mardi 11 juin 2013

Afrique du Sud : lutte pour les logements sociaux à Johannesbourg

Le Workers and Socialist Party condamne les attaques xénophobes à Orange Farm 




En réaction à un article publié le 27 mai sur le site M & G, le Workers and Socialist Party (WASP) souhaite rétablir certains faits et notamment notre opposition stricte et inflexible à toute forme de xénophobie. Bien que cet article représente correctement notre opinion concernant la xénophobie, l'article semble faire un lien entre les manifestations pour le logement à Thula Mntwana, soutenues par le WASP – au cours desquelles aucun incident de ce type n'a été à signaler – et les attaques xénophobes qui se sont produites dans d'autres quartiers de la commune de Orange Farm et dans la commune voisine de Sebokeng ; M & G donne donc l'impression que le WASP était impliqué dans ces incidents, qui ont pourtant été entachés par leur caractère xénophobe. Cette affaire est pour nous extrêmement grave ; il nous a donc semblé vital d'utiliser ici notre droit de réponse afin de clarifier les faits et notre rôle dans les luttes qui se déroulent en ce moment dans le sud de Johannesbourg. 

Article par Liv Shange, dirigeante du Democratic Socialist Movement, section sud-africaine du CIO
Les habitants du quartier de Thula Mntwana organisent une résistance non-violente et disciplinée contre la menace des déguerpissements de masse. Ni au cours de la manifestation de vendredi, ni à aucun moment au cours de cette lutte, le moindre incident à caractère xénophobe n'a été signalé. Les quartiers où des pillages de boutiques détenues par des étrangers se seraient produits sont loin du quartier de Thula Mntwana. Ni les habitants de Thula Mntwana, ni le Workers and Socialist Party n'ont quoi que ce soit à voir avec ces incidents. Nous nous distançons de toutes les attaques xénophobes, qui nous condamnons dans les termes les plus forts.

Le WASP est pour l'unité de la classe ouvrière en action contre la xénophobie

La lutte contre la xénophobie, le racisme et toutes les formes de divisions au sein de la classe ouvrière est une des tâches les plus importantes du WASP. Nous combattons ces fléaux de manière active au sein de la classe ouvrière, via l'éducation politique et dans l'action lors de chaque manifestation de quartier à laquelle nous participons. Les manifestations à Thula Mntwana font partie d'une campagne plus large lancée par le WASP et visant à créer un mouvement national pour les services publics. La plate-forme de ce mouvement rend obligatoire pour toutes les associations qui désirent le rejoindre non seulement de refuser la xénophobie, mais aussi de la combattre.

Notre approche à Thula Mntwana n'est pas différente. Nous avons toujours insisté sur le fait que les habitants refusent toute action à caractère xénophobe ou qui pourrait être qualifiée par quiconque de xénophobe, de près ou de loin. La lutte du WASP contre la xénophobie est particulièrement importante vu que les sentiments xénophobes sont fréquents parmi les habitants désespérés de quartiers extrêmement pauvres. La dénonciation de la xénophobie par le gouvernement est hypocrite, puisque c'est justement la politique menée par le gouvernement qui engendre la xénophobie – vu le manque de logements, d'emplois et de services publiques pour les pauvres, le gouvernement ANC crée des conditions qui sont un terreau fertile pour la croissance de la xénophobie dans de nombreux quartiers pauvres.

Contre les accusations d'étrangers qui seraient devenus propriétaires de logements sociaux, le WASP répond que, bien que cela démontre clairement la corruption des cadres de l'administration qui n'ont pu allouer ces maisons à des étrangers qu'en dépit de la législation elle-même xénophobe de leur gouvernement grâce à la corruption et aux pots-de-vin, les étrangers sont en fait des victimes de la corruption du gouvernement et doivent eux aussi être défendus contre les déguerpissements, de la même manière que les citoyens sud-africains.

Le WASP se bat pour une politique large du logement, qui donne le droit également aux étrangers pauvres à un logement gratuit, afin de s'assurer qu'ils ne soient pas laissés à la merci de cadres administratifs corrompus et sans scrupules. La solidarité de classe, l'unité et l'internationalisme sont les piliers fondamentaux de la lutte contre le capitalisme et pour une transformation socialiste de la société ; il s'ensuit que ces principes ne sont pas négociables pour le WASP.
Les habitants de Orange Farm attendent leurs logements sociaux
depuis 18 ans


Les faits concernant la lutte pour le logement à Thula Mntwana

Les habitants du quartier de Thula Mntwana se battent contre le manque de logements et contre la corruption du gouvernement dans le cadre de l'allocation des quelques logements qui ont été construits. Cela fait depuis 1966 que les habitants se voient promettre des maisons depuis leur déguerpissement de Moffatt Park qui les a forcé à se réinstaller ici à Thula Mntwana. Depuis lors, le quartier a vu toutes les promesses être brisées les unes après les autres par les différents gouvernements ANC qui se sont succédé depuis, qui ont anéanti leurs rêves d'une vie meilleure.

