaise quitter le pouvoir en évitant un bain de sang qui aurait inévitablement entrainé la mort de nombreux militants de qualité. Ils avaient remarqué que les soldats semblaient sympathiser avec le mouvement de contestation et hésitaient à ouvrir le feu, et ont d'ailleurs très correctement appelé les soldats à rejoindre le mouvement, tout en expliquant aux manifestants que leur ennemi n'était pas le gendarme devant eux dans la rue, mais le politicien terroriste retranché à Kossyam ; qu'il fallait donc éviter toute provocation qui aurait pu faire tourner le mouvement au désastre.

Comme une division semblait s'être installée parmi l'état-major militaire quant à la route à suivre, vu les hésitations et ordres contradictoires donnés au cours de ces journées, la foule a commencé à appeler les généraux à se rebeller contre leur maitre. Les dirigeants de l'opposition du Balai citoyen et du CAR ont négocié avec certains membres de l'état-major pour les appeler à éviter le massacre, et c'est les militaires entre eux qui ont ensuite choisi Zida pour les représenter et assurer la vacance du pouvoir. Ensuite, la raison pour laquelle les dirigeants du Balai se sont tenus place de la Révolution devant la foule aux côtés des militaires, était parce que ces militaires craignaient d'être lynchés par le peuple en colère, alors que leur comparution était nécessaire pour lire la lettre de démission de Blaise.

Mais comme le dit Sams'K Le Jah : « Notre discours au Balai, c’est de dire que plus jamais l’armée au pouvoir après Blaise ; mais là, c’est circonstanciel. […] Si à la fin des discussions, on se rend compte que les militaires qu’on a appelés ne veulent pas nous écouter, en ce moment on peut commencer à fronder. […] De toutes les façons, il est clair que la révolution n’a pas été faite par l’armée. C’est le peuple qui a pris le pouvoir, et l’armée a aidé le peuple à abréger sa souffrance, à abréger le temps que cela allait prendre. En tout cas, le peuple était décidé à faire partir Blaise Compaoré. Et l’armée dans sa prise de position, a aidé à réduire le nombre de morts. Il aurait pu y avoir des centaines de morts, si l’armée était restée toujours du côté de Blaise. Il faut saluer cet esprit de l’armée qui a choisi d’être avec le peuple. Les militaires qui gèrent ces quelques jours de transition savent très bien que le même peuple est là. Le même peuple va redescendre dans la rue, si jamais il y a une tentative de confiscation du pouvoir. »

On peut donc très bien comprendre le souci : vu le fait que la population du Faso n'était pas organisée avec ses propres organes de pouvoir populaire qui auraient pu assurer le bon fonctionnement de la société indépendamment de l'État bourgeois ; vu que la classe ouvrière burkinabée est très faible, malgré la mobilisation exemplaire des syndicats de la fonction publique et des enseignants le 29 octobre ; vu l'absence d'un dirigeant des partis d'opposition qui fasse consensus au niveau de la population (et pour cause !) ; vu le fait que les simples soldats n'étaient pas organisés en comités de base ou n'avaient pas été préparés à ce faire au préalable ; vu enfin le fait que toutes les énergies étaient concentrées autour de la question du pouvoir de Blaise, et le souci de voir cette tâche “faite” le plus rapidement possible et au moindre cout en vies humaines, l'appel à une prise de pouvoir par l'armée peut se justifier, à certaines conditions.

La première de ces conditions est de bien se rendre compte qu'il existe un risque de confiscation du pouvoir par l'armée, surtout en l'absence d'une alternative “civile” qui fasse consensus, et que donc le mouvement populaire ne doit pas désarmer mais rester vigilant pour assurer le respect par l'armée de ses engagements. La seconde est la garantie qu'après le départ de Blaise, quel que soit le pouvoir mis en place, de larges libertés démocratiques soient conférées à toutes les organisations de la société civile afin de pouvoir mieux se structurer, s'étendre et s'organiser pour jouer correctement leur rôle de contre-pouvoir. La troisième est qu'il ne faut pas semer la moindre illusion parmi les masses dans le fait que les militaires pourraient être capables de gérer le pays d'une manière qui satisfasse la population et qui soit supérieure à la gestion par les “civils”.

