lundi 22 juillet 2013

Théorie : l'impérialisme




Qu’est-ce que l’impérialisme ? et comment le combattre ?

 
On parle beaucoup d’impérialisme dans la vie de tous les jours et en particulier dans les discours pseudo-révolutionnaires du FPI. Cependant, force est de constater que l’action des “refondateurs” ivoiriens n’a en rien mené le pays vers une indépendance économique : après 10 ans de pouvoir LMP, 500 entreprises françaises contrôlent toujours 40 % de l’économie de la Côte d’Ivoire (et en particulier des secteurs-clés et stratégiques de l’économie comme la Sodeci, les télécoms, le port d’Abidjan, etc.).  À cet égard, il est clair que la soi-disant “lutte contre l’impérialisme” prônée par le gouvernement Gbagbo est un échec fracassant et devrait suffire à le condamner aux yeux de tous les Ivoiriens qui se sont laissé embarquer dans l’aventure LMP.

Si aujourd’hui l’impérialisme est de nouveau à la fête avec son digne champion Alassane au pouvoir, accompagné par son gouvernement de nullités politiques, il convient pour les révolutionnaires et les patriotes de bien comprendre ce que signifie ce mot “impérialisme”. En effet, il est difficile de combattre un ennemi si celui-ci n’a pas été identifié.

Dans cet article, Jules Konan (CIO Côte d’Ivoire) résume et réactualise l’analyse de l’impérialisme donnée par Lénine dans son ouvrage “L’impérialisme, stade suprême du capitalisme”, publié en 1916, un an avant la révolution qui fera sortir la Russie de l’emprise de l’impérialisme pendant 75 ans et qui la mènera vers un développement économique et social d’une rapidité jamais vue dans l’histoire de l’humanité.


La concentration de la production et les monopoles

De part l’évolution naturelle du capitalisme telle que décrite par Marx et Engels dans leur “Manifeste du Parti communiste” en 1848, – par le jeu naturel de la libre concurrence, des investissements dans les secteurs productifs, la loi du marché, les faillites et les rachats, la propriété capitaliste se retrouve de plus en plus “concentrée”. C’est-à-dire que la vie économique devient de plus en plus soumise à un nombre de plus en plus petit d’entreprises qui deviennent de plus en plus grosses et qui contrôlent des secteurs de plus en plus importants de l’économie. Au début de l’histoire du capitalisme, à l’époque de Marx, lorsque ce système jouait un rôle progressiste, une multitude de petites entreprises et de petits patrons travaillaient chacun de leur côté pour un marché libre facile d’accès et ouvert à tous.

À l’époque de Lénine pourtant, on voyait que les secteurs les plus importants de l’économie étaient dominés par une poignée de grandes entreprises géantes, qui contrôlent le marché et écrasent par leur ampleur, par une concurrence abominable et par toutes sortes de procédés déloyaux ou du moins, par des procédés plus politiques qu’économiques, toute nouvelle entreprise qui voudrait investir sur leur propre terrain. La situation n’a guère changé depuis. La plupart de ces entreprises géantes citées par Lénine en 1916 existent encore aujourd’hui et occupent toujours la même place prépondérante dans l’économie mondiale : la Deutsche Bank, la Société générale, les compagnies  Siemens et General Electric.

De nos jours, une récente étude (réalisée par des chercheurs suisses en 2011) a déterminé qu’à peine 147 entreprises contrôlent 40 % de la richesse mondiale ; que 80 % de la richesse est contrôlée par à peine 737 entreprises, ce qui ne représente même pas 1 % du nombre d’entreprises mondiales, qui plus est, extrêmement connectées entre elles (par les prêts, par les relations, etc.).

La plupart de ces grandes entreprises sont des multinationales présentes sur tous les continents, qui chapeautent (via des contrats commerciaux, d’investissement ou des holdings), de plus petites entreprises leur appartenant indirectement (sous-traitants, filiales, etc.). Ces entreprises tendent à ce que l’on appelle l’“intégration verticale” (contrôle direct de l’ensemble de la filière : par exemple, Nestlé qui investit dans les plantations de café, dans le transport, dans le traitement industriel et en même temps dans la distribution), l’“intégration horizontale” (rachat de concurrents, proposition d’une grande gamme de produits proches afin d’éviter l’entrée de nouveaux concurrents sur le marché – comme Solibra qui produit la quasi-totalité des boissons présentes en Côte d’Ivoire, de la bière aux sucreries ; ou encore création de fausses marques concurrentes, comme c’est le cas chez Unilever qui crée toute une série de produits identiques mais sous un emballage différent, une marque différente, ou dans l’industrie automobile où l’entreprise Volkswagen détient également les marques Škoda, Seat, Audi, Lamborghini, Porsche, Suzuki, Scania, Bentley…), mais aussi à une diversification qui occupe toute une série de marchés complètement différents (Bouygues qui est présent aussi bien dans la construction que dans les médias ou l’électricité, l’eau potable, ou les plantations de palmier et d’hévéa ; Louis-Dreyfus qui s’occupe aussi bien d’agro-alimentaire que -d’énergie, d’immobilier et… d’un club de foot).  

