dimanche 16 juin 2013

Nigeria : victoire dans le syndicat des enseignants à Lagos

Notre camarade Dagga Tolar élu en tant que nouveau président du syndicat

 

 

Une victoire qui est un gage de reconnaissance de son combat pour les intérêts des enseignants et des autres couches des travailleurs.

 

Notre camarade Dagga Tolar a été élu ce 16 mai 2013 président de la section Ajeromi-Ifelodun du Syndicat nigérian des enseignants (Nigeria Union of Teachers, NUT). Cette victoire a été décrite par bon nombre d'enseignants de l'arrondissement d'Ajeromi-Ifelodun (Ajégunlé), un quartier pauvre de l'état de Lagos réputé pour son taux de criminalité, comme étant annonciatrice d'un changement positif dans le syndicat des enseignants. Nous pouvons célébrer cette élection en tant que premier succès dans la lutte menée par les enseignants pour se débarrassser des vendus et des carriéristes au sein de leur syndicat.

Rapport par Moshood Osunfunrewa, section du DSM à Ajegunle

Deux camps s'affrontaient lors de cette élection de 2013 pour la section Ajeromi-Ifelodun du NUT : le Forum des enseignants unis (UTF, United Teachers Forum) et le Rassemblement des enseignants dynamiques (DTC, Dynamic Teachers Congress). Le DTC est composé principalement de bureaucrates et carriéristes qui étaient à la tête du syndicat depuis des années mais qui ont maintenant perdu le soutien de leur base dans le primaire comme dans le secondaire. Tout ce qu'ils ont jamais fait a été d'employer des tactiques de division et d'abuser des privilèges découlant de leur position pour se créer leur petit réseau clientéliste visant uniquement à se maintenir à leur poste. Il y a quatre ans, ils ont obtenu de la part du gouvernement que certains enseignants désireux de remettre en question leur pouvoir, y compris Dagga Tolar, soient transférés vers d'autres arrondissements de l'état afin qu'ils ne puissent pas se présenter aux élections syndicales. Une lutte des enseignants a obtenu l'annulation du transfert de ces enseignants, mais seulement après que les élections syndicales aient été organisées.

L'UTF quant à lui est essentiellement constitué d'enseignants qui ont diverses critiques sur la manière dont le syndicat est géré, ou qui sont poussés par d'autres motivations, telles que, hélas dans certains cas, leur propre désir personnel de prendre la tête du syndicat pour pouvoir y manger à leur tour. Cela explique pourquoi il est souvent relativement facile pour le DTC de remporter la victoire sur certains membres proéminents de l'UTF qui sont somme toute tout aussi carriéristes qu'eux. Dagga Tolar, bien que faisant lui-même partie de l'UTF, est par contre perçu par la majorité des enseignants comme quelqu'un qui va réellement défendre et protéger les intérêts des enseignants, pas comme les bureaucrates et carriéristes syndicaux.

Dagga et un autre de nos camarades du DSM, Victor Osakwe, ont tous deux participé à la plate-forme de l'UTF, mais se sont aussi adressé aux enseignants de manière indépendante via le Forum des enseignants socialistes (STF, Socialist Teachers Forum). Près de 2000 tracts avec le programme du STF ont été distribués aux enseignants, en plus du matériel de campagne de l'UTF.

Le STF et l'UTF ont tous deux soulevé la question de la défense d'un enseignement public et de son financement, puisque cela se trouve au cœur du travail des enseignants, et la nécessité de non seulement s'opposer à la commercialisation et à la privatisation de l'enseignement, mais aussi de mener campagne pour un financement adéquat et pour une gestion démocratique, en plus de la rénovation de l'infrastructure et du rééquipement des salles de classe et des laboratoires.

Ils ont aussi soulevé la question de la démocratie dans le syndicat, comme par exemple le fait que les délégués devraient être élus par les enseignants dans leur école, au lieu d'être désignés par les directeurs et fondateurs en fonction des intérêts des bureaucrates syndicaux. Ils ont également fait beaucoup de bruit au sujet de la question des finances du syndicat, de la paie des pensions des enseignants à la retraite, et des allocations sociales et autres primes pour les enseignants. Tous ces points ont été soulevés durant la campagne et ont été applaudis par les enseignants lors de chaque passage des candidats, dirigés par Dagga, d'école en école.

Une école à Ajegunle

 

Militarisation du bureau de vote


La fausse propagande du DTC disait que les candidats de l'UTF, et en particulier nos camarades Dagga et Victor, étaient financés par le Parti démocratique du peuple (le parti au pouvoir du président Goodluck Jonathan) afin de déstabiliser le gouvernement régional de l'ACN (un autre parti bourgeois). Aucun des enseignants n'a gobé ces mensonges, eux qui connaissent nos camarades depuis des années en tant que défenseurs de leur classe, qui ne pourraient jamais être achetés par l'un ou l'autre parti capitaliste anti-travailleur et anti-pauvre tel que le PDP ou l'ACN. Ils n'ont même pas pu en convaincre le gouvernement, à qui ils avaient pourtat à nouveau demandé, sur base de ces mensonges, d'intervenir pour empêcher les principaux candidats de l'UTF de participer aux élections, comme cela avait été le cas il y a quatre ans.