Il convient de nuancer cette dernière affirmation. Effectivement, nous pensons que dans le contexte actuel, vu les fauves qui s'apprêtent à se hisser au pouvoir dès qu'on leur en donnera l'occasion, et qui ont été préparés depuis des années à cette fin par l'impérialisme (nous parlons de Zeph et de ses petits camarades), dont la carrière et l'avenir dépendent entièrement et uniquement de la bonne volonté de l'impérialisme, l'armée peut effectivement représenter un “moindre mal”. Comme nous l'avons dit plus haut, les militaires représentent un pouvoir structuré, tirant ses ressources directement du revenu de l'État, et dont le sort n'est qu'indirectement lié aux décisions prises par la bourgeoisie et en particulier par la bourgeoisie étrangère (impérialiste).

Le pouvoir militaire pourrait donc constituer un régime “débonnaire”, “à l'écoute du peuple”, qui serait capale de dire « non » lorsqu'il le faut face aux revendications les plus extrêmes de la part de l'impérialisme et notamment de s'opposer à la politique d'austérité néolibérale imposée depuis des décennies au Faso par les institutions telles que le FMI et la Banque mondiale. C'est ce que nous appelons un “régime bonapartiste”.

Cependant, il faut se rendre compte que cela ne serait qu'un “moindre mal”, mais pas un “bien”. L'armée reste attachée à un État qui est un État bourgeois, elle est elle-même dirigée par des gens qui font partie des élites bourgeoises du pays, et dont l'intérêt passe par la préservation du capitalisme. C'est-à-dire que les militaires au pouvoir se verraient de toutes façons contraints de céder du terrain face à l'impérialisme, de brader les ressources nationales, de maintenir les salaires à la baisse, et de restreindre les libertés d'organisation et de parole, tout en restant “à l'écoute” du peuple. Et cela, d'autant plus dans le contexte actuel de crise économique mondiale, où les marges sont extrêmement réduites en ce qui concerne le partage de quelques “miettes” du gâteau à la population (le gâteau s'étant lui-même réduit à la taille de miette).

C'est pourquoi, nous regrettons quelque peu les paroles de Sams'K Le Jah, dans la même interview du 12 novembre : « Il faut avoir confiance, même s’il est vrai qu’il y a des gens qui ne respectent pas leurs paroles. Il faut aussi savoir qu’il y a des gens qui respectent leurs paroles. Moi, je ne suis pas dans une logique de condamner quelqu’un avant qu’il ait posé un acte condamnable. Soyons patients, encourageons-les, il faut que le peuple leur donne un peu plus de confiance ; et ils doivent savoir que si le peuple leur fait confiance, ils ont intérêt à davantage mériter cette confiance. »

Or, il faut bien se rendre compte que dans le cadre du capitalisme, quelle que soit l'honneur et le sens de la parole donnée d'un dirigeant, ce dirigeant se verra contraint de briser cette parole, parce que ce système est tout simplement ingérable, et qu'il contraint forcément les dirigeants, si pas à la corruption et au mensonge, du moins à prendre des “décisions difficiles” qui vont à l'encontre du bien-être du peuple, au nom de “l'intérêt national”, qui est en fait celui d'un État qui reste soumis à la botte de l'impérialisme et du système financier international.

Nous sommes donc pour le transfert du pouvoir à des civils, mais dans le cadre de la mise en place d'un pouvoir populaire qui sorte du cadre du système capitaliste. En attendant, il ne faut pas accorder la moindre confiance dans les leaders de la soi-disant “opposition” bourgeoise (civile) qui ont déjà à maintes reprises révélé leur vrai visage et dont le CV au service de l'impérialisme est bien connu.