Les petites entreprises sont donc soit inféodées à ces grands groupes, soit éliminées. Ces entreprises, qu’il convient d’appeler “trusts” ou “corporations” (selon l’emploi anglais), échappent à la concurrence, hormis celle de leurs pairs. Bien malin le petit cordonnier qui peut rivaliser avec Nike ou Adidas ! Aujourd’hui, le succès économique ne va plus au patron qui s’est sacrifié, a beaucoup travaillé, ou a mis en application un nouveau procédé ingénieux. Il va au meilleur stratège, au meilleur manœuvrier, au meilleur diplomate.

Dans un certain sens, ces grandes entreprises ont amené un immense progrès technique en engageant des armées de chercheurs, en recrutant les meilleurs ingénieurs, les meilleurs scientifiques, à qui elles offrent des salaires et des conditions que ne peuvent se permettre des entreprises plus petites. Mais en même temps qu’elles mènent une politique “recherche & développement” extrêmement agressive, elles sont également en mesure de bloquer toute avancée qui va à l’encontre de leurs intérêts en rachetant les brevets qui risquent de mettre leur production en danger, en effectuant du sabotage industriel et en ne finançant que les chercheurs qui vont dans leur sens. Voilà pourquoi nous utilisons encore des voitures à essence aujourd’hui alors que toutes sortes d’alternatives existent. Voilà pourquoi nous n’avons pas de vaccin contre toute une série de maladies : il est mieux pour GSK de créer une dépendance perpétuelle à des médicaments qui atténuent les symptômes plutôt qu’éradiquer la maladie une bonne fois pour toutes !

Bref, des secteurs entiers de l’économie sont contrôlés par ces grands groupes. D’autant qu’ils peuvent facilement passer des accords entre eux pour se partager le marché et les investissements, et fixer des prix qui échappent à la loi du marché, en même temps qu’ils se livrent une guerre économique sans pitié partout dans le monde. L’économie est donc de plus en plus intégrée et structurée par ces trusts. Les trusts ne sont plus l’exception au milieu d’un secteur concurrentiel, ils sont devenus la base même de l’économie capitaliste. La “libre concurrence”, le “libre marché”, tout cela, c’est du vent, ça n’existe plus et – on le voit – depuis belle lurette, puisque cet état de fait avait déjà été dénoncé il y a près de cent ans !

Mais contrairement à ce qui était avancé par certains défenseurs du capital, cette structure et cette concentration du capitalisme, loin de nous éviter les crises économiques de surproduction inhérentes à ce système économique anarchique, ne fait que rendre les crises plus puissantes et plus dévastatrices, n’a rendu le système que plus instable que jamais dans le passé. C’est ce qui s’est vérifié avec l’éclatement de la crise actuelle en 2009.

Le schéma des 737 entreprises qui contrôlent le monde
(celles en rouge sont les 147 les plus connectées)

Les banques et leur nouveau rôle

Le rôle de la banque au début du capitalisme était d’être un lieu de concentration de capitaux qui pourrait servir de “levier” aux investisseurs afin qu’ils puissent se lancer dans une nouvelle entreprise. Elles fonctionnaient comme toute autre entreprise de services, en “louant de l’argent” à ceux qui en avaient besoin.

Aujourd’hui cependant, les mêmes lois qui ont mené à la concentration des capitaux au niveau de la production, ont également mené à la concentration des capitaux dans le secteur bancaire, c’est-à-dire, la formation de gigantesques trusts financiers qui contrôlent une immense part de la finance mondiale. Aujourd’hui, une entreprise n’a plus le droit de se fâcher avec son banquier ! Dans certains cas, une seule banque contrôle l’ensemble de l’argent de tout un pays ! Par le jeu des participations financières, des prêts et des obligations, quelques entreprises centrales tirent les ficelles d’une infinité d’autres boites, jusqu’aux plus petites PME et petits épargnants.

De nos jours, selon cette même recherche, 49 des 50 “entreprises les plus connectées” du monde sont des sociétés financières (banques, holdings, compagnies d’assurances…). On y trouve toute une série de noms bien connus et qui ont souvent fait la une des journaux : Barclays, Goldman-Sachs, Morgan Stanley, Deutsche Bank, BNP Paribas, AXA, Chinese Petrochemical, Mitsubishi, Société générale, ING…

Premier pas concret vers la définition de l’impérialisme, on remarque que sur ces 50 entreprises “suprêmement connectées” et qui ensemble contrôlent une part non négligeable de l’économie mondiale, 24 sont américaines, 8 sont britanniques, 5 sont françaises, 4 sont japonaises, 2 suisses, 2 allemandes, 2 néerlandaises, 1 canadienne, 1 italienne et 1 chinoise. Cependant, il revient d’adopter une certaine nuance : le célèbre groupe américain Rockefeller, par exemple, appartient aujourd’hui au holding financier de Mitsubishi (Japon). C’est-à-dire que la “nationalité” de ces entreprises souvent ne dépend pas de celle de ses dirigeants, c’est plutôt une affaire d’où est basé leur QG mondial. De plus, rappelons que toutes ces entreprises sont connectées entre elles et s’appartiennent mutuellement. On voit donc se dessiner un profil extrêmement multinational, même si… on voit bien tout de même bien que certains pays sont très représentés dans ce “club”, alors que l’immense majorité des autres (y compris le géant chinois) semble ne pas compter.