Lorsque finalement, 1030 logements ont été construits et terminés en mars 2013, il est devenu clair que le nombre de logements n'était pas suffisant et que les cadres de l'administration étaient en train de les vendre. Après que plusieurs tentatives aient été faites d'appeler le gouvernement à allouer les logements de manière honnête et transparente se soient avérées en vain, les habitants ont pris la décision d'occuper les logements. De ce fait, les habitants marquaient clairement leur refus d'approuver la corruption et la vente aux enchères des logements sociaux. Les habitants ne bougeront de là que lorsqu'une liste d'attribution des logements aura été soumise au public et à la supervision du comité de quartier pour l'attribution effective des logements aux personnes mentionnées.

Le gouvernement a apparemment obtenu une injonction d'un tribunal lui permettant d'expulser les habitants des logements occupés. Les habitants ont décidé de s'opposer à cette menace d'expulsion. Avec le Workers and Socialist Party, le quartier de Thula Mntwana se mobilise pour une action de masse continue. Il appelle à la solidarité de tous les habitants du quartier, qu'ils soient sud-africains ou étrangers, des quartiers voisins et de toutes les forces progressistes du pays afin d'intervenir en défense de cette lutte.

Cela est de plus en plus urgent et nécessaire parce que, à en juger par les menaces du conseiller communal ANC, responsable au logement, M. Dan Bovu, selon qui « La loi fera son travail », il est clair que le gouvernement est en train de réfléchir à l'usage de la force pour faire disparaitre cette lutte. Cela ferait suite au bain de sang que nous avons vu à Soweto le mois dernier, où la police a réprimé de manière particulièrement brutale la lutte des habitants du quartier de Elias Motsoaledi, faisant un mort, sans mentionner évidemment les massacres de Ficksburg et de Marikana qui sont des illustrations claires de l'intensification de la répression étatique.

Le Democratic Socialist Movement et le WASP sont actuellement impliqués dans cette lutte, en tant que partie prenante d'une mobilisation plus large des comités de quartier et de résidents impliqués dans des luttes pour les services publics, le logement et l'emploi dans le sud de Johannesbourg et ailleurs dans le pays. Cette mobilisation en soi n'est qu'une étape vers la construction d'un mouvement national pour les services publics, avec lequel le WASP vise à unir tous les habitants des quartiers pauvres et ouvriers. En plus de Thula Mntwana, cette campagne implique également plusieurs communautés de la province de Gauteng (province de Johannesbourg), telles que Freedom Park, Elias Motsoaledi, Kliptown et Khutsong.

Le WASP a pris cette initiative afin de mettre un terme à la tragédie par laquelle les habitants des quartiers ouvriers partout dans le pays sont contraints à faire d'énormes sacrifices dans des luttes désespérées pour le logement, l'eau, l'électrictié, l'emploi, etc. sans parvenir à s'unir. C'est ce déplorable manque d'unité dans les quartiers et entre les différents quartiers qui est selon nous un facteur important dans les défaites qu'ont connu ces luttes de quartier.

Ces luttes héroïques exigent des comités de quartiers qu'ils combattent toutes les tendances de division et de sectarisme telles que le tribalisme, le régionalisme, le chauvinisme et plus que tout, la xénophobie. Ces tendances nous divisent et sapent la solidarité de classe et l'unité dans l'action, qui est pourtant la plus importante condition pour la victoire de toute lutte de classe ouvrière.

Le WASP soutient la lutte pour le logement, l'électrictié, l'eau, l'emploi et l'enseignement pour tous, pour la fin des privilèges des politiciens (qui devraient des élus du peuple travailleur avec un salaire de travailleur), pour la nationalisation des mines, des banques, des grandes plantations et des usines sous le contrôle démocratique des travailleurs et des habitants, afin de garantir que la richesse de ce pays puissent être mise au profit de tous ceux qui y habitent, quelle que soit leur origine.


Contre la répression dans les quartiers, il nous faut l'unité !

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