L'armée s'est jusqu'ici comportée de manière “exemplaire”
– mais ça peut changer

Les limites de la « veille citoyenne »

Smockey disait ceci le 14 novembre : « Je suis convaincu que si nous avions voulu du pouvoir, nous l’aurions eu. Si le Balai citoyen avait voulu du pouvoir, il l’aurait eu. Parce que nous étions presque les seuls sur le terrain. Nous avions discuté du pouvoir avec l’armée […] C’est dire qu’en ce moment-là, si le Balai citoyen avait eu envie d’occuper une place politique, nous l’aurions eue et nous le pouvons encore. Mais nous disons dans notre charte que les ambitions politiques sont proscrites. Contrairement à ce que certains veulent faire croire, nous voulions maintenir notre rôle de veille citoyenne, de sentinelle. »

Nous pensons que Smockey a raison et en même temps n'a pas tout à fait raison.

Le fait que le Balai citoyen se refuse à toute ambition politique peut poser problème car si le Balai refuse de prendre le pouvoir cela signifie qu'il laisse le pouvoir à d'autres, dont nous connaissons déjà la “valeur”. Il a d'ailleurs bien raison de ne pas leur faire confiance et d'appeler à maintenir la « veille citoyenne ».

Mais nous sommes déjà en mesure de garantir que quelle que soit la personne qui prendra le pouvoir en se hissant à la tête de l'État bourgeois néocolonial burkinabé, le Balai aura du travail ! Vu que cet État n'est rien d'autre qu'un panier de crabes et que la personne qui le gèrera sera en même temps appelé à gérer les intérêts de l'impérialisme dans le pays et dans la sous-région (le Faso demeurant le “hangar” de la Françafrique en Afrique de l'Ouest). C'est d'ailleurs pourquoi le Balai citoyen a bien raison de ne pas vouloir “prendre le pouvoir” en prenant le contrôle de cet État – cet État et ce système sont irrémédiablement pourris ; par conséquent, tout dirigeant du Balai, même animé des meilleures intentions, qui se retrouverait à la tête de cette machine, se verrait instantanément obligé de prendre des décisions allant à l'encontre de la volonté et du bien-être du peuple. Le Balai reste donc fidèle à ses engagements en refusant d'y participer.

Mais du coup, il devient clair que nous nous dirigeons vers une situation dans laquelle un gouvernement de faux opposants pro-capitalistes parviendront à la tête de l'État, prendront des mesures impopulaires, seront “balayés” par le Balai lorsque le peuple en aura eu marre, qui reprendra ensuite son rôle de « veille citoyenne » pendant qu'un nouveau serviteur de l'impérialisme prendra les rênes de l'État, prendra des mesures impopulaires, avant de se faire “balayer” à son tour… et ainsi de suite.

Bref : on ne sortira de ce petit jeu de balayage et re-balayage perpétuel que de deux façons : soit par la neutralisation totale du Balai, qui se fera par l'interdiction de ses réunions par la police et l'armée, voire par la corruption ou l'assassinat de ses dirigeants et de ses militants, ou encore par son intégration à l'appareil d'État en tant qu'institution, organe secondaire de pseudo-concertation populaire – tout comme la plupart des syndicats ont été intégrés à l'appareil d'État en Europe et en Amérique ; soit par la prise du pouvoir par une coalition révolutionnaire qui se dirigera résolument vers la sortie du système capitaliste.

Le système “rêvé” par Smockey, dans lequel serait maintenue une veille citoyenne qui constituerait un contre-pouvoir populaire ayant un droit de regard sur les dirigeants de Kossyam, serait donc profondément instable, voire utopique. Il ne s'agit pas de la lutte pour la “démocratie ” ni pour la “normalité” au Burkina, mais d'une lutte à mort entre deux camps : celui de la révolution et celui de la réaction, qui ne peut se solder que par la victoire finale et décisive de l'un ou de l'autre.