Les liens entre entreprises et banques se nouent à tous les niveaux. La banque, ayant prêté de l’argent à une entreprise, veut s’assurer que cet argent sera bien utilisé et lui rapportera. Elle s’invite donc au conseil d’administration, place ses propres hommes auprès de la direction de l’entreprise. La banque connait par cœur la comptabilité des entreprises à qui elle a prêté : rien n’a de secret pour elle. De la même manière que des banquiers siègent au CA d’entreprises industrielles ou commerciales, de nombreux ex-patrons de telles entreprises se retrouvent engagés en tant que consultants ou cadres des grandes banques. Les grandes banques en effet, prêtant de l’argent à tous les secteurs, se subdivisent en différents départements techniques chargés d’étudier les marchés, finances, perspectives, l’évolution des entreprises emprunteuses, etc. de différents secteurs. Par exemple, une même banque peut avoir un département chimique, un département énergie, un département automobile, un département agronomique, etc.

Tout comme banquiers et industriels s’invitent les uns chez les autres, les banques jouent souvent le rôle de conseillers auprès de politiciens et chefs d’État, et de même, aiment beaucoup engager des anciens ministres, députés ou fonctionnaires en tant que directeurs, cadres ou consultants à des postes grassement payés, où leurs “relations” et “services” seront richement récompensés. Ainsi, des gens comme Bill Clinton ou Nicolas Sarkozy se font maintenant une retraite dorée en donnant des conférences, payés des centaines de milliers d’euro de l’heure !

Bref, la banque prend de plus en plus un caractère “universel”, pas seulement en tant que prêteur d’argent, mais en tant que “patron des patrons”, qui finance des groupes de recherche, a des participations dans toutes les industries, chaines commerciales, mines, plantations… et gouvernements ! Le monde se retrouve donc aujourd’hui complètement soumis au capital financier, fusion du capital industriel et du capital bancaire.

Le nouveau rôle des banques…

L’oligarchie financière

Ainsi se constitue une oligarchie, une aristocratie financière. Il importe de bien comprendre que ce phénomène n’est pas le résultat d’un complot ni d’une conspiration ni d’aucune “force obscure et satanique”. La constitution de cette oligarchie financière est la logique, la conséquence directe de l’évolution du système capitaliste, qui tend naturellement vers une concentration de plus en plus grande de la propriété et des capitaux entre de moins et moins de mains.

Le système de filiales emboitées les unes dans les autres déresponsabilise complètement l’investisseur. En cas de faillite, il n’a perdu qu’une petite somme d’argent (de son point de vue), et tant pis pour les milliers de travailleurs qui perdent ainsi leur emploi ou voient leur environnement, leurs ressources se dégrader. Si on veut lui intenter un procès ou le forcer à payer des indemnités, hop ! il disparait et se cache derrière une autre société-écran. L’évasion fiscale est organisée non seulement par le caractère indéchiffrable et incroyablement complexe de la comptabilité (vu la complexité des entreprises et de leurs réseaux), mais aussi par le transfert d’argent en toute légalité à des filiales présentes dans des “paradis fiscaux” (souvent de petites iles bourrées de banques et d’hôtels pour super-riches, comme les iles Caïman dans les Caraïbes, ou Jersey dans la Manche).

L’aristocratie financière tire en outre un revenu énorme de sa situation de monopole, ce que Lénine qualifie de “surprofit”, c’est-à-dire que c’est un profit qui semble défier les lois de l’économie telles qu’établies par Marx, car ces entreprises échappent en grande partie à la loi de la concurrence et du marché – elles tirent donc un profit supplémentaire de leur situation.

L’oligarchie financière s’adonne avec joie à la spéculation, en s’accaparant par exemple bien à l’avance l’ensemble des terrains autour des villes en expansion, qu’elle achète à bas prix pour revendre au plus cher, une fois que la pression de la population revendiquant l’accès à ces terrains en aura fait monter les prix à des hauteurs inimaginables (comme c’est le cas en Chine en ce moment). On voit ainsi le capital financier fusionner avec le capital foncier. La spéculation peut bien entendu tout simplement viser aussi les denrées de première nécessité telles que le riz, etc. : il “suffit” d’acheter l’ensemble de la production mondiale à bas prix et d’attendre que les gens meurent de faim pour venir le vendre à un prix exagérément élevé.