Les dirigeants du DTC se sont alors tournés vers la police et vers la sécurité d'État, accusant les candidats UTF de violence et d'avoir un plan pour brouiller les élections. De ce fait, les forces de sécurité de l'État sont arrivées armées jusqu'aux dents afin d'intimider et de brutaliser les enseignants. Elles n'étaient pas seulement à l'entrée, mais se baladaient partout avec des armes, y compris dans les locaux, et ont même tenté de faire sortir ou d'arrêter des membres de la section Ajegunle du Democratic Socialist Movement qui se tenaient près d'une table pour y vendre notre journal Socialist Democracy et autres publications socialistes. Mais la tentative d'arrestation a été combattue par les enseignants présents qui ont bien insisté sur le fait que les membres du DSM n'étaient pas là pour gêner les enseignants.

Dagga en train de donner cours

 

L'élection


L'élection n'a été qu'une victoire partielle pour l'UTF. De tous ces candidats, seul Dagga a été élu. Les autres ont perdu, mais tout en obtenant des voix qui révélaient un soutien très important parmi les enseignants. Mais ce sont les membres du DTF qui ont été absolument choqués par la victoire de Dagga. Ils avaient déjà commencé à se préparer pour leur petite cérémonie qui allait, pensaient-ils, à nouveau célébrer leur victoire pour l'ensemble des douze sièges, et n'attendaient plus que l'annonce du résultat du vote concernant la présidence du syndicat. Ils sont repartis du bureau de vote en baissant la tête. Mais la majorité des enseignants a hurlé de joie en apprenant que Dagga avait battu l'ancien président du syndicat.

Le résultat de l'élection est en elle-même une victoire obtenue par le courage de Dagga, qui a au cours de longues années de lutte gagné le respect de ses collègues en tant que combattant des intérêts de sa classe. Bien que le résultat final ait sans doute été influencé par les nombreuses manipulations et propagande dégradante à l'encontre des candidats de l'UTF, toutes leurs insultes envers Dagga (qu'ils accusaient d'être un athée à rastas qui par conséquent ne pourrait jamais représenter les enseignants de manière décente), n'ont pas eu la moindre incidence lorsqu'il s'est agi de voter le président du syndicat.

 
Les bureaucrates syndicaux ont cherché à dénigrer Dagga
sur base de ses croyances et de son apparence.
Sans succès.

 

Victoire de Dagga Tolar (UTF)


La victoire de notre camarade Dagga Tolar en tant que président de la section Ajif du NUT est une démonstration de la force de notre travail au cours de la dernière période et qui plus est, une confirmation de l'exactitude du marxisme en tant que guide vers la cohérence dans la lutte de classe.

Le fait d'avoir battu le président sortant avec 170 voix contre 164, malgré toutes les campagnes de dénigrement et l'achat massif des votes des enseignants sur base de ressources volées au syndicat, prouve que le changement est possible, et que les travailleurs ne peuvent être trompés continuellement, à partir du moment où il existe une direction qui soit cohérente avec elle-même et qu'ils identifient comme étant capable de mener la lutte. 

C'est une autre confirmation de l'analyse de Trotsky, le dirigeant socialiste qui se trouvait à la tête de la révolution des travailleurs russes de 1917 aux côtés de Lénine, qui disait que la capacité apparemment miraculeuse du capitalisme et de son système corrompu à toujours retomber sur ses pieds est due non pas au manque de volonté de lutte de la part des masses, ni du fait qu'elles peuvent facilement tomber sous l'influence de l'élite dirigeante ou se sentir impuissantes face à l'ampleur de l'appareil de répression étatique déployé devant eux, mais découle en réalité de l'absence d'une direction révolutionnaire et d'une organisation armée d'un programme approprié qui défende la classe des travailleurs pour le changement et pour la transformation de la société.

 

Dagga lors de la grande grève de janvier 2012

 

Tâches immédiates


À présent, les camarades du DSM à Ajegunle vont se repositionner afin de permettre une intervention et un soutien efficaces à nos camarades enseignants qui vont certainement devoir opérer dans un climat hostile, vu la composition du reste de la direction du syndicat. Il devient impératif d'organiser des activités bien ficelées afin de nous bâtir un soutien de la part de la base des enseignants. Il est également important en tant que tâche immédiate de construire le Forum des enseignants socialistes parmi les enseignants non seulement à Ajegunle, mais dans tout l'état de Lagos.

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