Mettre le mouvement “en veille”, jusque quand ?

Qu'entendons-nous par “prise du pouvoir” ?

Quand nous parlons de prise du pouvoir, nous ne parlons évidemment pas de nous mettre à la tête de l'État bourgeois pour gérer le système capitaliste à la place des capitalistes. Mais il nous faut créer nos propres organes de pouvoir, notre propre État, un État des masses populaires, des travailleurs et des pauvres, qui doit selon nous se baser sur des comités populaires ancrés dans les quartiers, dans les entreprises, dans les villages, auxquels toute la population pourra participer. Ce sont ces comités qui auront à charge de faire tourner l'économie, de mobiliser la jeunesse pour entreprendre les grands travaux nécessaires au développement du pays, qui auront à charge également d'assurer la défense et la justice, via des milices populaires et des tribunaux populaires soumis au contrôle démocratique de ces comités.

Lorsque Hervé Kam parle d'institutions fortes « pour que plus jamais on n’ait des “hommes forts au Burkina” », c'est à ce genre d'institutions que nous pensons. Afin d'assurer qu'aucun « homme fort » ne s'imposera plus jamais au peuple, il faut que tout dirigeant(e), quel que soit sa fonction, soit soumis à l'élection (y compris les chefs de la police, des milices et des tribunaux populaires, et les dirigeants des entreprises et services publics), élection devant être renouvelée régulièrement (au moins tous les un-deux ans), soit révocable à tout moment par les instances l'ayant élu(e), et ne puisse bénéficier d'aucun privilège pour cette responsabilité, afin d'assurer que les élus du peuple visent la responsabilité pour la responsabilité, et non pour le salaire et la voiture qui vont avec. Les élus du peuple devraient donc se contenter d'un salaire modeste, de l'ordre de 100-200 000 francs, afin de conserver leur ancrage populaire. Ces différents comités devraient être reliés entre eux en envoyant des délégués au niveau régional puis national.

D'autre part, nous ne pouvons envisager un développement du pays et un tel pouvoir populaire tant que la base économique dépend du bon vouloir d'institutions et d'investisseurs privés (et bien souvent étrangers), dont il faudrait attendre la “bonté” afin de “créer des emplois”. Le pouvoir populaire devra s'assurer le contrôle total de l'économie et du développement, à l'image de ce que nous avons vu lors de la révolution sankariste. Nationalisation des secteurs-clés de l'économie, des ressources naturelles et des services publics (mines d'or, grands projets d'agriculture, distribution d'eau, d'électricité, d'essence et de gaz, transports, etc.), sous contrôle et gestion par les comités populaires, pour assurer la mobilisation de notre force de travail et développer le pays par nous-mêmes !

C'est ainsi que l'on pourra arriver à une nouvelle société gérée par et pour le peuple, une société que nous appelons « socialiste ». C'est la cause pour laquelle se bat le CIO au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire et dans le reste du monde. Car ce n'est que par un tel développement que l'on pourra garantir un bon salaire, la nourriture, un logement, l'eau, l'électricité et un confort de vie pour tous, en utilisant à fond le plein potentiel des immenses ressources naturelles et humaines du Faso, en toute indépendance, et que les fils et filles du Faso partis se chercher à l'étranger pourront fièrement revenir au pays pour construire.

De tels comités populaires, en tant que nouvelles structures du pouvoir, pourraient émerger à partir des clubs Cibal. Nous voyons d'ailleurs d'un fort bon œil le fait que les responsables régionaux du mouvement portent le nom de « préfet Cibal », « maire Cibal », etc. parce que cela pose bien la question de « Qui a le pouvoir dans la société ? ». Oui, l'objectif doit être de s'atteler dès aujourd'hui à la constitution d'un tel “État parallèle”, pas seulement pour agir en tant que “sentinelle” du pouvoir, mais pour, à terme, remplacer ce pouvoir.