Mais le prix élevé peut tout simplement venir du fait que, possédant quasiment la totalité des produits consommés dans un pays, le trust peut vendre au prix qu’il désire sans que n’arrive un concurrent capable de vendre moins cher (et quand bien même cela se produirait comme avec la bière Number One en Côte d’Ivoire, on voit que cette bière, malgré son moindre cout, n’est pas encore produite en nombre suffisant pour rivaliser avec la “Drogba”).

Les crises en plus, loin d’être fatales pour ces groupes, sont pour eux une aubaine qui leur permet de facilement racheter à bas prix toute une série de petites entreprises ruinées, de faire fermer des concurrents (tout simplement en s’arrangeant pour que leur refuser un nouveau crédit au moment où ces entreprises en ont le plus besoin), ou de nouer de nouvelles alliances (comme celle entre Renault et Nissan par exemple, conclue lors de la crise du secteur automobile en 2008). C’est dire que ces entreprises, plus riches et plus puissantes que des pays entiers, mais ne répondant qu’à la seule loi du profit, jouent un rôle prépondérant dans l’économie mondiale qui est aujourd’hui loin d’être progressiste.

De plus en plus, la propriété du capital est séparée de la mise en œuvre effective de ces capitaux. Dans les grandes entreprises, la gestion n’est pas réalisée par le patron, le propriétaire, mais par une armée d’employés administratifs, comptables, économistes, ingénieurs, gérants, directeurs. Où est le patron ? Bien souvent, on ne l’a jamais vu. Le patron est quelque part dans une immense villa au milieu des montagnes en Amérique ou sur la plage en Europe, et se contente de téléphoner de temps à autre à son conseiller pour savoir comment vont les affaires. Avec la domination du capital financier, cette séparation atteint d’immenses proportions.

En même temps, l’élite financière prête aux États du monde entier, et choie particulièrement certains États qui leur servent de refuge. Puisqu’ils hébergent des institutions qui contrôlent la moitié de l’économie mondiale, ces États deviennent eux aussi en quelque sorte des “États banquiers” au service de leur oligarchie financière. C’est particulièrement le cas aujourd’hui du Royaume-Uni, mais aussi des États-Unis et de la France. Et cela a une implication certaine lorsqu’il s’agit de parler de la fameuse “dette du tiers-monde”, due à ces États ou aux institutions financières qui s’abritent derrière ces États (en tant que machines de répression, force armée, etc.) pour faire valoir leurs intérêts.

L'oligarchie financière : tous ces dirigeants européens ont travaillé ou travaillent pour Goldman Sachs

L’exportation des capitaux

À l’époque monopoliste actuelle, l’exportation de capitaux plutôt que de marchandises a pris une place prépondérante.

Bien sûr, la “mondialisation” ne date pas d’hier : la constitution d’un marché mondial, d’une “histoire mondiale” date pour ainsi dire de la découverte de la navigation océanique et de son application à grande échelle par les Européens aux alentours du 16ème siècle, et qui a connu son apogée avec l’âge d’or des marchands et de la navigation au 18ème siècle. Dès cette époque, toutes les nations du monde se retrouvent dans la danse : les uns sont colonisés, les autres fournissent des esclaves, les autres produisent et vendent à tour de bras. C’est cela qui a favorisé l’apparition d’un système capitaliste mondial.

Mais au 20ème siècle, les profits, les capitaux engendrés par les monopoles et les trusts sont si énormes, que les propriétaires de ces capitaux ne savent tout simplement pas quoi faire de cet argent ! Bien sûr, ils pourraient s’en servir pour développer leur propre pays, investir dans l’industrie et les infrastructures, redistribuer cette richesse pour créer des écoles, des routes, des hôpitaux. Mais étant imbriqués dans ce système, ils se voient contraints de placer leurs capitaux dans des secteurs directement profitables, et aussi profitables que possibles s’il-vous-plait ! Sous peine de perdre leurs actionnaires, ou de se retrouver mis à l’écart du système, ce qui les pousserait à la ruine certaine (vu le niveau d’interconnexion entre tous ces capitaux).

C’est ainsi que le capitalisme, débordant de son cadre national, se voit contraint d’inonder le marché mondial. Exporter des capitaux, cela veut dire investir ses capitaux dans d’autres pays. Ce sont les fameux “investissements étrangers” dont Ouattara a apparemment tellement besoin pour développer le pays et après lesquels il se voit forcé de voyager aux quatre coins du monde aux frais du contribuable.

La cible de premier choix pour les investissements à l’étranger sont bien évidemment – je vous laisse deviner – les pays sous-développés. Pourquoi ? Parce qu’on y trouve des terres en pagaille (surtout en Afrique, après que 400 ans de traite des esclaves à échelle industrielle aient complètement dépeuplé et déstructuré le continent), parce qu’on y trouve des travailleurs à bas salaire, parce qu’on y trouve énormément de matières premières inexploitées, et parce que la rémunération du capital est très élevée : les dirigeants de ces pays sont effectivement prêts à accepter n’importe quelle condition pour obtenir un emprunt ; les équipements et machines y sont en très grande demande.