Cependant, il convient de bien préparer cette “transition”, en utilisant les bonnes opportunités, en nouant les bonnes alliances, et en évitant toute une série de dangers.

Les clubs de discussion populaire dans les quartiers – un système à étendre
et à généraliser, en vue d'une prise du pouvoir populaire

Se préparer pour une prise de pouvoir populaire

Le premier danger est évidemment celui de la répression. Aujourd'hui, on annonce le règne de la démocratie au Burkina, la liberté de parole et d'organisation, etc. Mais les capitalistes ne laisseront pas s'installer et se développer un mouvement populaire et révolutionnaire qui menace directement leurs ambitions et qui, de l'aveu des dirigeants mêmes de ce mouvement, aurait déjà pu prendre le pouvoir, mais l'a refusé.

Cela veut dire que les capitalistes vont accorder une attention spéciale au développement des organisations de la société civile au Faso, et tout faire pour intégrer ces mouvements dans le processus de “restauration”. Mais ce qu'ils ne peuvent acheter, ils le détruisent. Et vu que Blaise en cavale est parti se faire héberger auprès d'individus peu recommendables, il est à parier qu'il va continuer à piloter de loin les institutions de la république, et qu'au moindre signe de remise en cause trop directe du nouvel ordre établi ou “refus du dialogue”, la machine de répression se remettra en marche pour réprimer les mouvements sociaux, voire traquer leurs dirigeants. C'est du reste ce que l'on a vu en Tunisie, avec notamment l'assassinat de dirigeants de gauche. Il convient donc d'être extrêmement vigilant à ce niveau.

Le régime va également sans doute utiliser le rêve de “stabilité” d'une partie de la population pour critiquer l'opposition radicale qui souhaiterait aller plus loin qu'un simple changement de faciès à la tête du pouvoir. C'est pourquoi il convient d'expliquer patiemment à ces gens pourquoi nous ne faisons pas confiance et ne pouvons pas faire confiance à ce gouvernement de transition ni au gouvernement qui sortira des urnes l'an prochain : le problème n'est pas un individu, mais le système qui maintient le Faso dans la pauvreté et le sous-développement.

D'un autre côté, le Balai n'est pas seul dans la lutte. Il a cependant l'avantage d'être le plus médiatisé et celui dont le mode d'organisation parait le plus “englobant”. Aussi, ce mouvement parait le plus déterminé : il ne faut pas oublier que la fondation du Balai citoyen tire son origine du constat de l'échec des grandes manifestations nationales de juillet 2013 contre le régime, et notamment du constat qu'il fallait une nouvelle organisation après la déception vis-à-vis des dirigeants non seulement des partis d'opposition, mais aussi des plateformes larges telles que la CCVC (Coalition contre la vie chère), qui ont alors clairement démontré qu'ils n'étaient pas prêts à mener la lutte “jusqu'au bout”.

Mais de nombreuses autres organisations de la société civile existent au Burkina : coopératives de femmes, associations de jeunes, syndicats, etc. sans oublier la CAR et autres. Les syndicats ouvriers et de la fonction publique, les associations de femmes, de paysans, de commerçants et de transporteurs ont de plus un rôle particulier à jouer dans la mesure où ils ont le pouvoir de bloquer l'économie du pays, de part leur position.

Il faut également payer une attention particulière aux soldats et les encourager à se constituer en comités à la base pour qu'en temps voulu, la grève puisse s'étendre à l'armée et les soldats puissent mettre en avant leurs propres leaders, élire leurs propres officiers, pour que lors de sa prochaine phase, le mouvement n'ait plus à dépendre de la bienveillance de l'état-major, comme ça a été le cas le mois passé.