Les capitaux sont donc soit investis directement (“investissements étrangers directs” – lorsqu’un capitaliste étranger crée lui-même une entreprise dans le pays en question), soit prêtés (constituant rapidement la fameuse “dette du tiers-monde”).

Les différents contrats sont de plus souvent accompagnés de “cadeaux” mutuels : en échange d’un chantier, on “facilite” les études en France du fils du président ; en échange d’une aide au développement, il faut obligatoirement acheter des machines provenant du pays donateur (les Américains sont particulièrement friands de ce genre de contrat : les coopérants sur leur projet n’ont pas le droit d’acheter des motos Honda ni Renault !). D’autres contrats ou accords donnent une exclusivité d’accès aux gisements à tel pays donateur, des facilités d’investissements… C’est ainsi qu’aujourd’hui un débat a lieu en Belgique pour savoir qui mènera les missions économiques belges à la place du prince Philippe maintenant devenu roi. Les capitalistes en effet ne vont pas seuls prospecter à l’étranger, mais se font précéder du chef de l’État, dont la présence leur ouvrira bien des portes.
 
Pays du monde où General Motors, premier constructeur
automobile mondial, possède des usines

Le partage du monde entre les groupements capitalistes

Certains trusts, une fois arrivés à l’échelle internationale, trouvent différents terrains d’entente avec les autres qu’ils rencontrent lors de leurs voyages d’affaires. Toutes sortes d’accords peuvent avoir lieu entre eux. Comme le disait le chanteur « Si tu me laisses l’uranium, moi je te laisse l’aluminium ; si tu me laisses les gisements, moi je t’aide à chasser les talibans ».

Lénine raconte en 1916 le partage du monde entre General Electric et Siemens, chacun laissant à l’autre le monopole dans sa propre “sous-région”. Puis il décrit le même type d’accords issus d’une véritable guerre commerciale et financière mondiale dans le secteur pétrolier de son époque (aujourd’hui, les entreprises ne sont plus les mêmes, mais il est évident que Total n’investit pas tout à fait dans les même pays qu’Exxon ou Shell, etc.). Il décrit au passage l’exemple oh ! tellement actuel des Pays-Bas où “Aucun investissement ne sera fait dans l’énergie hydraulique tant que le pétrole reste relativement bon marché”. Mais déjà à ce moment-là, le gouvernement déclarait qu’au cas où cela était nécessaire, la construction des projets de production d’énergie hydraulique seront remis “à un monopole privé contrôlé par l’État, l’industrie ayant déjà conclu une série de marchés et s’étant réservé d’importants privilèges”. Voilà comment les capitalistes hypothéquaient déjà la santé de la planète, dès 1916 !

Et que dire de la façon dont la fin du gouvernement Tandja a été précipitée au Niger, au moment où ce même président remettait en question le monopole du groupe Areva sur l’uranium de son pays (qui, rappelons-le, fournit à lui seul un tiers de l’électricité française !) et désirait laisser certains gisements à des entreprises chinoises.

Ici aussi, chaque groupe de capitalistes monopolistes, d’aristocrates financiers nationaux, cherche à obtenir l’exclusivité d’un pays pour se prémunir de la concurrence des groupements d’autres pays, et ainsi conserver leur monopole et leurs superprofits. C’est cette logique même qui a poussé les capitalistes, via leurs États, à se constituer des empires coloniaux.

Au nom des armes, du pétrole et des médicaments


Le partage du monde entre les grandes puissances

Empire – impérialisme – le mot est donc lâché.

Entre 1876 et 1914, tous les territoires non-occupés le sont. La politique expansionniste de colonisation est directement liée à l’apparition des monopoles. Avant cela, cette politique n’était pas si intéressante, et les “colonies” se limitaient souvent à des comptoirs commerciaux – comme Sassandra ou comme les villes de Hong Kong (Chine, fondée par les Britanniques), de Pondichéri (Inde, appartenant à la France), etc.  Il n’était alors pas nécessaire de prendre militairement le contrôle d’un territoire, tant que l’on ne voulait que paisiblement commercer.

Mais c’est la politique économique des monopoles qui a poussé leurs États à chercher à obtenir des monopoles étatiques complets dans les pays sous-développés, en Afrique et en Asie (les pays d’Amérique latine, soumis à une colonisation d’un tout autre genre, car féodale, étaient devenus indépendants au début du 19ème siècle). Une fois qu’un pays a commencé à se tailler un empire colonial, il était nécessaire pour les autres pays de se dépêcher pour obtenir le leur.