Une discussion doit s'opérer entre tous ces mouvements pour discuter de l'alternative à construire pour un Faso libre et prospère – qui doit selon nous être une alternative socialiste, selon les lignes développées ci-dessus –, tout en organisant la lutte contre les plans antisociaux du gouvernement de transition et de ses amis patrons.

Il faut favoriser le débat le plus large entre toutes les composantes de la société civile, en structurant ce débat, mais aussi en assurant une liberté de parole totale en son sein. Pour cela, on pourrait envisager le lancement par exemple de nouveaux journaux et radio populaires, en plus de débats à la télévision nationale tant que le nouveau pouvoir le permet.

Ce débat doit être destiné à clarifier les objectifs du mouvement sur le long terme et les tâches à accomplir pour y parvenir, tout en discutant aussi du modèle de société que nous voulons pour le Faso.

Enfin, une étape importante dans la structuration de ce débat et dans la diffusion large des idées de pouvoir populaire pourrait être la création d'un nouveau parti politique, un parti des travailleurs et des masses populaires du Burkina. Ce parti devrait unifier l'ensemble des mouvements de la société civile et donc avoir une structure ouverte dans laquelle toutes les différentes tendances pourraient s'insérer et débattre démocratiquement de la voie à suivre vers la prise du pouvoir et de quel modèle de société nous voulons.

Le rôle de ce parti ne serait pas de participer au gouvernement bourgeois, mais de servir de relais politique des luttes sociales, de coordinateur et de “catalyseur” des luttes, qui pourrait aussi permettre à la population radicalisée d'avoir quelqu'un pour qui voter au parlement – sans avoir pour autant la moindre illusion dans le fait que le système puisse être changé à partir du parlement, mais dans le but de permettre que la protestation et le désir d'une alternative populaire puissent s'exprimer dans les urnes, et donc de renforcer le mouvement.

Il faut unir toutes les composantes de la société civile en une plateforme
de lutte commune, qui pourrait prendre la forme d'un parti du peuple,
démocratique et ouvert à toutes les tendances

Internationalisme : exporter le mouvement à l'étranger

Un autre enjeu est à prendre en compte, c'est le fait que le Burkina seul n'a aucun poids économique sur la scène internationale, alors qu'il détient un grand rôle géopolitique et militaire.

Sa plus grande richesse est sa main d'œuvre courageuse et laborieuse, qu'il exporte constamment à l'étranger, faute d'une alternative. Cela signifie donc que l'impérialisme n'hésitera pas une seconde à incendier tout le pays s'il le faut à partir du moment où la contestation y atteindrait un seuil révolutionnaire, d'autant plus qu'il n'aurait rien à perdre ce faisant – au contraire, de son point de vue, plus la population burkinabée est pauvre, plus elle sera encline à aller bosser pour un salaire de misère dans les plantations du Sud. C'est pourquoi il est nécessaire que la révolution burkinabée s'exporte à l'étranger.

Malheureusement, cela ne sera pas facile, vu que les travailleurs burkinabés sont généralement mal considérés dans les pays avoisinants, et notamment en Côte d'Ivoire. Du point de vue de la plupart des Ivoiriens, la chute de Blaise n'a pas suscité plus de sympathie envers les Burkinabés, tout au plus, cela les a fait ricaner de voir leur ennemi ainsi puni, « une revanche pour Gbagbo », point. Mais on ne trouve pas grand' monde en Côte d'Ivoire pour dire « C'est ça ! Il faut faire comme les Burkinabés ! ». La crise burkinabée est comprise en Côte d'Ivoire comme un problème purement burkinabé, fruit de l'état d'arriération du pays.

De même, la révolution burkinabée a suscité peu de sympathie à l'étranger, contrairement aux révolutions tunisienne et égyptienne qui ont en leur temps bénéficié d'un large soutien des médias et encouragé le développement des mouvements Occupy aux États-Unis et des Indignés à travers toute l'Europe. C'est en partie à cause du faible nombre de journalistes présents au Burkina (même ceux présents en Côte d'Ivoire ne quittent d'ailleurs que rarement les salons climatisés pour se renseigner sur ce qui se passe dans la rue), mais il y a aussi une bonne dose de racisme et de préjugés sur l'Afrique, savamment entretenus par les médias internationaux.