En plus, la politique coloniale est une excellente soupape pour “libérer de la vapeur” et envoyer les mécontents vivre aux colonies. C’est ainsi que toute une série de délinquants, de criminels et de chômeurs, sont recrutés dans les rangs des missionnaires, de l'armée et de l’administration coloniale. Non pas que la population européenne était “trop nombreuse” (le fameux argument “démographique”), mais simplement que, comme nous l’avons dit plus haut, les trusts n’étaient pas intéressés à  redistribuer leur richesse pour contribuer au développement du pays. Et donc, faisant d’une pierre deux coups, ils évitaient la contestation sociale en faisant sortir du pays les possibles rebelles. C’est-à-dire que la politique coloniale, en plus d’être un outil d’oppression des peuples africains et asiatiques, en était un aussi des travailleurs européens, que l’on décourageait de se révolter et de tenter d’améliorer la situation dans leur propre pays en les envoyant jouer aux patrons en Afrique et en Asie.

Tous les pays évidemment ne sont pas des colonies “pures”. Un grand nombre sont des “semi-colonies”, qui sont toujours dotés d’un gouvernement “indigène” mais qui se retrouvent économiquement soumis au capital financier étranger. C’est le cas à l’époque de Lénine de la Chine, de la Perse (actuel Iran), et de ces mêmes républiques d’Amérique latine nouvellement indépendantes mais déjà soumises à ce que nous appelons aujourd’hui le “néocolonialisme”.

En 1914, le partage du monde est terminé. C’est à ce moment-là que certains États retardataires, comme l’Allemagne, pays à l’époque extrêmement puissant sur le plan européen (l’Allemagne englobait alors aussi une bonne partie de la Pologne actuelle et touchait la Russie), et l’Autriche (qui était alors un des plus grands pays d’Europe avec l’Autriche, la Tchéquie, la Yougoslavie, avec des morceaux de l’Ukraine, etc.) mais quasiment dépourvus de colonies (à peine les Togo, Cameroun, Tanzanie, Namibie, Burundi et Rwanda pour l’Allemagne), dû au fait que ces pays avaient accompli trop tard leur révolution bourgeoise (ou, dans le cas de l’Autriche, ne l’avaient pas accomplie du tout), se sont alors vus contraints, sous la pression de leur propre oligarchie financière qui croulait sous les capitaux excédentaires, de déclencher la Première Guerre mondiale, qui était dans son essence une guerre inter-impérialistes pour le repartage du monde. Au même moment, l’impérialisme japonais, un autre nouveau venu sur la scène mondiale, s’attaquait à l’Empire russe et à la Chine.

Aujourd’hui, la situation est devenue plus compliquée. Le système de relation de pays dominé à pays dominant s’est complexifié. L’Europe et le Japon notamment se sont retrouvés après la Seconde Guerre mondiale dans une situation de grande dépendance vis-à-vis des États-Unis qui les avaient “aidés” à se reconstruire pendant la guerre (exportations de capitaux américains) et qui les protégeait de la “menace soviétique”, tout en ayant eux-mêmes de nombreux intérêts à l’étranger dans leurs colonies et ex-colonies. Aujourd’hui, toute une série de révolutions nationales et d’indépendances au cours du 20ème siècle ont fait apparaitre de nouveaux pays, dont certains, forts d’une bourgeoisie nationale relativement puissante et indépendante, jouent un rôle de puissance régionale – comme le Brésil, l’Iran, la Turquie, Israël, l’Inde, la Chine, la Russie, l’Afrique du Sud et l’Australie – alors qu’en même temps, la plupart de ces pays sont eux-mêmes soumis à d’autres dominations étrangères ou dépendent en tous cas d’alliances avec d’autres puissances.

D’autres, bien qu’indépendants sur papier, restent complètement soumis aux capitaux étrangers en raison du retard de leur développement, et en tous cas du retard de développement de leur bourgeoisie nationale, créée de toutes pièces par le capitalisme étranger et le colon afin de servir de “gérante” des capitaux étrangers qui lui sont confiés dans son propre pays.

1914 : un monde dominé par de grands empires


L’impérialisme, stade suprême du capitalisme

Le lecteur attentif aura donc compris que l’impérialisme n’a rien à voir avec la “soif naturelle de domination d’un peuple”, avec l’orgueil culturel ou avec “une certaine politique impérialiste”.

Lénine montre au contraire dans son livre tout le raisonnement suivant avant d’en arriver à sa conclusion. Partant des principes mêmes des bases économiques, nous sommes petit à petit arrivés à une conclusion politique, à un système mondial dominé par une oligarchie financière d’un très petit nombre de pays exportant ses capitaux sur le marché mondial.

L’impérialisme n’est donc pas un choix moral, il n’est d’ailleurs même pas un choix économique ou politique. L’impérialisme n’est rien d’autre que le capitalisme lui-même, arrivé à son stade de maturation ultime. Les capitalistes, entrainés par la logique, l’évolution naturelle de leur propre système, n’ont pas le choix que de suivre la ligne impérialiste. Les contradictions, les pressions, sont trop fortes pour eux.