Dans les reportages sur France 24 et autres médias par exemple, on n'a quasi pas montré les véritables dirigeants du mouvement. Toute l'attention s'est focalisée sur quelques politiciens et sur les militaires. Lorsque les manifestants ont été montrés à la télé, il ne s'agissait que d'une foule noire indistincte, ou de quelques jeunes (exclusivement de sexe masculin) échaudés en train de hurler des propos incompréhensibles – l'image parfaite du “nègre typique”, sauvage, incontrôlé, indiscipliné et irraisonné.

Personne en France n'a commenté les tactiques et l'organisation qui ont été mises en place pour faire tomber Blaise ; pour la plupart des gens, la chute du régime n'a constitué qu'un “fait divers” en Afrique comme il en arrive tous les jours, entre les viols au Congo et Ebola au Liberia. Et c'est bien dommage, car la seule force dans le monde qui est capable d'empêcher une intervention française au Burkina, est le peuple français lui-même, et notamment les travailleurs français qui souffrent énormément de la politique d'austérité appliquée contre eux par leur classe dirigeante.

C'est pourquoi le mouvement burkinabé doit tout faire pour s'exporter à l'étranger – en Afrique de l'Ouest et en Occident. Ce qui ne veut pas dire voyager en Europe pour aller y croiser quelques ONG du type Amnesty International, Oxfam et autres “amis de l'Afrique” qui sont toujours là pour signer des motions de soutien et envoyer des dons à ces “pauvres Africains” mais qui ferment leurs yeux sur les réalités de la lutte de classes – mais plutôt s'adresser directement aux partis, aux syndicats et aux organisations militantes qui sont aujourd'hui à la tête de la lutte contre les gouvernements de leurs propres pays.

De même, il faut arrêter de compter sur l'avis éclairé de chefs d'État africains, actuels ou passés. Tous ces chefs d'État qui sont aux commandes en ce moment ne sont là que pour représenter l'impérialisme dans leurs propres pays ; leur sort et leur carrière dépend entièrement de leurs bonnes relations avec l'impérialisme, on l'a vu avec les prises de position de l'Union africaine ces dernières semaines mais aussi avec l'extradition de Blaise par la France. Il faut donc aussi arrêter d'aller demander l'avis de personnalités telles qu'Abdou Diouf comme l'a fait Didier Awadi dans son film « Le point de vue du lion » – où se trouvait M. Diouf lorsque Sankara a été assassiné ? Une des erreurs de Sankara a été d'espérer susciter le soutien ou la sympathie de tous ces individus peu recommandables. Or, en cas de deuxième vague de la révolution burkinabée, il ne faudra compter que sur un soulèvement populaire dans toute l'Afrique de l'Ouest et sur la solidarité des travailleurs européens, et rien d'autre.

Il faut tout faire pour nouer des liens forts avec les mouvements de contestation au Sénégal, au Ghana, au Niger, au Bénin, au Togo… En Côte d'Ivoire en particulier, qui est la plaque tournante de toute l'économie de l'Afrique de l'Ouest francophone, les “envoyés” du Balai pourraient apporter leur expérience inestimable aux mouvements de lutte qui y existent. Il faut encourager les Burkinabés exilés à rejoindre les structures dans les pays où ils se trouvent et à s'impliquer dans la vie politique en Côte d'Ivoire et ailleurs – car plus que jamais aujourd'hui, le sort du Burkina Faso et de ses voisins sont liés, le triomphe de la révolution au Burkina passe par la révolution en Côte d'Ivoire et dans toute l'Afrique de l'Ouest.

Tous unis dans la lutte !

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