Rappelons donc brièvement ce qu’est l’impérialisme : l’impérialisme est un stade particulier d’évolution de la société capitaliste caractérisé par : 
  1. une concentration de la production et du capital telle qu’elle mène la constitution de monopoles contrôlant des pans entiers de l’économie, ce qui les amène à jouer un rôle décisif ;
  2. la fusion, de ce fait, du capital bancaire avec le capital industriel, donnant naissance à une oligarchie, une aristocratie financière ;
  3. l’exportation de capitaux en tant que seule issue pour la survie de cette oligarchie financière en tant que classe ;
  4. l’union de groupes internationaux sur le plan mondial et leur partage du monde ;   
  5. la transcription des nécessités économiques et politiques des trusts sur le plan politique, avec une politique de partage du monde et d’occupation des pays sous-développés (directe ou indirecte) dirigée par ces mêmes États devenus, par la force des choses, impérialistes. 
Lénine allait aussi plus loin en expliquant que les surprofits dégagés de l'exploitation coloniale permettaient à la bourgeoisie d'en distribuer quelques miettes aux travailleurs de la métropole, et en particulier aux chefs des travailleurs. Pour lui donc, la corruption des chefs syndicaux et des dirigeants des partis socialistes, et l'“embourgeoisement” d'une grande partie du prolétariat européen, étaient une conséquence directe de l'impérialisme.



Conclusions pratiques

Ainsi, l’analyse léniniste, qui est celle du CIO, refuse toute analyse dans les lignes de : « L’impérialisme est la politique favorite du capital financier »– mais si on parle de politique “favorite”, cela signifie qu’il peut y en avoir une autre ? Cela signifierait alors qu’il “suffirait” de se faire élire au parlement d’un pays pour changer cette politique ? –– Non ! l’impérialisme n’est pas un choix politique mais une nécessité du capitalisme arrivé à ce stade de développement. Pour se débarrasser de l’impérialisme, il faut se débarrasser du capitalisme ! Celui qui chercherait à s’attaquer à l’impérialisme sans s’en prendre aux fondements mêmes du capitalisme se retrouverait rapidement plongé dans un pétrin pas possible, où il se verrait confronté à la riposte de l’impérialisme mais sans avoir les moyens de résister – voilà le sort qui a été réservé au FPI.

Existe-t-il un “impérialisme français” contre lequel on peut se battre spécifiquement ? –– Non ! nous avons vu que l’ensemble des grandes entreprises mondiales sont extrêmement interconnectées les unes aux autres. Un patron blanc rencontré la semaine passée m’expliquait que Bouygues en réalité n’appartient pas à M. Bouygues, mais à un holding britannique. Bouygues lui-même n’est qu’un maillon, qu’un pion (même s’il n’est lui-même pas petit) dans la chaine du capitalisme monopoliste financier. En chassant Bouygues pour donner ses contrats à une entreprise chinoise par exemple, on ne s’attaque pas plus à “la France” qu’à l’impérialisme. Tout d’abord, on ne rend pas un pays indépendant en l’attachant à la remorque d’un autre envahisseur. Ensuite, il est fort à parier que les boites chinoises qui désirent s’installer ici sont elles aussi financées (et contrôlées) par les mêmes trusts britanniques que ceux qui se cachent derrière Bouygues. Il ne s’agit en fait que de deux têtes du même monstre, 1+1 = 1, tout comme Ouattara = Bédié.

Est-ce qu’on lutte contre l’impérialisme en pourchassant et harcelant les blancs qui se trouvent dans le pays ? –– Non, trois fois non ! Tout comme les nazis ne sont jamais parvenus à se débarrasser du “capital financier” en exécutant tous les juifs de leur pays ! S’il est vrai que beaucoup de blancs se trouvant en Côte d’Ivoire occupent des postes de patrons ou cadres d’entreprise, et que la plupart d’entre eux se caractérisent par un rare cynisme et un racisme indécrottable (« J’ai rien contre les Noirs hein, mais bon… ils sont pas comme nous ! »), ce ne sont pas ces individus qui sont responsables de la crise économique et politique que connait le pays – et leur départ ou leur mort n’y changera absolument rien ! La bourgeoisie nationale, les grands propriétaires fonciers ivoiriens sont tout aussi coupables (et racistes !! « Tu sais, chez nous en Afrrrrique, les gens ne sont pas éduqués et rrrrresponsables comme chez vous ! ») que leurs maitres blancs. La plupart des grandes décisions concernant le destin du pays se prennent d’ailleurs en Europe (Marcoussis…). Mais ce qui est responsable en dernier recours est le système – pas les personnes, mais les relations entre les personnes, la place que ces personnes occupent dans la chaine du capitalisme, la nature de leurs interactions les uns avec les autres. On peut tuer le président de la république française, un autre président tout pareil arrivera demain à sa place. Si tous les cadres blancs et si les capitaux détenus par des blancs devaient quitter le pays (ce qui n’arrivera pas par des intimidations) sans qu’une solution de remplacement, sans qu’une alternative, ne soit trouvée, cela ne fera que mener le pays à une ruine économique encore plus prononcée (chômage, dégradation de l’infrastructure…) et sans doute à une nouvelle guerre civile.

L'impérialisme n'étant pas non plus un “état d'esprit”, on ne lutte pas non plus contre l'impérialisme et pour le développement du pays par la seule “éducation”, comme c'est tellement à la mode d'en parler chez beaucoup d'intellectuels africains (y compris malheureusement Tiken Jah qui est devenu un bel exemple de petit-bourgeois). S'il est vrai que l'éducation permet d'accélérer la prise de conscience et favorise la formation de cadres révolutionnaires, elle n'est pas une fin en soi. Ce n'est pas parce que les gens seront éduqués que disparaitront comme par magie la nécessité impérialiste d'exporter les capitaux et les armées étrangères. D'ailleurs, on constate que beaucoup des agents les plus conséquents (et les plus corrompus) de l'impérialisme sont des gens eux-mêmes très éduqués.
 
Malheureusement, il en faudra plus pour impressionner l'impérialisme

Que faire alors ?

Comme nous l’avons déjà expliqué dans nos articles sur l’héritage de Gbagbo, sur la révolution permanente et sur la situation des planteurs de cacao en Côte d’Ivoire, le salut national ne peut venir que d’une rupture totale avec l’impérialisme et par conséquent, avec le capitalisme. C’est une telle rupture qui avait été envisagée par le grand Thomas Sankara au Burkina. Le Burkina avait refusé de continuer à payer la dette de son pays à l’étranger, avait décidé d’arrêter la production de coton pour planter des vivriers à la place, avait mis en place une politique de développement autonome basée sur la base nationale de l’économie et sur l’énergie créatrice des masses (construction du chemin de fer, popularisation de l’habit traditionnel fait par des artisans nationaux à partir de coton local). En même temps, les responsables de la soumission du pays à l’impérialisme étaient jugés par des cours populaires. Sankara était malheureusement arrivé au pouvoir par le “raccourci” d’un coup d’État sans prendre le temps de construire patiemment une organisation de cadres révolutionnaires fermement ancrée dans le peuple et capable de le remplacer après son décès. Il n’a sans doute pas été assez loin non plus dans la politique de nationalisation et de confiscation des capitaux étrangers. C’est ce qui l’a perdu, mais il avait entre-temps eu le temps de montrer au monde entier ce dont l’Afrique, ce dont le peuple africain est capable pour peu qu’on lui donne la motivation pour ce faire.

Malheureusement, en Côte d’Ivoire, le pouvoir petit-bourgeois du FPI s’est retrouvé tout de suite confronté à un mur de la part de l’impérialisme, à la rébellion et aux tentatives de coup d’État. Gbagbo a alors tout fait pour se concilier l’impérialisme en accumulant les bonnes notes auprès du FMI dirigé par son ami Strauss-Kahn (le choix des alliés politiques n’a jamais été non plus le fort du FPI), en vain. 

C’est alors qu’en bon petit-bourgeois, il s’est résolu à invoquer la seule force capable d’apporter le changement à la société : la classe des travailleurs, via les organes de pouvoir populaire tels que les agoras. Mais évidemment, sa propre nature de classe l’empêchait de réellement donner le pouvoir au peuple. La puissance des travailleurs s'est donc retrouvée cadenassée et cantonnée au rôle auxiliaire de “base” sur laquelle asseoir son pouvoir. Gbagbo n’a cependant jamais nationalisé quoi que ce soit, n’a jamais cherché à confisquer les capitaux et les propriétés des étrangers en Côte d’Ivoire. Son pouvoir était donc dénué d’une force de frappe économique et restait lié économiquement au bon vouloir de l’impérialisme.

L’absence de la moindre mesure révolutionnaire, en plus de l’ambigüité de sa position sur la question nationale, l’a de plus empêché de rallier à lui les populations du Nord qui auraient pourtant pu être d’une grande aide pour chasser la rébellion – si seulement ces populations avaient vu une différence nette entre son régime et celui des com’zones !

Aujourd’hui, la population ivoirienne est complètement désabusée et n’a plus la moindre foi en l’homme – c’est ce qu’a exprimé le résultat désastreux des élections municipales d’avril. Elle se réfugie donc dans la prière et la religion, ayant perdu tout autre espoir, par la faute justement de ceux qui avaient suscité cet espoir. Il est urgent de tirer les leçons de l’analyse réalisée il y a près de cent ans déjà par Lénine, et de travailler d’arrache-pied à la construction d’une organisation révolutionnaire socialiste qui unira l’ensemble des travailleurs et des jeunes non seulement ivoiriens mais aussi de toute l’Afrique de l’Ouest contre l’impérialisme, contre le capitalisme, et pour une réelle libération économique de nos pays. 

Contre l'impérialisme et ses agents, aidez-nous
à construire le CIO !

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